REPORTAGE. Danse-thérapie avec des chevaux : "ça m'a permis de retrouver mon corps, malgré des souffrances"

Dans un centre équestre à 40 minutes au nord de Paris, une association propose à des femmes victimes de violences, des ateliers de danse-thérapie avec des chevaux.

Au cœur du manège équestre, sous l'œil des chevaux, Maïté et Sonia, face à face, se tendent des bâtons et improvisent une chorégraphie. Une danse-thérapie, explique Indira Chowdhury.

"Les bâtons, ce sont des objets transitionnels. Ça leur permet de ressentir le poids de leur partenaire, de leur faire prendre conscience de leurs déséquilibres, qu'elles n'ont pas les pieds ancrés dans le sol. C'est vraiment un travail pour réunifier le corps et l'esprit, se rendre présent à l'autre. Ensuite, cette prise de conscience va permettre d'inviter le cheval à la relation et au mouvement".

Étudiante en Master 2 à Paris-Diderot Psychologie et Corps, Indira Chowdhury a créé l’association Orphéos en janvier 2023. Pour proposer aux femmes victimes de violences physiques et sexuelles, un parcours qui va au-delà des thérapies conventionnelles, grâce à la danse qui prépare ensuite à la relation au cheval."En psychothérapie, parler ne suffit pas. Revenir dans son corps, ne pas le fuir, c'est essentiel", argumente Indira Chowdhury. 

Sonia, participante, détaille les troubles durables qui peuvent être provoqués par un événement traumatique. "Quand on subit une agression physique, on se dissocie totalement de notre corps. C'est comme si on en sortait. Ça fait comme un black-out. Ensuite, quand la mémoire traumatique de cette agression revient, il y a comme une sorte de souffrance physique continue, alors on essaye à nouveau de se dissocier pour ne plus souffrir. Pendant cette thérapie, on a l'obligation de rentrer dans notre corps", ajoute-t-elle.

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"Les chevaux captent toutes nos émotions"

Lors de premier contact avec les chevaux, Sonia était, dit-elle, "morte de trouille" mais "je ne sais pas trop l'expliquer, mais c'est comme si avec l'animal, on se calme, on se stabilise pour que ça se passe bien (...) La rencontre avec l'animal permet de dépasser cette souffrance", analyse-t-elle.

Cet après-midi, Maïté, Sonia et Isabelle (prénom d'emprunt) invitent à l'aide d'une longe, les chevaux à les suivre tout autour du manège équestre. Un exercice parfois difficile qui leur demande de s'affirmer face au cheval. "Être à côté du cheval, je n'y arrivais pas. Ça a été vraiment très long pour que j'arrive à respirer, mais après ça a été un truc très sensuel et tendre. J'ai l'impression que ça a ouvert des vannes chez moi. Ce que je ne m'autorise plus dans ma vie courante", analyse Maïté.

"En fait, le cheval nous demande d'être présents dans notre corps. Si on n'est pas présent, on est potentiellement source de stress pour le cheval. Il nous demande vraiment d'être là et pas seulement dans la tête. On doit être là dans notre corps, dans notre cœur dans notre capacité à écouter", explique Marie Ebling, professionnelle de l'accompagnement facilité par les chevaux qui encadre cet atelier.

"Les chevaux captent toutes nos émotions.(...) Ils sont vraiment un miroir de tous les mécanismes de défense qu'ont enregistré ces femmes. Cette relation au cheval invite ces femmes à se positionner en tant que sujet et non pas objet", précise Indira Chowdhury. 

Ça m'a permis de retrouver mon corps, malgré des souffrances.

Isabelle ( prénom d'emprunt)

L'initiatrice de cette thérapie espère que cette journée permettra déjà un "déclenchement, une prise de conscience" chez ces femmes.

La toute jeune association Orphéos logée actuellement dans les locaux de la Maison des femmes au nord de Paris projette de développer son activité, de proposer une dizaine de séances à suivre sur une année, pour donner la possibilité à ces femmes parfois précarisées, d'engranger des "bénéfices sur le temps long". 

Pour l'association, l'objectif est également de leur permettre de se réintégrer dans la société, de se connecter au "marché de l’emploi dont les violences les ont souvent exclues".



 

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