Ils sont talentueux mais leurs restaurants sont fermés. Covid19 oblige. Mais ils sont têtus et généreux alors, ces chefs ont décidé de faire à manger pour ceux qui en ont le plus besoin. SDF ou soignants, familles pauvres ou personnels d'Ephad, tous ont goûté et apprécié cette solidarité.
Tous les restaurants de la presqu'ile guérandaise et d'ailleurs sont fermés. La profession est touchée de plein fouet par le Covid19 et ses conséquences sanitaires. Leurs dirigeants et salariés ne savent même pas quand ils pourront rouvrir leur établissement. Ces entreprises sont en grande difficulté.
Mais les chefs cuisiniers sont aussi des travailleurs acharnés et l'inaction ne leur convient guère. En connexion avec l'association nazairienne Le Carillon, une dizaine de chefs de la presqu'ile de Guérande se sont organisés pour préparer des repas gratuitement et en confier la distribution aux bénévoles du Carillon.
Cette association était déjà soutenue par les Commerçants Solidaires du Carillon appartenant au réseau La Cloche dont l'idée maîtresse est de créer du lien et redonner confiance aux personnes vivant dans la rue.
En raison des mesures de confinement liées au Covid19, le restaurant social de l'association, Le Trait d'Union, ne pouvait plus fonctionner, mais la question demeurait : comment vont manger nos bénéficiaires ?
Ce 1er mai, fête des travailleurs célébrée d'ordinaire par les défilés du matin et le farniente de l'après-midi, trois hommes s'affairent dans la cuisine du Skipper, restaurant installé sur le port de Saint-Nazaire.
Guillaume Brisard, le chef du Skipper, Donatien Sahagun-Mencias, le chef du Chateau des Tourelles, à Pornichet et Hendrick Gervier, second cuisinier à cette même adresse. Les phrases sont courtes, parfois techniques, chacun sait ce qu'il a à faire.
Deux jours durant, le trio va s'affairer à préparer les repas du lendemain et surlendemain. Ainsi, pas de pression, juste du travail de qualité. Ensuite, trois autres chefs prendront la relève, et ainsi de suite...
Quand tout est prêt, un bénévole de l'association le Carillon passe chercher les plats et les distribuer. Les bénéficiaires sont des SDF, mais aussi parfois une famille de migrants ou de gens en très grande difficulté.
Solidarité culinaire, solidarité alimentaire, solidarité tout court
Astou Braire est chef executif dans le restaurant Maison Pavie à la Baule. Son métier est de coordonner le travail dans la cuisine qu'elle gère.Avec d'autres chefs de la Presqu'île, elle s'est mobilisée au départ du confinement en convaincant ses fournisseurs et producteurs locaux de lui fournir des produits, gratuitement, pour nourrir ceux qui n'ont pas l'argent ou le temps de se faire à manger.
Les 130 repas quotidiens deviennent bientôt 285, puis 450 et enfin 650 le dernier jour! Malheureusement il faut quitter cette cantine scolaire le 27 avril, car, heureusement, l'école va reprendre. Fin de l'aventure solidaire? Non.
Solidarité prolongée
Faute de cuisine, Astou et ses amis ont rapidement trouvé un autre moyen d'aider certaines personnes à se nourrir. Toujours en sollicitant les fournisseurs, l'équipe aide désormais trois associations de la Presqu'île.Le Secours Populaire de Guérande, l'association Saint-Vincent de Paul de Pornichet (32 bénévoles qui aident 65 familles), et l'ASA (Association Solidarité Andréanaise) de St André des Eaux. Ces associations viennent en aide à des familles monoparentales, des retraités, des actifs, des enfants. En toute discrétion et toute confidentialité.
L'équipe de bénévoles a pu réunir des denrées alimentaires d'un montant de 1 000 euros pour chaque association, une aubaine.
D'autres projets sont en cours, parce que le besoin de nombreuses personnes ne cessera pas avec le déconfinement.
Et parce que, comme dit Astou : ''un chef c'est forcément quelqu'un qui a du coeur. On ne peut pas être chef sans avoir du coeur''!