Pollution sonore : un premier radar anti-bruit expérimenté dans les Yvelines

Une nouvelle génération de radars a été inaugurée ce mardi en vallée de Chevreuse. Le dispositif s'inscrit dans une expérimentation nationale, censée réduire les nuisances sonores pour la santé.

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Le dispositif vise les motards, mais pas uniquement. Sur la route départementale 46, située à Saint-Lambert-des-Bois (Yvelines), un premier radar sonore a été inauguré ce mardi Le système, installé dans la vallée de Chevreuse très appréciée des deux-roues, permet de flasher les véhicules trop bruyants.

"Il y a des dispositifs acoustiques qui permettent de mesurer le niveau sonore mais aussi de détecter la provenance du bruit, et la distance entre le bruit émis et le capteur, explique Fanny Mietlicki, directrice de l’association Bruitparif, qui a participé à l’élaboration de l’appareil. Des caméras sont également associées au dispositif pour pouvoir lire les plaques d’immatriculation, et avoir une image de la scène au moment du constat d’infraction."

Cette caractéristique distingue le radar inauguré ce mardi des autres dispositifs anti-bruit déjà testés en France : les capteurs sonores "Méduse" (dénommés ainsi en raison de leur forme) sont désormais reliés à l’image. "Notre radar sonore va plus loin, puisqu’il intègre deux capteurs "Méduse" - une en bas et l’autre en haut - et surtout il connecte ces informations à des caméras. Il fait le lien entre le visuel et le sonore", confirme Fanny Mietlicki.

Si les contrevenants risqueront à terme 135 euros d’amende, les premières contraventions ne commenceront que dans plusieurs mois. L’objectif est de déterminer dans un premier temps le niveau sonore maximal, fixé d’abord à 90 décibels. "Les tests à blanc, qui commencent aujourd’hui, vont durer de trois à six mois, détaille la directrice de Bruitparif. On va envoyer les dossiers d’infraction - des dossiers virtuels à ce stade - au Cerema (centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement), qui est en charge de coordonner l’expérimentation."

"Pendant ce temps, on va faire homologuer notre système, d’un point de vue de la métrologie légale, poursuit-elle. Ce n’est qu’à l’issue de ces deux phases (tests à blanc, et homologation technique) qu’on pourra enchaîner sur la phase de tests avec verbalisation, plutôt en fin d’année 2022."

Des radars sonores bientôt installés à Villeneuve-le-Roi, Paris et Rueil-Malmaison

Du côté de la Fédération Française des Motards en Colère (FFMC), l’expérimentation est dénoncée. Jean-Marc Belotti, coordinateur de la FFMC Paris et Petite Couronne, critique une "logique de répression". "On aime bien tendre des pièges et des embuscades en France, déplore-t-il. Certains usagers de la route ont des comportements inadaptés, c’est sûr, mais les deux-roues motorisés sont loin d’être les seuls concernés."

"L’efficacité sera limitée si plusieurs véhicules passent ensemble, affirme-t-il par ailleurs. Et comme pour les radars de contrôle de vitesse, les gens vont couper les gaz pour ensuite accélérer." Jean-Marc Belotti souligne aussi que "les motards qui font du bruit sont minoritaires" : "Malheureusement on ne retient que ceux-là. Mais la majorité des motards ont des pots d’échappement conformes."

Il faut continuer à travailler avec les constructeurs, qui ont déjà rattrapé beaucoup de retard

Jean-Marc Belotti, coordinateur de la Fédération Française des Motards en Colère (FFMC) Paris et Petite Couronne

"La vallée de Chevreuse, c’est un spot, ajoute-t-il. C’est joli, il y a la nature et des virages, c’est sympa en moto pour se balader. C’est une voie publique, on peut y circuler librement, en respectant les règles." Face aux plaintes de certains riverains, le coordinateur de la FFMC Paris et Petite Couronne souligne l’importance de la pédagogie : "On communique déjà depuis longtemps sur le sujet du bruit. Et il faut continuer à travailler avec les constructeurs, qui ont déjà rattrapé beaucoup de retard. Les motos sont homologuées à 80 décibels, à 50 km/h et en troisième. Donc quand on monte dans les tours, ça peut faire plus de bruit."

Fanny Mietlicki, elle, explique que les deux-roues ne sont pas les seuls visés : "En Île-de-France, on a beaucoup de sollicitations concernant les problématiques de bruits intempestifs générés par des motards, mais aussi par des véhicules qui conduisent en surrégime en général." Stress, troubles cardiovasculaires… L'exposition aux bruits liés aux transports pourrait avoir plusieurs conséquences sur notre santé.

Huit communes vont expérimenter le radar sonore. Un deuxième dispositif va être prochainement déployé à Villeneuve-le-Roi (Val-de-Marne). Suivront (entre autres) Paris et Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine).

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