Les marins du Vendée Globe, course en solitaire autour du monde et sans escales, seront "comme des astronautes en orbite pendant trois mois", selon le médecin de l'organisation, le Dr Jean-Yves Chauve. C'est dire si ils doivent maitriser leur physique et leur stress
Le Vendée Globe est devenu un sprint planétaireLes maux dont souffrent les concurrents -qui vont parcourir quelque 24.000 milles (environ 43.200 km) sur trois océans à la barre de monocoques de 18,28 m- sont "très variés et ils ont beaucoup d'imagination", plaisante le Dr Chauve, qui a officié à ce poste dès le premier "Vendée", en 1989-1990.
Et, ajoute-t-il dans un entretien à l'AFP, le retour aux Sables d'Olonne ne signifiera pas forcément la fin des bobos pour des marins qui auront été "comme des astronautes en orbite pendant trois mois autour du globe".
Le corps s'adapte aux situations
"Pendant leur tour du monde, le système immunitaire (des skippers) aura été mis au repos, affirme le Dr Chauve. A l'arrivée, ils seront à nouveau confrontés à une multitude d'agressions microbiennes susceptibles de déclencher de petites infections".
"En mer, poursuit-il, les blessures les plus fréquentes sont d'ordre traumatique: au niveau des côtes, du thorax, des lombaires et des mains". Lors des six précédentes éditions, le médecin officiel du Vendée Globe a également relevé des claquages musculaires et des infections cutanées (irritations, furoncles) dues à l'humidité et au sel.
"Les bateaux sont plus durs aujourd'hui que dans le passé, indique-t-il. Ils sollicitent plus les organismes et il faut être bien préparé physiquement pour tenir le coup car les efforts peuvent être explosifs. Le Vendée Globe est devenu un sprint planétaire..."
Avant le départ, la préparation
Avant de prendre le départ, tous les concurrents doivent passer des examens médicaux (échographie cardiaque et test d'efforts, notamment), rappelle Jean-Yves Chauve. Pour les dents, pas de passage obligatoire chez le dentiste mais les coureurs le font systématiquement: "au niveau des performances, il serait suicidaire de ne pas le faire".
Tous se souviennent que le Français Guy Bernardin avait dû abandonner le premier Vendée Globe à mi-parcours, terrassé par une rage de dents.
Pendant la course
"La fatigue est le principal ennemi des skippers, affirme encore le Dr Chauve. Cela se traduit par une perte de clairvoyance, des manoeuvres exécutées dans la précipitation" sur des bateaux surpuissants où la moindre erreur se paie cher.
Les mésaventures de Bertrand de Broc, qui s'était coupé (et recousu) la langue en 1992 dans l'océan Indien, et de Yann Eliès, victime d'une fracture du fémur en 2008 au sud de l'Australie, sont dans toutes les mémoires et appartiennent à la légende du Vendée Globe.
Au retour de l'aventure
"On note toutefois un déficit musculaire au niveau des jambes car les skippers passent beaucoup de temps Assis à la table à cartes ou dans le cockpit, poursuit-il. Et à l'inverse, une musculation renforcée des bras", due aux multiples manoeuvres de voiles et de winches.
Plus original, "on constate chez les garçons une chute des niveaux de testostérone", conséquence somme toute logique de trois mois passés en mer en solitaire.
Dans la boîte à pharmacie sur un bateau
Il doit y avoir un contenu spécifique pour un tour du monde. On y trouve des produits pour des problèmes cardiaques, pour les traitements des allergies, de la douleur. Des antalgiques simples jusqu'à la morphine, de puissants antibiotiques.
On opère plus de manière préventive de l'appendicite donc si un skipper fait une crise il a sur mon bateau le traitement lui permettant de tenir longtemps et de guérir l'infection.
Il y a aussi des médicaments pour les problèmes digestifs, des pansements dentaires et tout ce qui est attelles
pour bloquer un poignet ou des cervicales. C'est une pharmacie très polyvalente et adaptée aux risques encourus sur cette course.
On compte plus de 100 produits sur répartis en trois lieux. La pharmacie de première urgence se trouve près de l'entrée , une autre principale dans le fond du bateau à l'abri des écarts de température, et une autre dans le container de survie si ils doivent quitter le bateau pour le radeau.