Marena a trois enfants, des jumeaux de quatre ans et un nourrisson de huit mois. Mère célibataire, elle vit dans les hauteurs de Bonnières-sur-Seine (Yvelines), dans un logement des Résidences Yvelines Essonne. Victime d’un dégât des eaux depuis plus de six mois, son logement est devenu insalubre. Le bras de fer engagé avec son bailleur pourrait enfin trouver une issue positive.
Toute la journée, Marena ouvre les fenêtres par ces températures glaciales pour évacuer l’odeur insoutenable de pourriture qui règne dans son appartement. Elle ferme tout, le temps d’aller récupérer ses jumeaux, âgés de quatre ans, à l’école. Quand, ils reviennent, l’appartement n’est pas complètement réchauffé. L’odeur d’humidité, mêlée à celle du linge humide et des odeurs d’eaux croupies, a déjà envahi l’atmosphère. Ils se blottissent ensuite tous ensemble pour se réchauffer.
Aujourd’hui, mon fils asthmatique et autiste est en danger dans ce logement. Il respire ces saletés tous les jours et son pédiatre trouve ça très dangereux
Marena, locataire d'un logement insalubre
Marena est à bout. Elle passe ses journées, dehors ou trouve refuge chez des amis dans la journée, pour fuir son appartement avec son nourrisson de huit mois.
Tout a commencé en juin 2023, quand elle est victime d’un dégât des eaux survenu dans la salle de bains. Depuis son entrée des lieux, en septembre 2022, elle constate que l’évacuation de sa baignoire ne fonctionne pas correctement. Elle le signale à la gardienne qui lui dit de faire intervenir un plombier. Marena se débrouille et pompe, comme elle peut, l’eau qui stagne à la fin des bains de ses enfants. En juin, l’eau ne veut plus s’évacuer, envahit totalement la salle de bains et déborde dans l’intégralité du logement. "Je n’ai jamais vu ça de ma vie, j’ai entendu un gros bruit et le temps d’arriver dans le couloir, l’eau arrivait partout", raconte Marena. "J’ai pris tout ce que j’avais sous la main pour éponger, les serviettes, les vêtements, les draps, tout, et j’ai mis des heures à tout nettoyer. Un cauchemar", enchaîne-t-elle.
Débute alors un chemin de croix pour Marena. Elle contacte son assurance qui évalue les travaux à plus de 12 000 €. Marena contacte le bailleur, Les Résidences Yvelines Essonne, pour qu’il réalise les travaux importants dans leur T3. Le bailleur refuse tout d’abord d’avoir à supporter cette facture. Petit à petit, le logement se dégrade, jusqu'à devenir dangereux.
Mon tout-petit de huit mois fait du quatre pattes. Je suis morte de peur, dès qu’il s’élance, car à tout moment, il peut glisser entre les planches du parquet détruites.
Marena
Un trou béant dans le couloir met en danger ses enfants. L'état de l'appartement est très dégradé. Le plancher du couloir est totalement détruit. Les lattes sont détachées, laissant apparaître un trou immense. "Mon tout-petit de huit mois fait du quatre pattes. Je suis morte de peur, dès qu’il s’élance, car à tout moment, il peut glisser dedans et se faire très mal. C’est pareil, pour son frère et sa sœur, qui bougent beaucoup à quatre ans. Je ne comprends pas qu’on nous laisse, comme ça", souffle Marena, au bord des larmes. Le parquet dans les chambres est également gondolé, et les murs sont maculés de moisissures. "Aujourd’hui, mon fils asthmatique et autiste est en danger dans ce logement. Il respire ces saletés tous les jours et son pédiatre trouve ça très dangereux", rajoute, très inquiète, la jeune maman.
Un bras de fer entre les assurances
Commence une bagarre d’expertise. L’expert de Marena se rend sur place et constate une défaillance du joint, antérieur à l’entrée des lieux de Marena, qui a vraisemblablement conduit à ce dégât des eaux. Entre-temps, le bailleur fait intervenir son expert qui estime que l’entretien de la salle de bains aurait dû être réalisé par Marena.
Seulement les mois passent, et Marena continue de vivre dans ce logement humide qui finit par pourrir. Les moisissures apparaissent dans le couloir, la chambre de ses enfants et le salon. La salle de bains est l’endroit où ils restent le moins. "Aujourd’hui, je lave mes enfants très rapidement et je leur interdis de toucher aux murs ou de jouer dans la baignoire. Dans la chambre, mes enfants n’y dorment plus, surtout pour mon petit asthmatique. Ces toux sont de plus en plus fortes maintenant. Toutes les affaires et les jouets des enfants sont cachés dans des sacs. Mon fils a tendance à tout porter dans sa bouche. C'est trop dangereux avec ces moisissures", alerte la jeune maman de 27 ans.
Marena est seule, aidée par le papa de son petit nourrisson. "Il m’a beaucoup aidé pour alerter sur ma situation. Au début, j’attendais qu’on vienne vers moi, mais personne n’est venu. Alors j’ai demandé une médiation et ça n’a abouti à rien non plus", relate-t-elle. Marena est également soulagée, quand elle confie la garde de ses jumeaux à leur papa. "Je suis soulagée qu’il les garde le week-end car durant deux jours, ma petite fille et mon petit garçon ne respirent pas ces moisissures et vivent dans un endroit propre", confie-t-elle.
Les travailleurs sociaux, une aide précieuse
D’origine sénégalaise, Marena est venue s’installer à Bonnières-sur-Seine en 2023. "Avant d’arriver, j’étais à Vernon, à côté, dans l’Eure. Moi, je ne peux plus envisager de rester vivre ici. Soit le bailleur me reloge en attendant d’effectuer les travaux, soit ils nous relogent dans un autre logement définitivement, et ils prennent tout le temps qu’ils veulent, pour faire ces travaux pour un autre locataire. J’ai trop été patiente. Je n’en peux plus". Épuisée, elle souhaite que le bailleur social intervienne pour prendre en charge les travaux réclamés depuis des mois. Accompagnée par une assistante sociale, Marena a bloqué ses loyers en attendant que la situation s’arrange. Une demande de fonds de solidarité pour le logement (FSL) a été déclenchée. Marena a aussi déclenché son assistance juridique qui vient de mettre en demeure le bailleur pour intervenir et effectuer les travaux, tout en ayant la charge de reloger tout le monde, en attendant la fin du chantier.
Vers une issue heureuse
Contacté, le bailleur social des Résidences Yvelines Essonne vient d’annoncer que les travaux vont être réalisés et totalement pris en charge. "Nous suivons le sinistre de Mme Marena depuis ses origines, nous avons effectué les démarches pour engager les travaux qu’elle demandait et nous avons bien conscience des difficultés qu’elle et ses enfants traversent. Il n’est pas encore établi si les frais que nous engageons pour ces travaux ( environ 15 000€ ) devront être supportés par l’assureur de notre locataire ou par notre assureur. Mais nous considérons que Mme Marena ne doit pas être victime d’une querelle d’experts et en aucun cas le prix des travaux ne sera supporté par la locataire puisque les deux parties sont assurées", annonce Maxime Fieschi, Porte-Parole Les Résidences Yvelines Essonne. Le bailleur s’engage également à trouver une solution de relogement temporaire durant la durée de ces travaux. Pour l'heure, Marena est toujours dans ce logement insalubre avec ses enfants.