Les responsables de la mosquée de Créteil estiment avoir été la cible d'une agression à caractère terroriste lorsqu'un homme a tenté de foncer sur des fidèles avec son 4X4.
Le 29 juin, un homme a tenté de foncer en 4X4 sur des fidèles devant la mosquée de Créteil. Les responsables de la mosquée portent plainte et s'estiment victime d'une "tentative d'assassinat" à "caractère terroriste", selon sa plainte adressée jeudi au parquet de Paris et consultée par l'AFP.
La garde à vue de l'automobiliste, un Arménien de 43 ans, avait été interrompue le lendemain pour qu'il soit hospitalisé d'office en raison de ses propos délirants et incohérents, selon les investigations. La veille, l'homme, titulaire d'une carte d'invalidité et deux fois hospitalisé en 2006 et 2007 pour schizophrénie, avait percuté les barrières avec son 4X4 et traversé le terre-plein grillagé protégeant la mosquée, avant de percuter des voitures de fidèles au sortir de la prière, sans faire de blessé.
Selon l'avocat, Me Bouzrou, "Le problème psychiatrique ne doit pas avoir d'influence sur la qualification pénale"
Selon une source proche du dossier, le suspect avait tenu des "propos confus en référence aux attentats" jihadistes qui ont fait 239 morts en France depuis 2015. Dans la foulée, le parquet de Créteil dans le Val-de-Marne avait ouvert une information judiciaire pour "tentative de meurtre en raison de l'appartenance supposée des victimes à une religion", "dégradations volontaires" et "mise en danger de la vie d'autrui". Estimant "que les faits ont été incorrectement qualifiés", l'Union des associations musulmanes de Créteil et son vice-président Moncef Maiz, qui avait tenté d'intervenir le jour des faits, ont adressé jeudi une plainte à la section antiterroriste du parquet de Paris pour "tentative d'assassinat" à "caractère terroriste".
"L'objectif" du suspect "était de troubler gravement l'ordre public en provoquant l'intimidation ou la terreur des personnes de confession musulmane", est-il écrit dans la plainte rédigée par leur avocat, Yassine Bouzrou, qui estime ainsi constituée la circonstance aggravante terroriste. "La non-saisine du parquet antiterroriste est une décision dangereuse car cela revient à opérer une distinction non prévue par la loi entre les victimes du terrorisme", a déclaré Me Bouzrou à l'AFP. "Le problème psychiatrique ne doit pas avoir d'influence sur la qualification pénale", a-t-il ajouté.
Dix jours après l'attentat antimusulman de Londres, perpétré le 19 juin par un homme qui a foncé sur les fidèles de la mosquée de Finsbury Park et fait onze blessés, la communauté musulmane française s'était sentie elle aussi prise pour cible. Plusieurs de ses responsables avaient dénoncé une "tentative d'attaque" et demandé aux pouvoirs publics de "renforcer la protection des lieux de culte".