Les logements sociaux du bailleur RLF cristallisent les critiques des locataires, notamment dans le Val-de-Marne. Ils demandent un meilleur entretien et un nouveau calcul des charges locatives.
"Le nettoyage de base des parties communes n'est pas assuré, l'ascenseur est en panne depuis six mois."
Pascal Payeton accuse le coup. Cet employé dans une entreprise de téléphonie habite la résidence Mario Capras depuis 40 ans, une résidence sociale du bailleur Résidences Logement des Fonctionnaires (RLF) à Vitry-sur-Seine.
Depuis 4 ans, celui qui est président de l'amicale des locataires déplore la détérioration des services habituellement assurés par le bailleur. "Nous n'avons plus de gardien depuis un an, donc l'entretien de l'intérieur de l'immeuble laisse à désirer. Des gens laissent les détritus n'importe où et personne ne ramasse", énumère-t-il.
Selon cet habitant, le bailleur social reste sourd aux nombreuses sollicitations des locataires. "On envoie des lettres, des mails et des photos, mais rien n'y fait. Nous n'avons aucune réponse."
Selon lui, cette situation impacte le moral des locataires. "Lorsqu'on rentre du travail et qu'on voit de la saleté dans les parties communes, on ne se sent pas confortable dans notre propre immeuble. Bien sûr, on appelle les locataires à ne pas laisser les déchets partout. Cependant, c'est au bailleur de s'assurer que l'entretien de base est effectué."
Des manquements "dangereux"
La résidence Mario Capras n'est pas la seule du Val-de-Marne à être concernée par des problèmes d'entretien selon les locataires. D'autres immeubles du groupe RLF sont également pointés du doigt par les locataires. "On a de nombreux dégâts des eaux depuis quelques mois", explique Florence qui habite une autre résidence de RLF à Vitry.
Elle note aussi la présence de rats dans l'immeuble. "On paye notre loyer et des charges pour que l'immeuble soit sain et qu'on puisse y vivre sereinement. Ce n'est pas le cas aujourd'hui. Nous souhaitons un rééquilibrage des charges qui correspond aux prestations vraiment assurées par le bailleur", demande-t-elle.
Selon elle, le manque de soin apporté à l'immeuble pourrait avoir des conséquences graves. "Le petit portail qui permet de rentrer dans la résidence ne ferme plus donc n'importe qui peut rentrer. Les dalles qui mènent aux appartements sont déboîtées depuis 5 ans. Il y a des personnes âgées et à mobilité réduite dans notre immeuble. Il pourrait y avoir un accident grave un jour. Nous l'avons signalé depuis plusieurs années, mais n'avons obtenu aucune réponse."
Une résidence RLF de plus de 600 logements à Fleury-Mérogis en Essonne est également pointée du doigt par l'amicale des locataires. Un compte rendu d'une réunion entre les locataires et des responsables de RLF indique que "plusieurs locataires se plaignent de ne pas voir leur dossier de sinistre avancer malgré les relances."
La CNL soutient les locataires
La Confédération nationale du logement soutient le combat des locataires des différentes résidences. "Nous demandons à RLF de s'assurer que la bonne hygiène des parties communes soit respectée et que chacun des locataires puisse habiter dans un endroit sain. Pour cela, il faut que le bailleur assure ses missions d'entretien et ne laisse pas ses locataires à l'abandon", note Alain Gaulon, président de la CNL dans le Val-de-Marne.
La CNL craint que "l'abandon" des logements "par le bailleur" soit "le signe d'une future vente potentielle des logements".
Le bailleur #RLF abandonne ses cités populaires. C'est le cas des cités à Vitry-sur-Seine ou les rats pullulent dans les déchets non retirés. Les prestataires ne viennent pas et le service rendu n'existe pas. Scandaleux...Les locataires exigent le respect.#logement #rats pic.twitter.com/fp9xKQUZqJ
— CNL94 (@CNLvaldemarne) September 17, 2024
Sollicité, le bailleur RLF assure que tout son parc locatif est "couvert" par des missions d'entretien. "Il peut y avoir ponctuellement des situations d'encombrants, mais ce sont des choses que l'on gère."
RLF réfute les arguments des habitants. Selon elle, la résidence Mario Capras "n'est pas à l'abandon depuis quatre ans. Le gardien a quitté son poste et nous sommes en cours de recrutement, mais le ménage est assuré par des prestataires".
Elle affirme maintenir un dialogue constant avec les différentes amicales des locataires, et assure que le rééquilibrage des charges est "un des points sur lesquels il va falloir que l'on se penche".