Le fabricant d'électroménager FagorBrandt pourrait annoncer mercredi en Comité central d'entreprise (CCE) l'état de cessation de paiement de cette entreprise de 1800 salariés, au savoir-faire reconnu mais aux finances exsangues
Pour les syndicats, qui ont demandé ensemble lundi "l'aide" de l' État, l'entreprise est "viable" et l'urgence est "de redémarrer au plus tôt" les usines à l'arrêt depuis la mi-octobre, faute de pouvoir payer les fournisseurs.
À Vendôme (Loir-et-Cher, 221 salariés), où plus de 300 personnes ont manifesté mardi pour le maintien des emplois, comme sur les trois autres sites industriels de La Roche-sur-Yon (Vendée, 339 salariés), Aizenay (Vendée, 106 salariés) et Orléans (Loiret, 523 salariés), les ouvriers sont au chômage technique.
La filiale française du groupe espagnol Fagor, cinquième fabricant européen d'électroménager, compte aussi 342 salariés au siège à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine), 235 à Cergy-Pontoise (Val-d'Oise), centre du service après-vente, et 40 à Lyon dans une unité de recherche et développement.
Selon la direction, le Comité central d'entreprise extraordinaire prévu à partir de 10H00 au siège fera le point sur l'état des finances et les mesures à prendre.
Dans la foulée du CCE, les dirigeants feront une communication aux salariés puis seront reçus par le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg. Celui-ci a appelé les parties concernées "à tout faire pour préserver l'outil industriel".
"FagorBrandt, qui dispose de 14% du marché de l'électroménager en France, a un avenir", a-t-il assuré devant l'Assemblée nationale.
Jeudi, le ministre rencontrera à Bercy les élus locaux et régionaux, qui désireux de tourner la page de Fagor misent sur une réindustrialisation avec l'aide de l'État.
L'"aide de l'État" attendue par syndicats et élus
Lundi, son cabinet avait reçu l'ensemble des syndicats, sans aucun engagement ferme. Le gouvernement "attend" le CCE, ont rapporté les syndicats à l'issue de l'entrevue.Pour Philippe Breger (CGT), "couper les ponts avec l'Espagne" et se tourner vers l'État est "la seule solution". Si l'État n'intervient pas, prévenait-il à la veille du CCE, "les conséquences seront dramatiques: on préfère brûler l'usine que laisser partir l'outil de travail".
Seul un accord in extremis avec les créanciers permettrait d'éviter la cessation de paiement, confiait mardi soir la direction. Selon des syndicats, 30 à 40 millions d'euros sont nécessaires à court terme mais les dettes de FagorBrandt s'élèvent selon eux à 250 millions d'euros.
Les jours de FagorBrandt sont comptés depuis que la coopérative basque Mondragon a renoncé, il y a une semaine, à sauver le groupe (5.700 emplois en Espagne, France, Pologne, Maroc et Chine). En pré-dépôt de bilan depuis le 16 octobre, Fagor est asphyxié par une dette de 800 millions d'euros.
Dans la foulée, la filiale polonaise a été la première à déposer le bilan
Le même sort semble attendre FagorBrandt. "On voit mal quel autre scénario pourrait se dessiner", commentait mardi une source proche de l'entreprise. Si elle se déclare en cessation de paiement, l'entreprise aura 45 jours pour demander l'ouverture d'une procédure de redressement ou de liquidation judiciaire, ou bien demander une conciliation avec ses créanciers.Dans la première hypothèse, "il y aura des candidats à la reprise. Tous les gros opérateurs sont à l'affût car le groupe a de belles marques et une part de marché importante", analyse Patrick Colnot, du cabinet Secafi, qui accompagne les organisations syndicales.
Avec Brandt, Vedette, Sauter, De Dietrich, "le groupe a une carte à jouer sur le moyen et haut de gamme", notamment "dans les appareils encastrables, la force du groupe" et "un marché en croissance", note l'expert.
Mais la "crainte" est forte que des repreneurs "intéressés seulement par la part de marché proposent des scénarios destructeurs d'emploi en France", en rachetant les marques pour produire ailleurs, souligne M. Colnot.
Côté syndical, l'inquiétude est grande. "Il faut un vrai projet de relance qui préserve les emplois. On attend depuis deux ans un plan stratégique", explique Christian Legay (CFE-CGC). "Les gens de FagorBrandt ont un savoir-faire et ne demandent qu'à travailler, assure-t-il, c'est là-dessus qu'on se battra".
avec AFP