À Saint-Maur-des-Fossés, l’atelier Baudoin au chevet des vitraux de Notre-Dame

Depuis 1992, cet atelier situé dans le Val-de-Marne œuvre à la conservation et la restauration des vitraux, particulièrement en Île-de-France. Il travaille sans relâche depuis le mois de juin afin de redonner aux vitraux de Notre-Dame leur splendeur.

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L'incendie de la cathédrale Notre-Dame, en avril 2019, a recouvert les vitraux d'une épaisse couche de suie. Un atelier dans le Val-de-Marne s'attache à les faire renaître de leurs cendres : l'atelier Baudoin.

Depuis le printemps 2022, ils sont huit ateliers et groupements de maîtres-verriers et serruriers d’art à avoir été retenus. L’atelier Baudoin s’est vu confier la restauration de quatre verrières – ensembles de panneaux de vitraux placés dans une baie – situées du côté sud de la cathédrale, à la croisée du transept et du chœur. Chaque verrière peut potentiellement comporter plusieurs dizaines de panneaux.

Des vitraux jamais restaurés

"Les vitraux sur lesquels on travaille ont été réalisés au XIXe siècle. Ils ont été très peu restaurés, voire pas du tout pour certains", précise Isabelle Baudoin conservatrice et restauratrice de vitraux. Elle est aussi co-gérante de l'atelier qui porte son nom avec Julie Monique, jeune diplômée qui a rejoint l'entreprise.

Aucun vitrail de Notre-Dame n’a été détruit ou abimé lors de l’incendie qui l’a ravagé le 15 avril 2019. Les vitraux ont toutefois été exposés à la fumée, à la chaleur et ont été encrassés. Certains d’entre eux étaient par ailleurs déjà empoussiérés. "Il y a quelques casses de feu qui sont liées à la montée de la température, mais on n’a pas de pulvérisation", précise Isabelle Baudoin.

"Les vitraux des 39 baies hautes de la nef, du chœur et du transept ainsi que les vitraux de la sacristie, déposés en raison des contraintes du chantier, sont nettoyés et restaurés en atelier avant d’être reposés. Les vitraux des chapelles et des tribunes sont nettoyés sur place", indiquait fin juin dernier l’établissement public chargé de la conservation et de la restauration de Notre-Dame dans un communiqué - qui est aussi maître d'ouvrage du chantier.

Nettoyer le plomb

Une restauration de vitrail est un travail obéissant à une méthodologie très particulière. Il y a d’abord un travail préliminaire de prises de photos et d’un constat d’état quand les vitraux arrivent. "On établit des tirages photos et on apporte des informations sur les faces internes et externes de chaque vitrail pour localiser toutes les altérations visibles", explique Isabelle Baudoin. "Ce bilan est nécessaire avant de démarrer la restauration", ajoute-t-elle, expliquant qu’"en fonction du résultat, des orientations de traitement sont prises".

La deuxième étape consiste en un travail de décontamination des vitraux. "Il y a eu beaucoup de particules de plomb qui ont été disséminées en surface des vitraux", rappelle Mme Baudoin. "Dans une pièce isolée, on procède à l’aspiration de cette couche très toxique. Une fois cela fait, on procède à la phase de nettoyage", ajoute-t-elle.

Au sein de l’atelier, ce nettoyage se fait avec de l’eau déminéralisée, des brosses douces et des éponges. Les traces les plus tenaces peuvent être retirées avec un scalpel. Un support lumineux permet aussi de voir les vitraux en couleur.

Consolidation et préparation de la pose finale

Une fois le nettoyage terminé, vient le temps des opérations de consolidation. Cela concerne les pièces brisées qui peuvent être assemblées avec du cuivre ou par collage. Si elles sont en mille morceaux, elles sont remplacées. "On va choisir les gammes colorées les plus adaptées, couper une pièce de verre à la forme de la lacune, peindre, cuire et réinsérer la pièce dans le puzzle", explique Isabelle Baudoin.

Autre opération de consolidation, celle de la resille de plomb du vitrail afin d’avoir une "tenue mécanique très bonne" une fois que les vitraux seront reposés dans la cathédrale, ajoute la conservatrice.

Dernière étape : la préparation pour la pose finale dans Notre-Dame. Cela passe par la pose de nouvelles attaches "qui vont être soudées sur les panneaux (...) et nouées autour de l’armature in situ", détaille Isabelle Baudoin. Elle précise que des mastics devraient être posés "au moins sur la face externe" afin de donner une étanchéité au panneau. S’en suivra la pose finale sur l’armature métallique dans la cathédrale.

Un objectif "tendu"

Les vitraux "font l’objet de protocoles d’intervention définis par l’établissement public, maître d’ouvrage, et la maîtrise d’œuvre, avec le Laboratoire de recherche des monuments historiques (LRMH)", indique le communiqué de l’Établissement public chargé de la conservation et de la restauration de Notre-Dame. Il précise également que la Direction régionale des Affaires culturelles (DRAC) d’Île-de-France "les a validés au titre du contrôle scientifique et technique".

L’atelier Baudoin doit achever sa mission au printemps 2023, moment à partir duquel ont lieu les reposes progressives des vitraux des baies hautes de la nef, du chœur, du transept, et des vitraux de la sacristie. La cathédrale doit rouvrir l’année d’après, en 2024, au culte et à la visite conformément au calendrier fixé par le gouvernement. En charge de la restauration de l’édifice, le général Jean-Louis Georgelin a toutefois récemment confié que cet objectif était "tendu".

Lors de sa première visite sur le chantier jeudi 28 juillet, la ministre de la Culture Rima Abdul Malak a reconnu que 2024 représentait un "objectif ambitieux", en raison d’un "chantier extrêmement complexe". La ministre a toutefois confirmé l’objectif du gouvernement de rouvrir la cathédrale cette année-là.

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