La candidate de LR avait été confortablement réélue à la tête de l’Île-de-France en 2021 sous l’étiquette "Libres !". Mais elle n’aura pas réussi à convaincre les Franciliens à l’élire comme présidente de la République y compris dans les départements historiquement de droite.
"Je suis sous le choc. J’étais persuadé qu’on ferait plus de 10%. Je pensais que les sondages qui nous mettaient en-dessous de 10% commettaient une erreur. On s’est battu, c’est la droite, c’est les Républicains…". "Il y a une frustration de se dire qu’avec un si bon projet, qui est largement au-dessus des autres, on fait un score très bas. Et de l’autre côté, voir les scores que font les extrêmes." Ces deux militants LR sont abasourdis.
Rassemblés avec des dizaines d’autres à la Maison de la Chimie (VIIème arrondissement) dimanche soir, ils ont assisté, en direct, au résultat du premier tour de l’élection présidentielle. Résultat : 4,8% pour la présidente de la région Île-de-France, un résultat qui est une déception "personnelle et collective" selon ses propres mots prononcés peu après 20h.
6,19% dans la région francilienne
L'Île-de-France a boudé sa présidente de région. Valérie Pécresse y a récolté 6,19% des suffrages d’après les données du ministère de l’Intérieur. Soit trois fois moins de voix qu'aux élections régionales.
Dans son département des Yvelines, elle dépasse à peine 8%. Tandis que dans ses fiefs de Vélizy-Villacoublay et de Versailles, elle atteint à peine 11% et 14% alors que Nicolas Sarkozy avait dépassé les 46 % en 2012 à Versailles et 43 % pour François Fillon en 20217.
Au niveau régional, l’ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy avait de son côté récolté 27,25% des suffrages dans les Yvelines, et obtenu un score de 22,2% pour la région Île-de-France.
Dans les Hauts-de-Seine – classé historiquement à droite – même défaite. Exemple à Boulogne-Billancourt, où Valérie Pécresse ne récolte qu'un peu plus de 10% des voix là où François Fillon était arrivé premier avec plus de 41% des voix.
"C’est violent pour elle (Valérie Pécresse, ndlr) et violent aussi pour les gens de droite, dont les idées sont majoritaires dans le pays mais qui ne savent plus où ils habitent en ce moment", explique de son côté Florence Portelli, porte-parole de Valérie Pécresse et vice-présidente (Libres !) du conseil régional d’Île-de-France.
"Défiance" envers le PS et LR
"C’est la fin de l’hégémonie politique des deux partis (PS et LR) qui ont gouverné la cinquième République et le pays. Cela se traduit même dans les fiefs des candidates, que ce soit Anne Hidalgo à Paris, ou Valérie Pécresse dans la région Île-de-France : deux endroits où elles ont été réélues assez facilement", explique Dorian Dreuil, expert associé à la fondation Jean-Jaurès et co-fondateur de l’ONG "A voté".
Selon lui, "cela montre une défiance vis-à-vis de ces deux partis politiques, et la manière dont l’électorat appréhende l’élection présidentielle (…) On ne vote plus forcément (au niveau national, ndlr) pour le parti pour lequel on a longtemps milité ou celui pour lequel on a créé une habitude". Valérie Pécresse, comme Anne Hidalgo, "pâtissent de la fin d’une recomposition du paysage politique qui a commencé dès 2017".
"Aide d’urgence"
Mais la défaite électorale n’est pas le seul souci de Valérie Pécresse et de LR. Ce lundi, la présidente de la région a lancé depuis le QG des Républicains (dans le XVème arrondissement) un appel à "une aide, d'urgence", des Français pour "boucler le financement" de sa campagne, faisant état d'une "situation critique" de LR qui ne sera pas remboursé de "7 millions d'euros" de frais.
L'ex-candidate LR, sous le seuil des 5% au premier tour déclenchant un remboursement par l'Etat des frais de campagne, a aussi déclaré être "endettée personnellement à hauteur de 5 millions d'euros". "C'est pourquoi j'ai besoin de votre aide, d'urgence, d'ici le 15 mai, pour boucler le financement de cette campagne présidentielle (...) Il en va de la survie des Républicains, et au-delà de la survie de la droite républicaine", a-t-elle lancé devant la presse.