Des peines de prison avec sursis ont été requises contre un couple jugé pour avoir exploité une jeune femme congolaise et prélevé son salaire gagné en tant que femme de ménage entre 2004 et 2008, ce mercredi 17 janvier devant la cour d'appel de Versailles.
En première instance, la prévenue, une Congolaise aujourd'hui âgée de 46 ans, avait été condamnée à trois ans de prison avec sursis et son mari, un Malien de 52 ans, à 15 mois avec sursis. Les mêmes peines ont été requises mercredi.
Ils sont accusés d'avoir fait venir en France depuis le Congo une jeune femme, cousine de la prévenue, grâce à de faux papiers et de l'avoir ensuite fait travailler en tant qu'employée de maison sans la rémunérer, ni lui donner de jours de repos.
Aujourd'hui âgée de 36 ans, la victime présumée assure avoir été en charge du ménage, du repassage, de préparer les repas et de s'occuper des trois enfants du couple, tout en étant contrainte de loger dans un cagibi sans fenêtre ni chauffage dans l'appartement du couple situé à Coignières (Yvelines).
Fausse couche
Prétextant une dette de 8.000 euros, les prévenus sont également accusés d'avoir obligé la jeune femme à travailler sous un faux nom comme femme de ménage dans un magasin de bricolage puis dans un hôtel.Son salaire était versé sur un compte ouvert par les prévenus qui seuls disposaient de la carte bleue et du chéquier y étant associés. La victime a également dit avoir fait une fausse couche alors qu'elle était enceinte de jumeaux, en raison de la charge de travail trop importante qui lui était imposée.
Des accusations balayées par les deux prévenus qui ont contesté l'ensemble des faits. "Elle participait aux tâches ménagères comme tout le monde" et "quand elle était à la maison elle regardait la télévision avec ma mère", a rapporté la prévenue, pour qui sa cousine était venue en France chercher une vie meilleure.
"C'est elle qui a décidé"
Devant certains témoignages à charge présentés par la cour, la prévenue s'est contentée de crier au mensonge ou de répondre "c'est impossible". Si elle dormait dans un cagibi, c'est parce que "c'est elle qui a décidé", s'est défendue la quadragénaire, "elle voulait avoir son intimité pour recevoir son petit ami".La victime s'est trouvée "dans une situation de précarité et d'aliénation" a détaillé l'avocat général. "Elle était la nounou à domicile, simplement, elle n'était pas payée et elle était logée dans des conditions indignes, ce qu'elle n'a peut-être pas perçu au début, venant d'un pays pauvre", a-t-il développé, requérant la confirmation des peines prononcées en première instance.
La décision a été mise en délibéré au 14 février.