Les sols des marais de Brière recèlent une matière précieuse : le morta, un bois qui a traversé les millénaires, protégé par la tourbe. Un matériau idéal pour la fabrication de couteaux.
Il y a dix ans, Jean-Henri Pagnon, artisan coutelier, a eu une révélation : "J'ai découvert l'histoire du morta au hasard d'une lecture du livre La Brière de Chateaubriand. Le coup de foudre a été immédiat". Il dépose alors la marque Le Morta, et part à la recherche du précieux matériau. Aujourd'hui, son atelier situé à Saint-André des Eaux est en plein développement. Plus de 4 000 couteaux y ont été fabriqués en 2020.
Il y a 5 000 ans, entre le Néolithique et l'âge de bronze, une forêt de chênes se trouvait à la place des marais. "Lorsque les arbres sont tombés, ils ont été ensevelis par le sol, constitué de tourbe en formation", raconte le coutelier. Ainsi protégé et privé d'oxygène, le bois s'est minéralisé et a perduré jusqu'à notre époque.
L'artisan creuse entre 80 centimètres et 1m20 pour récupérer les essences rares : "c'est un matériau qu'on va chercher tous les jours entre septembre et octobre car c'est la période de l'année où le niveau de l'eau est le plus bas dans le marais, on peut creuser sans risque de provoquer des inondations".
Le bois est travaillé pour fabriquer le manche des couteaux. "C'est un bois qui est assez dingue, parce qu'il n'est pas complètement noir et a tout le temps une couleur différente. Travailler une matière précieuse et aussi vieille, ça ajoute un cachet à notre travail", confie Vimala Loiselet, responsable de production et de fabrication.
Selon la taille et les heures de travail nécessaires sur la lame ou le manche, un Morta se vend entre 100 et 500 euros.