Léon Blum, ses dernières années dans sa maison de Jouy-en-Josas

Léon Blum se retire progressivement de la vie politique après 1945, lorsqu'il arrive dans cette maison qui appartenait à Jeanne Blum. Après sa mort, Jeanne Blum veille à faire de ce pavillon des Yvelines, un lieu consacré à la mémoire de cet homme aux mille vies.

C’est peu après leur retour du camp de concentration de Buchenwald en Allemagne, où ils se sont mariés, que Léon et Jeanne Blum décident de s’installer dans leur petit pavillon de Jouy-en-Josas. Ici, le temps s’est comme arrêté. "L’une des volontés de Jeanne est de faire de cette maison un musée qui puisse être visité par le public, et qu’il soit consacré à la mémoire de Léon Blum. C’est pourquoi elle a voulu garder la maison comme elle était du temps où ils y vivaient ensemble", explique Elisa Rousseau, chargée de médiation et de communication à la maison Blum.    

En 1945, Léon Blum est âgé et affaibli par ses années passées dans l’horreur concentrationnaire nazie. À Jouy-en-Josas, il se retire progressivement de la vie politique, après avoir été brièvement Président du Gouvernement provisoire fin 1946. "Charles de Gaulle souhaitait qu’il entre dans son gouvernement, mais il est très diminué, et il refuse le poste. Malgré cela, beaucoup de personnalités politiques viennent lui rendre visite dans sa maison, pour lui demander son avis et son analyse sur certains sujets. Il fait figure de sage", détaille Elisa Rousseau. C’est durant ces cinq années, jusqu’à son décès en mars 1950, que Léon Blum va notamment plaider pour la création de l’Etat d’Israël, la construction de l’Europe ou encore l’implantation du siège de l’Unesco à Paris.

Figure du socialisme 

Dans le salon, les meubles, les chaises, et même les livres, ont gardé leur emplacement exact. "Il y en a plus de 3 000 en tout dans la maison. Ils ont tous été achetés après 1945, car tous les biens de Léon Blum ont été spoliés pendant la Seconde Guerre mondiale par les nazis" lorsqu’il habitait son appartement parisien de la rue Bourbon, raconte Daniel Vermeire, le secrétaire général de l’association Maison Blum. Devant cette impressionnante bibliothèque se trouve le bureau de Léon Blum, grand de plusieurs mètres, où jusqu’à la veille de sa mort, il continua de rédiger des éditoriaux pour le journal Le Populaire.  

La fin d’une vie riche. Dreyfusard, magistrat au Conseil d’Etat animé par le sentiment de justice, Léon Blum est devenu avec le temps l’une des figures majeures du socialisme français. En 1936, c’est avec le Front Populaire qu’il s’illustre en tant que président du Conseil, avec des mesures phares restées dans les mémoires, telles que la semaine de 40 heures, les congés payés ou encore la création de l’office du blé. Originaire d’une famille juive alsacienne, il est victime du maréchal Pétain et du gouvernement de Vichy après son arrestation et son incarcération en septembre 1940. Homme de lettres prolifique, Léon Blum écrira plus de 5 000 éditoriaux au cours de sa vie et plusieurs œuvres comme un essai intitulé Du mariage, qui fera polémique à sa sortie en 1907.

Léon Blum est aujourd’hui enterré au cimetière de Jouy-en-Josas, bien que "Jeanne ait toujours pensé qu’il serait panthéonisé", comme le confie Daniel Vermeire, passionné par cette figure politique. Jeanne, qui a 27 ans de moins que son mari, se suicide en 1982 dans cette même maison où sont placées ses cendres. Depuis près de quinze ans, la maison, devenue un musée, accueille du public pour "faire vivre ces lieux", et avec eux, la mémoire des amants de Jouy.

Plus d'informations sur la maison de Léon Blum sur le site internet du musée.

A suivre sur notre site, une reportage sur la maison d'Emile Zola.