Six personnes ont été mises en examen à Nancy pour des escroqueries visant des clubs de football de L1 et L2, dont Angers SCO et le FC Nantes, a indiqué vendredi la Juridiction interrégionnale spécialisée (Jirs). Le club Nantais, contacté, explique être parvenu à déjouer les tentatives.
Ces six personnes ont été mises en examen pour, entre autres, escroquerie et tentative en bande organisée, blanchiment d'escroquerie en bande organisée et association de malfaiteurs, a indiqué la Jirs de Nancy dans un communiqué. Trois individus ont été incarcérés, les trois autres placés sous contrôle judiciaire.
"À compter du mois d'août 2017, plusieurs services comptables de clubs de football recevaient des appels téléphoniques de personnes se présentant comme agents de joueurs et voulant signaler un changement de compte bancaire sur lequel faire virer le salaire du joueur", a raconté la Jirs. Une quinzaine de clubs - dont Angers, Nantes, Dijon, Toulouse, Rennes, Brest, Marseille, Lorient et Sochaux - a été contactée "entre août et novembre 2017, soit pendant le mercato", a précisé la Jirs. Le préjudice est estimé à 700.000 euros. "L'escroc donnait des informations précises démontrant une parfaite information des organes dirigeants du club et de son fonctionnement, renforçant ainsi l'apparente authenticité et légitimité de sa demande", a-t-elle ajouté.
Au FC Nantes, le club admet avoir porté plainte pour l'escroquerie. Mais explique avoir détecté la tentative, et ne rien avoir effectivement viré sur certains comptes. Le potentiel préjudice d'Angers SCO est pour l'instant inconnu.
Le malfaiteur fournissait au téléphone la "véritable identité du joueur et de son agent, mais avec un faux relevé d'identité bancaire et rappelait plusieurs fois le comptable du club, sur une période très courte, le pressant et vérifiant la bonne réception du RIB", selon la juridiction. L'argent viré sur le compte désigné était ensuite rapidement transféré vers des comptes à Malte ou en Bulgarie.
Le réseau est également soupçonné d'escroquerie à l'investissement dans les diamants et les bitcoins, visant une cinquantaine de particuliers. Neuf personnes ont été interpellées le 11 avril par une quarantaine de policiers à Paris et Marseille. Lors de leur garde à vue, deux informaticiens et deux personnes chargées du blanchiment d'argent ont reconnu "leur rôle dans le réseau tout en minimisant leur implication" et en expliquant ignorer la destination frauduleuse de leurs activités.
La personne suspectée d'être le coordinateur en lien avec un donneur d'ordre israélien a réfuté les accusations, "se présentant comme un chef d'entreprise d'une société de dépannage rapide", a détaillé la juridiction. L'enquête, menée par les polices judiciaires de Marseille, Dijon et Angers, ainsi que le Groupe d'intervention régional des Pays de la Loire, sous l'égide de la Jirs de Nancy, cherche à identifier d'autres victimes.