Dans le magazine de la création artOtech, nous laissons carte blanche à des artistes pour chorégraphier un lieu. Le danseur Nicolas Grosclaude rend hommage à la Loire et à l'immuable pierre qui domine le fleuve à Savennières.
Dans l'épisode d'artOtech consacré à l'académicienne Danièle Sallenave, nous avons demandé au danseur Nicolas Grosclaude d'improviser une chorégraphie sur les bords de la loire à Savennières, le village natal de l'écrivaine.
Ce jour-là, nous étions en tournage pour artOtech avec Danièle Sallenave sur les bords de Loire
Après trois séquences matinales filmées dans l'école, dans la bibliothèque qui porte son nom, et une carte blanche consacrée au cépage chenin qui fait la qualité du célèbre vin, une pause déjeuner dans un restaurant de Savennières s'imposait avant de réaliser notre "all we can do"...
Nous avions tous besoin de déguster même sur le pouce quelques anguilles et sandres empruntés au Fleuve royal qui baignait cette guinguette et cette agape, assez rare d'ordinaire sur nos tournages, de sa langueur automnale.
C'est là qu'est arrivé le danseur Nicolas Grosclaude. La présence, la simplicité, la délicatesse naturelle et les propos avenants et sincères de ce garçon ont très vite gagnés le coeur de l'équipe.
Une certitude dès lors avec Danièle Sallenave (qui n'avait pas résisté à une demi-douzaine d'huîtres savemment proposée par le patron) qu'avec Nicolas, nous allions vivre un moment assez magique.
Un café vite dégusté, nous partons au plus près de la Loire, sur un chemin de halage qui n'a plus vu de chevaux depuis bien longtemps, pour se retrouver au pied d'une monumentale pierre, un menhir comme posé là !
Nous étions sûrs avec Bertrand Guérry que cette rencontre avec la nature serait inspirante pour Nicolas, que la confrontation avec ce paysage minéral et ce petit bout de Loire n'allait donné que plus de force à la gestuelle hybride que ce danseur revendique comme une recherche essentielle.
Nous savions aussi que ce garçon, nourri des rythmes hip hop de son adoslescence, de sa formation académique à Bordeaux et des performances mises en scènes par quelques maîtres contemporains, en avait sous le pied nu. Nous n'avons pas été déçus !
Amélie NothombPersonne n'habite autant la totalité de son corps que les grands danseurs
Le confinement et la danse
La danse symbole de liberté s'oppose presque par nature au confinement mais pas le mouvement qui peut prendre naissance là où il veut !L'idée est de faire avec, de s'y soumettre mais pourrait-il être aussi une source d'inspiration ? Pour cet alsacien, avide de voyages qui a fait ses apprentissages en Allemagne, en France : "le confinement n'est pas plus propice à la création qu’une autre période" mais il apporte quelque chose de différent : "cette période de ralenti complet peut être très bénéfique à l’esprit créatif de tous". Malgré son aspect tragique, il espère que "c'est peut être aussi le début d’un tournant important pour beaucoup d’entre nous".
Le rôle de la danse
Nicolas l'affirme comme un mantras "la danse est inhérente à l’être humain au même titre que chaque moyen d’expression artistique" . On sait qu'elle a beaucoup évoluée, qu'elle est devenue extremement technique "mais elle reste quelque chose d’universel, de commun et de fédérateur.
Même pour des non pratiquants, elle attire toujours un regard ou une réaction".
La danse chez lui s'est imposée petit à petit. Une découverte en amenant une autre, il s'est laissé emporter par une envie d’aller "toujours plus loin dans ce que mon corps pouvait créer. Ça a été un long enchainement de rencontres, d’échanges, d’introspections et de limites à franchir qui n’ont fait que me tirer plus sur cette voie".
Pour voir ou revoir l'épisode artOtech consacré à Danièle Sallenave dans lequel Nicolas a dansé, c'est ici :
Quelques repères sur Nicolas Grosclaude
Nicolas Grosclaude nait en 1994 à Schiltigheim en Alsace.Il découvre la danse Hip hop à 14 ans, d'abord en région parisienne puis à Düsseldorf où il commence le break en 2010.
Après quelques années de pratique, il décide de s'initier aux danses académiques et démarre une formation intensive en danse classique et modern jazz.
En 2014 il emménage à Bordeaux et intègre la formation professionnelle de la Compagnie Rêvolution. Il y découvre la danse contemporaine et y développe une gestuelle hybride.
A partir de 2015 il commence à travailler avec plusieurs chorégraphes comme Lene Boel, Fouad Boussouf, Andrew Skeels ou Thomas Guerry.