Coronavirus : près de Nantes, l'ancien directeur d'école a repris les cours pour accompagner deux élèves confinés

Pour accompagner les enfants et soulager les parents, l'association Agissons pour l'avenir de Vigneux-de-Bretagne, en Loire-Atlantique, a mis en place un soutien scolaire gratuit, assuré par des instituteurs et des professeurs à la retraite. 

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Le 14 mai, après deux mois de fermeture, les écoles vont rouvrir. Les enfants sont impatients, les parents parfois inquiets. Une rentrée toute particulière, alors que l'année scolaire touche à sa fin. Une année qui ne ressemblera à aucune autre et que Claude Labour, ancien directeur de l'école Charles-Perrault, à Vigneux-de-Bretagne, en Loire-Atlantique, n'est pas prêt d'oublier.

Le retraité n'est pas resté les bras ballants à regarder pousser les fleurs de son jardin pendant les deux mois qui viennent de s'écouler. Installé sur la commune de Vigneux-de-Bretagne, il a mis son expérience à contribution chaque jour ou presque. L'enseignant a suivi deux élèves, Titouan en classe de CM1 et Louis, collègien de 5ème. Un soutien précieux en cette période compliquée où il a fallu apprendre et organiser son travail scolaire à distance.
 

Un soutien pour soulager les parents en télétravail

"L'association Agir pour l'avenir dont je fais partie a proposé aux Vignolais d'accompagner leurs enfants dans les actions scolaires qu'ils avaient à réaliser à domicileOn a un support qui nous permet d'intervenir et de communiquer soit en audio soit en visio. Les parents des deux élèves concernés m'envoient les activités que les leurs enfants ont à réaliser et m'indiquent ce qu'ils souhaitent que je prenne en charge", explique Claude Labour.

"En fait, les parents d'élèves sont en capacité d'accompagner leurs enfant globalement. Là n'est pas la question. Ce sont des pères et des mères qui sont mobilisés par le télétravail ou qui n'ont pas forcément la disponibilité souhaitée parce qu'ils ont plusieurs enfants. Du coup, c'est un soutien apporté dans des domaines complexes à aborder", ajoute l'enseignant à la retraite.

"Pour l'histoire-géographie, par exemple, il faut être en capacité d'apporter des connaissances spécifiques et adaptées. Les parents ont des connaissances mais il faut un savoir particulier pour transmettre, dit Claude Labour, je travaille aussi sur l'étude de documents audios ou textes. Là, le travail il est plus dans la démarche d'aide à l'élève pour qu'il arrive à trouver les réponses qui lui sont posées. Lire un texte, il est capable de le faire, trouver la gymnastique intellectuelle pour y parvenir à analyser, c'est plus compliqué. C'est le cas pour un problème de mathématiques. L'objectif n'est pas simplement de trouver une réponse mais d'organiser ses compétences pour arriver à la solution".

L'enseignant sait les connaissances et les compétences de l'enfant. les parents ne savent, et c'est bien normal, pas tours ou placer le curseur - Claude Labour


"Rien ne remplace la présence de l'enseignant"

Pour Claude Labour, il va de soi que rien ne remplace la présence rassurante de l'enseignant. Mais ce confinement a aussi permis une nouvelle façon de faire." Cette période a amené les enfants à travailler et se questionner différement. On va avoir des choses nouvelles et riches en terme d'apports et de découvertes".

Car, si la génération est ultra connectée, elle a découvert des applications jusque là inconnues. "Je vois par exemple, un exercice de vocabulaire que j'ai fait avec Titouan, l'élève de CM1. Il fallait qu'il retrouve la prononciation de mots. Il a fait la recherche sur le dictionnaire où il a trouvé la lecture phonologique du mot pour savoir le dire. Et puis sur l'ordinateur et bien, il n'y avait pas ça. Il y avait une petite icône sur laquelle on devait cliquer, le son arrivait directement par le haut-parleur de l'ordinateur. Ce sont des outils que l'enfant avait sur son ordinateur sans en avoir conscience."

En fait, Claude n'a jamais réellement lâché l'affaire. Depuis qu'il est à la retraite, il va en classe découverte, fait de l'accompagnement, de l'animation, aide des collègues dans des projets éducatifs.

