Droguées à la cocaïne, leurs "copines" enchaînaient à leur profit jusqu'à 300 passes par mois dans des hôtels d'Île-de-France: deux à quatre ans de prison ont été requis vendredi contre cinq hommes par le parquet de Créteil.
C'est après les plaintes en 2012 d'un client menacé et de la grande sœur d'une des trois victimes, alors âgées de 16, 18 et 20 ans, que la police avait interpellé quatre hommes, âgés à l'époque de 19 à 28 ans.
Le cinquième, considéré comme la tête de réseau, est toujours en fuite et fait l'objet d'un mandat d'arrêt.
La bande, qui sévissait dans des hôtels parisiens, du Val-de-Marne et des Hauts-de-Seine, avait mis sur pied une organisation pyramidale.
Réseau professionnel
Poster les annonces sur internet, louer les chambres, approvisionner en nourriture, en préservatifs et en drogues, assurer la sécurité des filles et récupérer l'argent des prestations: "tout était bien huilé, chacun avait son rôle", a souligné la procureure, qui a récusé l'"amateurisme" de ce "proxénétisme entre amis".
Enfermées de midi à 2h, les jeunes filles, toutes absentes de l'audience, multipliaient les rapports sexuels, jusqu'à une dizaine par jour. Les clients payaient 100 euros le quart d'heure, 150 la demi-heure, 200 euros l'heure. L'une des jeunes victimes a déclaré rapporter jusqu'à 48.000 euros par mois. L'argent était récupéré par les proxénètes avant chaque passe.
Jusqu'à 6g de cocaïne par jour
Pour tenir le rythme, les victimes pouvaient consommer jusqu'à six grammes de cocaïne quotidiennement et une dizaine de joints de cannabis.
"J'étais monsieur Uber", a résumé l'un des prévenus, pour expliquer que sa responsabilité se limitait à livrer "la bouffe, les préservatifs et les lubrifiants". Surtout, a-t-il assuré, "je n'ai pas gagné d'argent" sur ce trafic, expliquant qu'il "était perdu" à l'époque.
Une autre petite main du réseau, également chargée des "courses", avait bien "soupçonné" les activités de proxénètes de ses amis, mais a prétendu "ne pas savoir" et n'avoir jamais "croisé" les clients.
Le troisième a refusé les accusations de séquestration et de violences physiques et psychologiques sur l'une des victimes, dont il était le petit ami. "On vivait groupés, en vase clos", a-t-il reconnu, mais "tout le monde pouvait entrer, sortir, il n'y avait aucune pression."
Le dernier, qui fournissait la drogue "pour rendre service" et assurait la sécurité de l'une des jeunes filles, devenue selon lui sa petite amie, a minimisé son implication en expliquant n'avoir "jamais récupéré l'argent des clients". Le jugement est attendu dans la soirée.