Elles sont six engagées sur le tour du monde en solitaire et sans escale. Après 12 jours de course, elles restent dans le rythme. Les skippeuses sont entrées en force dans la zone intertropicale du pot-au-noir, elles foncent désormais vers le cap de Bonne espérance.
C'est celle qui impressionne le plus pour l'instant, celle que personne n'attendait là. L'invité surprise. Justine Mettraux fait un début de course impressionnant. Constante, la navigatrice suisse trace la route et avale les milles avec régularité. 9ᵉ en ce 12ᵉ jour de course.
Toujours placée dans le peloton de tête depuis le départ, Justine, la skippeuse de TeamWork - Team Snef a parfaitement maîtrisé son entrée en scène dans ce Vendée Globe.
"Un scénario assez cool"
Sur un Imoca à foils neuf, Sam Davies qui est entrée dans le trio de tête à l'attaque du pot-au-noir, est désormais 11ᵉ. "Ça fait plusieurs jours déjà que je regarde la route vers l'Atlantique sud. Pour l'instant, ça a l'air d'être un scenario assez cool parce que l'anticyclone est assez Est", décrit la navigatrice.
Il va y avoir une dépression qui sort du Brésil et qui va descendre vers le cap de Bonne espérance. Si on a la chance de l'accrocher, on se fera catapulter vers l'Afrique du Sud. Ça permettrait de couper la route et de traverser rapidement
Samantha DaviesSkippeuse (Initiatives-Coeur)
Elle regarde droit devant, mais derrière, Clarisse Crémer est en embuscade. En 2020, elle dispute son premier tour du monde en solitaire. À l’issue de 87 jours de mer, elle était devenue la femme la plus rapide de l’histoire du Vendée Globe.
"La course est encore longue"
"J’aimerais un peu plus appuyer sur le champignon, être davantage en confiance", avait déclaré la record woman de l'épreuve avant le départ. À ce jeu-là, elle a perdu sa grande voile qui s'est déployé de manière inattendue. Un désavantage pour les épisodes de petit temps. La navigatrice est restée concentrée et s'est offert une jolie remontada, bien placée dans la tumultueuse zone intertropicale.
"J’étais plutôt contente de ma course, assez fière de mes manœuvres et de mes trajectoires, même si certaines étaient surtout guidées par la prudence. Sans cette voile, les prochains jours au portant dans des petits airs ne vont pas être très drôles. J’ai perdu beaucoup d’énergie, mais la course est encore longue !"
Celle qui décrit le Vendée Globe "comme une drogue très addictive", est talonnée par la britannique Pipe Hare qui revient fort.
Sur cette dixième édition, les femmes sont donc à l'avant-poste.
"Mon début de course n'a pas été fameux"
Isabelle Joschke franco-allemande pointe à la 20ᵉ position et reconnait ne pas avoir fermé l'œil ces derniers temps.
Je n'ai pas beaucoup avancé cette nuit. Il y avait des grains dans tous les sens. Il fallait être sur le pont
Isabelle JoschkeSkippeuse (MACSF)
"Mon début de course n’a pas été fameux. J’étais un peu à l’envers de tout, j’ai beaucoup manœuvré et à chaque fois, j'étais à côté de la plaque. Je n’étais pas en phase avec le vent, avec moi-même… Je voulais agir trop vite, sans prendre le temps de réfléchir. Et ça, ça ne marche jamais ! Je suis rentrée dans ma course au passage de Madère et j’ai réussi à revenir. J’ai eu beaucoup de chance !"
"On a doublé ou triplé les communautés"
Souriante et en pleurs en quittant le chenal, Violette Dorange est rapidement revenue à la dure réalité de la course. La benjamine a vite tremblé. La jeune skippeuse a passé la première nuit recroquevillée, secouée par des vagues de 6 mètres.
Du gros bouillon pour ses premiers milles dans le Vendée Globe. À seulement 23 ans et avec un parcours déjà incroyable pour son âge, elle force l'admiration.
Une gamine volontaire, pressée, qui navigue depuis toujours et a franchi toutes les marches pour arracher sa place sur la ligne de départ. La Charentaise a un joli CV : traversées de la Manche et du Détroit de Gibraltar en Optimist, Mini Transat et participation à trois éditions de la Solitaire du Figaro où elle termine à la 10e place en 2022. Un résultat qui la conforte dans son envie d’aller encore plus loin.
"J'ai eu écho de mes réseaux qui s'enflamment, on a doublé ou triplé les communautés, c'est trop chouette ! C'est beaucoup de soutiens pour notre projet", s'enthousiasme la skippeuse.
Ce n'est que du bonheur. J'ai en vie de dire merci à toutes les personnes qui envoient des messages, ça me donne énormément de force quand je suis en mer !
Violette DorangeSkippeuse (Devenir)
Réaliste, elle ne se voit pas sur le podium. Comme ceux qui se lancent dans la plus illustre des compétitions, elle rêve avant toute chose de boucler la prestigieuse boucle. Faire le tour du monde, avaler 45 000 milles, résister, revenir aux Sables et rien d'autre. "Terminer. Et être la plus heureuse possible en mer. Mais je pense que si le premier est rempli, le deuxième suivra forcément."
Ses craintes ? La casse d'abord. "Et Forcément les Mers du Sud, comme tout le monde. La durée aussi, mais au final ça me fait de moins en moins peur. Et puis surtout les réparations. Est-ce que je vais être capable de bricoler ? C’est vraiment là-dessus que j’ai dû beaucoup travailler ! Mon équipe m’a préparée beaucoup d’ateliers. Par exemple demain, j'en ai encore un pour apprendre à changer un alternateur de moteur. Le problème, c'est que je manque toujours de temps, mais j’essaie de mettre les mains dedans au maximum."
Elle navigue en 22e position pour l'instant, à 366 milles du leader, embarquée sur un Imoca sans foil de presque 20 ans, drivé en son temps par Jean Le Cam. Loin au classement, ce petit bout de femme est la grande chouchou du public. Avec 356 000 followers sur Instagram, elle a déjà fait chavirer les cœurs.
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