Ce n'est pas parce qu'il y a eu le confinement que je me suis redécouvert une âme d'enseignant. Depuis trois ans que je suis en retraite, je n'ai pas arrêté - Claude Labour
 

Un tête à tête à distance mais privilégié

"En fait, il y a eu un avantage extraordinaire dans cette relation à deux.  Pouvoir apporter une aide individuelle, c'est extrêmement précieux. Dans une classe, ce n'est pas toujours simple. On a en face de soi, 25 à 30 élèves, avec chacun des besoins et on n'est pas en permanence en capacité de répondre à chacun. On fait du mieux possible. Là forcément, dans ce tête à tête, on cerne tout de suite les difficultés et l'apport est forcement complétement adapté aux demandes que l'élève exprime."

Caroline Fortun, la maman de Titouan est absolument ravie de ces cours à distance. "Une amie qui connait un des membres de l'association m'a fait part de cette initiative et l'école nous avait aussi donné l'information".

Comme un prof particulier

"Je suis en télétravail, j'ai à coeur de suivre le travail scolaire de mes enfants mais il sont sur trois niveaux différents, La grande est au collège en 5 ème, Titouan en CM1 et le petit dernier en moyenne section. Autant dire impossible de suivre tout le monde", confie Caroline 

"Claude a apporté une réelle capacité de concentration à Titouan. C'est un plus incontestable", constate la mère de l'écolier. On aurait presque envie de d'écrire, une chance. "J'ai bien essayé de suivre mais trois heures de devoirs par jour ça fait beaucoup. Le contact est très bien passé entre Titouan et Claude. Il n'hésite pas à lui poser des questions sans timidité, alors que mon fils est d'un naturel trés réservé en classe".

En fait c'est comme si c'était un prof particulier. Claude donne à Titouan du sur mesure et ça c'est génial - Caroline Fortun

Claude intervient entre une et deux séances d'une heure deux fois par semaine. Le duo a ainsi trouvé son rythme." Je pensais que l'histoire et la géo seraient les seules matières à travailler. En fait, l'aide s'est aussi portée sur les maths, ce qui a permis de répondre à toutes les questions de Titouan dans tous les domaines, se félicite Caroline.

De ce confinement qui s'achève, Caroline ne garde que le meilleur : "Mes enfants ont gagné en autonomie. J'étais réticente avec les écrans mais il y a tellement de nouvelles applications maintenant que Titouan maîtrise. Désormais il ouvre un dictionnaire et vérifie en même temps sur internet. Il jongle avec les deux outils. Le numérique a pris un nouveau sens et une nouvelle place dans sa vie d'enfant".
 

Et la reprise ?

Syndiqué à la CFDT, l'ancien enseignant a une idée bien précise en ce qui concerne la réouverture des classes qui fait polémique depuis que le gouvernement a fixé la date de reprise. 

"Aujourd'hui il est essentiel de retourner en classe. Il faut que les conditions le permettent mais oui, il faut rouvrir nos écoles, réaccueillir nos élèves. Ils en ont besoin. Il faut tout faire pour que cela puisse se dérouler. Moi aujourd'hui si j'étais encore directeur, je serai en poste, attentif à ce que les conditions de sécurité soient réunies pour l'ensemble des personnels, les élèves et leurs familles".

Caroline, elle, n'est pas si enthousiaste. "Titouan n'aura classe que deux jours au mois de mai. Je me suis beaucoup posée la question de le renvoyer ou non à l'école", avoue-t-elle.  

"Le papa de Titouan était un peu inquiet. On a pensé à demander aux grands-parents de garder à nouveau les enfants, mais bon le risque est encore là. En fait, plus que du Covid-19, j'air peur de l'isolement induit par la distanciation physique et les gestes barrières qui vont leur être imposés. Cela peut être anxiogène. Titouan, lui, a envie d'y aller et très envie de retrouver ses copains", conclut Caroline.

Dans quelques années, quand le virus ne sera plus qu'un lointain souvenir, Titouan se souviendra sans doute encore de Claude, ce prof qu'il a eu pour lui tout seul pendant deux mois. Et dont il va encore profiter un peu. Avec seulement deux jours de classe au mois de mai, Caroline a décidé de maintenir le lien. L'élève a encore, dit-elle, "besoin de son maître".

 
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