Entre 1.200 et 1.500 avocats du Grand Ouest, selon la police et les organisateurs, ont choisi de défiler en robe vendredi après-midi à Nantes, d'où est partie la fronde contre le projet de réforme des professions réglementées porté par le ministre de l'Economie Emmanuel Macron,
Le cortège, parti vers 14H15 de la Maison de l'avocat derrière une grande banderole proclamant "Avocats du Grand Ouest" et au son de binious, a marqué un arrêt devant le palais de justice tout proche avant d'arpenter les rues du centre-ville.
"Macron au pouvoir, avocats au mouroir", "Le droit, c'est notre métier", pouvait-on notamment lire sur les pancartes brandies par les avocats, venus de 18 barreaux du ressort des cours d'appels de Rennes, Angers et Poitiers, qui scandaient "Macron démission".
"Nous sommes tous réunis pour dire non au projet Macron, un projet qui va tuer la profession indépendante d'avocat en la transformant en profession mercantile", a déclaré Me Jacques Lapalus, bâtonnier du barreau de Nantes, où un mouvement de grève a été entamé dès le 22 octobre.
Depuis cette date, les portables pour les urgences pénales sont éteints et les permanences et les consultations gratuites ne sont plus assurées.
Les avocats protestent contre le projet de réforme des professions réglementées, qui doit être présenté en Conseil des ministres à la mi-décembre, et qui prévoirait notamment la création d'un statut d'avocat en entreprise, ainsi que l'ouverture aux tiers du capital social minoritaire des sociétés d'exercice libéral, à l'exclusion des banques et des compagnies d'assurance.
Les avocats s'inquiètent aussi de la réforme du financement de l'aide juridictionnelle, qui permet la prise en charge des frais de justice des citoyens les plus modestes, et qui "n'a pas été revalorisée depuis 2007" selon eux.
Le financement de cette aide est "ridiculement faible depuis toujours. C'est insupportable qu'il y ait une justice à deux vitesses, celle des riches et celle des pauvres", a estimé Me Lapalus, qui déposera une motion en préfecture avec les autres bâtonniers, à l'issue de la manifestation.
"On ne peut pas mourir en silence, même si on est bien élevés", a-t-il lancé, promettant de nouvelles actions si le projet de loi n'était pas retiré.
Le barreau de Nantes, qui a organisé plusieurs journées "justice morte" ces quatre dernières semaines, a durci son mouvement lundi en décidant d'une "grève totale" de toutes les audiences, dans le cadre d'une semaine de mobilisation nationale.