Ce vendredi, le maire de l'Haÿ-les-Roses, Vincent Jeanbrun a décidé de protéger sa mairie contre les émeutiers avec des barbelés. Le maire demande aujourd'hui la mise en place de l'état d'urgence pour endiguer le phénomène d'insurrection. Il craint une escalade de la violence dans les prochains jours.
Faire face à la violence des émeutiers. Voilà l'objectif de Vincent Jeanbrun, maire LR de Haÿ-les-Roses dans le Val-de-Marne. L'édile a décidé vendredi de protéger le bâtiment qui abrite la mairie avec des barbelés. Depuis mardi et les premières émeutes après la mort de Nahel, sa ville est touchée par des destructions, notamment dans le centre-ville. Face à cette situation, il demande le recours à l'état d'urgence. Pour les prochains jours, il craint un développement encore plus important des violences. Entretien.
Pourquoi avoir pris la décision de barricader votre mairie à l'aide de barbelés ?
Vincent Jeanbrun : Dès la première nuit, la mairie a été visée par des tirs de mortiers et des cocktails Molotov. Une partie de l'accueil a été dégradée. Des vitres ont été brisées, et plus rien ne les empêchait de rentrer dans le bâtiment. Plus rien à part les sept policiers municipaux présents sur place. Ils ont pu les tenir à distance. À l’issue de cette nuit, nous avons mis à contribution les services techniques de la ville pour trouver des solutions.
Nous nous sommes rendu compte que les barrières devant le bâtiment étaient fixées entre elles et donc faciles à escalader. On a donc installé ces nouveaux barbelés vendredi. Cela a été efficace car cette nuit, ils n'ont pas pu viser le bâtiment. Ils étaient venus avec du matériel important dont des matelas imbibés d'essence. Malheureusement, ils s'en sont pris au marché qui n'est pas fonctionnel ce matin.
Certains responsables politiques demandent le recours à l'état d'urgence pour tenter d'endiguer ces violences. Est-ce votre cas ?
Oui, car l'état d'urgence permettrait de recourir à des moyens supplémentaires en termes de maintien de l'ordre. D'abord d'un point de vue juridique, les gardes à vue et les passages en comparution immédiate seraient simplifiés. Ensuite, cela augmenterait les capacités des forces de l'ordre en termes de munitions.
On en manque et il faut les réquisitionner. Enfin, il autorise le recours au couvre-feu. C'est essentiel pour que les gens puissent être en sécurité chez eux. C'est déjà fait localement par certains maires, mais une annonce nationale aurait un plus grand retentissement et permettrait de relayer l'information au plus grand nombre.
Bien sûr, cela n'aurait pas d'effets sur les émeutiers qui ne respectent déjà pas la loi. Cependant, cela inciterait des personnes à ne pas traîner dans la rue en risquant de se mettre en danger. Le mélange entre les passants et les émeutiers est perturbant pour les policiers et les pompiers qui ont plus de mal à faire leur boulot correctement.
Cette nuit marquait la quatrième nuit d'émeutes. Craignez-vous une amplification du phénomène dans les prochains jours ?
Oui, on peut craindre que le mouvement insurrectionnel se construise davantage. Il y a une forme de professionnalisation chez les émeutiers. Certains utilisent des parapluies pour se protéger des projections des policiers. D'autres se protègent justement avec ces parapluies au moment des tirs de mortiers pour éviter les retours de flammes. Plus leur mouvement deviendra professionnel, plus il sera dangereux car leurs cibles pourront être de plus en plus nombreuses.
Enfin, je crains que le mouvement se décale sur la journée. Les policiers et pompiers ne pourront pas tenir. La plupart sont déjà épuisés. Nous aussi, les élus sommes fatigués. Certains, comme ma collègue de Pontoise Stéphanie Von Euw sont attaqués parce qu'ils font partie des institutions mais ce sont avant tout des attaques sur des humains.