Ils ont nommé cette action "L'acte 4 des Soulèvements de la Terre contre les carrières de sable du cimentier Lafarge". Les 19, 20 et 21 juin, la population est appelée à se réunir à Saint-Colomban, au sud de Nantes, pour s'opposer à l'extension des carrières et du maraîchage industriel.
"Contre l'extension des carrières de sable Lafarge gsm et les mers de plastique", c'est le mot d'ordre du mouvement national "Les soulèvements de la Terre" qui soutient ce rassemblement qui se tient sur trois jours, les 19, 20 et 21 juin à Saint-Colomban, en Loire-Atlantique.
Le mouvement qui lutte contre "la bétonnisation, les industries polluantes et l'accaparement des terres vivrières par l'agro-industrie", a donné rendez-vous avec le collectif local "La Tête dans le Sable" aux populations concernées sur cette commune du Pays de Retz où les cimentiers Lafarge et GSM exploitent deux carrières de sable.
"La pression des carriers s'accentue auprès des habitants et des élus pour les pousser à valider des extensions qui se feraient dès 2022, déclare Sylvain Jalot, codirigeant de "La Tête dans le sable". On veut aujourd'hui renverser la pression, leur dire qu'on est là, qu'on est nombreux et qu'on va être extrêmement vigilants sur les projets qu'ils ont. Ce qu'il nous prévoient pour l'avenir va être catastrophique pour le territoire."
Un projet d'extension sur 70 hectares
Les militants de ces associations, appuyés par différents collectifs dénoncent l'extraction de millions de tonnes de sable "défigurant le paysage, anéantissant le bocage et affectant profondément les nappes phréatiques" disent-ils.
Ce qui les inquiète également, c'est le projet d'extension sur 70 hectares supplémentaires.
Le sable, une des matières premières de l'industrie du bâtiment, est aussi destiné au maraichage intensif, dans les serres.
Blocage des carrières
Pour cette action à Saint-Colomban, trois jours d'occupation sont prévus. avec campement, cortège dans les terres concernées, concerts, tables rondes, initiation aux techniques d'auto-construction terre-paille. Lundi, les participants doivent poursuivre leur action par le blocage des carrières pour exiger l'abandon du projet d'extension.
Pour Clément Ribault qui a répondu à cet appel, il faut garder en France un monde paysan qui fait de la vente directe, cultive des produits de qualité. "Si on veut garder ça, dit-il, il faut juste préserver les terres agricoles et garder des fermes de taille modeste". Lors de cette crise sanitaire, Clément, qui est un ancien ingénieur reconverti dans la boulangerie, a constaté une certaine prise de conscience avec une plus forte demande de produits locaux. "Mais il n'en est pas resté énormément de choses, regrette-t-il. Il y a certainement des pensées, des réflexions qui sont en cours, mais c'est au niveau des citoyens. Au niveau gouvernemental, il n'y a pas eu de vrai mouvement."
"Il y a une incohérence manifeste"
Le collectif "La Tête dans le sable" qui réunit les opposants locaux au projet d'extension des carrières a mandaté deux avocats pour défendre sa cause.
"Quand les dossiers pour l'extension de la carrière vont sortir, explique Thomas Dubreuil, l'un des avocats avec Maxime Leborgne, on va regarder s'ils sont conformes à la réglementation et on va surtout interroger leur compatibilité avec des documents qui fixent les destinations agricoles pour ces terres-là. Il y a une incohérence manifeste entre le fait qu'on autorise une extension de carrière alors que de l'autre côté, la collectivité a dit : on veut préserver de manière perenne ces espaces-là."
►voir le reportage
L'avocat fait référence au schéma de cohérence territoriale qui définit les destinations des terres. Or, sur la zone concernée par le projet d'extension des carrières, le SCOT a précisé qu'il s'agit d'espaces agricoles perennes, ils doivent donc rester dédiés à l'activité agricole. Thomas Dubreuil s'appuiera sur ces éléments pour contester une éventuelle autorisation d'extension devant le juge administratif.
"Les citoyens ne comprennent pas, ajoute l'avocat, qu'on ait un discours notamment présidentiel ou législatif qui accentue sur l'absence de consommation de terres agricoles et naturelles et que des projets continuent d'émerger."