Pendant plus d'un siècle, les eaux usées des égouts de Paris ont été épandues dans des plaines maraîchères des Yvelines et du Val d'Oise. Des écologistes portent aujourd'hui plainte contre le syndicat du traitement des eaux, selon le principe de pollueur-payeur.
L'épandage d'eaux usées pendant plus d'un siècle dans les plaines maraîchères des Yvelines et du Val d'Oise sont-elles responsables d'une grave pollution des sols et de problèmes de santé ? C'est en tout cas la crainte des militants de "Génération écologie" des Yvelines. En leur nom, l'élu écologiste et radical au conseil régional, Eddie Aït (ancien maire de Carrières-sous-Poissy) vient de porter plainte contre X devant le procureur de la République pour "mise en danger de la vie d'autrui".
Selon le principe du "pollueur-payeur", ils mettent en cause le SIAAP, le Syndicat Interdépartemental pour l’Assainissement de l’Agglomération Parisienne, chargé du transport et du traitement des eaux usées de la région parisienne. Même si ces épandages n'existent plus depuis 2000, ils réclament la prise en charge des frais d'assainissement et de dépollution des zones concernées.
Les plaines maraîchères ont reçu les eaux d'égout pendant un siècle
Les plaines d’Achères, de Carrières-sous-Poissy et Triel-sur-Seine et celles de Méry-sur-Oise et Pierrelaye (Val d’Oise), qui s'étendent sur 4.620 hectares, ont fait l’objet de tels épandages à partir de 1890 et jusqu’à 2006 pour certains secteurs. Résultat: des taux de plomb de l’ordre de 156,6mg/kg y ont été révélés dans les sols superficiels, soit plus du double de la valeur repère pour l’Île-de-France (53,7 mg/kg).A Carrières-sous-Poissy, certains terrains présentent des taux 5 fois supérieurs au seuil d’alerte réglementaire. Dans une étude publiée en octobre 2018, Santé Publique France a conclu à l’existence de "risques sanitaires inacceptables" liés à ces épandage d’eaux usées brutes ou partiellement traitées.
Plusieurs cas d'intoxication au plomb ont été détectés
Les taux de concentration de plomb sont largement supérieurs à la moyenne et ont déjà provoqué de nombreux cas d'intoxication dans les Yvelines. En 2017, dix sept enfants roms qui séjournaient sur les communes de Triel et de Carrières-sous-Poissy avaient été diagnostiqués comme atteinds du saturnisme.Le 4 mars, l’Agence régionale de santé (ARS) a annoncé son intention de renforcer son dispositif sanitaire sur les anciennes plaines maraîchères des Yvelines et du Val d’Oise ce qui alarme les écologistes et a motivé leur action en justice. Ils s'appuient sur L’article L 110-1 du Code de l’Environnement et sur l’article 4 de la Charte de l’environnement qui entérinent le principe de "pollueur-payeur".