Comme chaque année, lors du dernier week-end de juin, la SNSM organise les journées nationales des sauveteurs en mer. En Loire-Atlantique, il y a quatre centres permanents : Pornichet, La Turballe, Pornic et Le Croisic, qui tous, ouvrent leurs portes au public.
A la station SNSM du Croisic, l'une des quatre permanentes de la côte de Loire-Atlantique avec celles de La Turballe, de Pornichet et de Pornic (Saint-Brevin-les-Pins et Mesquer ne sont activées que l'été), le public se pressait ce samedi pour visiter la boutique et le canot tous temps.
Des animations permettent aussi pendant ce week-end de "Journées Nationales des Sauveteurs en Mer", de découvrir et comprendre comment fonctionnent les stations et leurs bénévoles. Ceux-ci, d'ailleurs, étaient mobilisés pour recevoir les visiteurs.
"C'est une ambiance d'hommes de la mer, d'équipe, tout le monde est soudé"
Fils de marin pêcheur, Gérard Le Cam, bientôt 80 ans, se souvient des coups de sirène qui, au Croisic, quand il était enfant, donnaient l'alerte. Avec les autres gosses de son âge, il fonçait vers la station de sauvetage pour aller aux nouvelles, savoir qui était en péril.
"C'est resté ancré dans ma mémoire" dit-il.
Des décennies plus tard, après être revenu dans la région, Gérard Le Cam est devenu le président de la station SNSM du Croisic, sur la Côte nord de la Loire-Atlantique. C'est son deuxième mandat.
"On va comparer ça à un rôle de chef d'entreprise, explique-t-il. 35 bénévoles, 28 embarqués, un canot tous temps, un semi-rigide, un abri, une boutique. Le Croisic réunit tout le panel des moyens de la SNSM, ce qui demande beaucoup d'énergie pour faire tourner cet ensemble. C'est une ambiance d'hommes de la mer, d'équipe, tout le monde est soudé."
Il apprécie, quand le canot prend la mer par mauvais temps, de voir les équipiers près du patron à la barre, "C'est très prenant, c'est fort" dit-il.
"Je leur fais totalement confiance"
"Le sauvetage, c'est un métier, reconnait Gérard Le Cam qui n'est, lui-même, pas un homme de mer. Ça demande des connaissances que je n'ai pas. Les patrons qui sont à la barre, ce sont des gens qui ont trente, quarante ans de métier, qui sont à la retraite. Je leur fais totalement confiance."
"C'est un leader et il prend les bonnes décisions pour que la station marche bien, dit de lui Thierry Ragot, l'un des cinq patrons (pilote et chef d'équipe du canot de sauvetage) de la station SNSM du Croisic. Il faut des hommes comme ça pour cette belle mission qu'est le sauvetage en mer."
Mais, pour la mission de sauvetage en elle-même, le patron est seul maître à bord.
Et depuis, l'accident dramatique des Sables d'Olonne, en juin 2019, lors duquel un canot de la SNSM a sombré au cours d'une opération de sauvetage, faisant trois morts parmi les sauveteurs, la décision de partir en mer et d'emmener une équipe est encore plus prégnante pour le patron qui est seul à faire le choix.
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"C'est à lui de juger, de savoir si la mission est réalisable ou pas, déclare Thierry Ragot.
Chez les Le Cam, la SNSM du Croisic est une histoire de famille. L'épouse du président est elle-même embarquée dans le navire. C'est un peu une autre famille pour Renée Le Cam qui tient la boutique.
"C'est dangereux la mer"
"Je m'y suis mise, dit-elle. On a même rajouté un petit musée, une exposition d'objets anciens consacrés au sauvetage en mer. Parce que le sauvetage en mer existe depuis 150 ans et même plus. Donc, il y a des traces et c'était un peu un challenge de les montrer. A travers ces objets anciens, ça nous permet de parler de la SNSM d'aujourd'hui."
Renée aime à rappeler qu'elle et son mari sont bretons. "Ça nous parle la mer, dit-elle. Mais, on est très respectueux, c'est dangereux. Il faut être compétent pour aller en mer."
Un nouveau canot
En septembre prochain, la station SNSM du Croisic accueillera son nouveau canot, plus spacieux, plus puissant. La zone d'intervention qui va, aujourd'hui, jusqu'à 40 km des côtes, s'en trouvera doublée. La station sera agrandie pour pouvoir loger ce nouvel équipement.
Le budget de la station est financé à 80% par les dons et 20 % par des subventions et les animations comme lors de ces journées nationales des sauveteurs en mer qui se poursuivent tout ce week-end.
9000 bénévoles
Si les premières sociétés de sauvetage en mer ont été créées en 1820 avec le développement de la pratique des bains de mer, le premier véritable canot de sauvetage a vu le jour en 1833. Les sociétés de sauvetages ont été regroupées en 1865, sous le nom de Société centrale de sauvetage des naufragés.
En 1967, la Société nationale pour la sauvegarde de la vie humaine et le sauvetage des naufragés en mer et sur les côtes voit le jour, rapidement rebaptisée SNSM, Société Nationale de Sauvetage en Mer, reconnue d'utilité publique en 1970.
9000 bénévoles y donnent de leur temps et de leurs compétences, soit en mer, soit sur les plages avec les nageurs sauveteurs.
En 2022, plus de 32 000 personnes ont été prises en charge.
CHIFFRES CLÉS 2022
• 1 Pôle national de formation (Saint-Nazaire) ;
• 32 centres de formation et d’intervention ;
• 900 formateurs bénévoles ;
• 426 000 heures de formation accomplies ;
• 5 623 exercices réalisés dans les stations de
sauvetage ;
• 12 568 formations délivrées ;
• 442 embarcations dédiées à la formation,
surveillance des plages et sécurités nautiques.
• 6,5 M€ de dépenses de formation
Olivier Quentin avec Olivier Cailler
►Le reportage de Olivier Cailler, Antoine Ropert et Nathalie Saliou.