Surpopulation et canicule forment un cocktail explosif. A Fresnes (Val-de-Marne), le taux d'occupation est de 180%. Il fait jusqu'à 38 degrés dans certains étages. Pour y faire face, les détenus adoptent le système D.
Jusqu'à quatre dans 9 m² et seulement trois douches par semaine: les détenus dans les maisons d'arrêt surpeuplées suffoquent sous la canicule et tentent le "système D" pour se rafraîchir. Surveillant à la prison de Fresnes (Val-de-Marne), où le taux d'occupation est de plus de 180%, Julien reconnaît que "les conditions sont plus compliquées que d'habitude".
Comme la maison d'arrêt est surplombée d'une verrière, "plus on monte dans les étages, plus il fait chaud. Au 3ème ou 4ème, c'est vraiment insupportable: 38 degrés l'autre jour selon la montre d'un collègue", explique le surveillant.
"Quand on a le temps, on essaie de rajouter des (tours) de douches, mais sur les étages où on est tout seul avec 140 détenus, c'est clairement pas possible", admet-il. Seuls les détenus qui ont les moyens peuvent s'acheter un petit ventilateur.
Système D
François Korber, de l'association de défense des détenus Robin des Lois, décrit "le système D" des prisonniers pour se rafraîchir: "On trempe les draps dans le lavabo, on les essore au-dessus de la tête, ça fait un peu comme une douche"."Beaucoup nous disent qu'ils font couler de l'eau hors du lavabo pour mouiller le sol et tenter de créer de la fraîcheur", rapporte François Bes, de l'Observatoire international des prisons (OIP).
Autre stratagème: certains retournent une table, entourent les pieds de film plastique et versent de l'eau avec une casserole pour faire comme une piscine.
"Cocottes-minute"
D'autres recouvrent la fenêtre d'un drap mouillé, même si cela n'est pas autorisé car les barreaux doivent être visibles, ajoute-t-il. "Tout cela est source de tension entre les surveillants et les détenus et entre les détenus eux-mêmes, entre celui qui dort en haut et celui en bas, celui qui a le ventilateur etc", explique-t-il.Il est demandé aux surveillants de faire encore plus attention aux tentatives de suicide que d'habitude, notamment la nuit, dit aussi Julien. Ce surveillant évoque par ailleurs le cas d'un détenu qui n'en pouvait plus de la chaleur et qui "enchaînait" les médicaments pour pouvoir dormir.
"L'été, c'est la période la plus dure de l'année avec les fêtes de fin d'année. Il n'y a pas que la chaleur: il n'y a pratiquement plus d'activités. Les familles sont parfois en vacances, donc il y a moins de parloirs. Les bénévoles viennent moins, les aumôniers aussi", explique François Korber.