Nantes : la Maison des Familles, un squat devenu indispensable face à un accueil d'urgence saturé

Ouverte il y a quinze mois par une poignée de militants, la Maison des familles dans le quartier Zola a accueilli plus de 350 personnes, principalement des femmes et des enfants. Un lieu refuge pour des dizaines de réfugiées qui, sans son existence, dormiraient à la rue. Mais un hébergement fragile car illégal et qui peut à tout moment être évacué. Les bénévoles se mobilisent pour que la Métropole nantaise prenne le relai.

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Ce matin, Mathilde, l'une des bénévoles qui assurent l'accueil des familles, a accompagné un couple et son enfant à la gare. Après plusieurs mois passés dans ce squat du quartier Zola, ils ont obtenu les papiers leur permettant d'accéder à un logement à Montaigu. Une victoire.

C'est dans ces moments-là, quand ils voient leurs protégés commencer à s'en sortir, que les militants puisent l'énergie de continuer à faire tourner la Maison des Familles.

"La preuve que cette maison est devenue incontournable, qu'elle est indispensable. En un an et demi, nous avons accueilli quelques 350 personnes. Elles arrivent ici pour une nuit, restent parfois plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Nous sommes un sas, entre la rue et le 115 qui est chargé d'orienter les familles sans abri vers des hébergements d'urgence." raconte Mathilde.

"Le 115 ne répond plus depuis plusieurs semaines ajoute Natacha, une autre bénévole, quand les femmes appellent pour être hébergées, on leur répond de rappeler le lendemain. Parfois même, des assistantes sociales nous appellent pour savoir si on a une place libre dans un squat...la situation est tout simplement délirante".

Un lieu devenu aussi indispensable qu'insalubre

Mais dans cette demeure qui dispose de huit chambres, et où vivent 30 personnes dont quatorze enfants, la situation sanitaire se dégrade jour après jour.

Les murs sont imprégnés d'humidité, les fuites d'eau sont légion. Alors la plupart du temps, les occupantes préfèrent couper l'arrivée d'eau...

"Cette maison est bonne mais on a besoin d'une autre maison"  nous glisse Rahmma en anglais.

"Il fait froid, car il n'y a pas de chauffage, et il n'y a qu'une douche. Ce n'est pas correct pour les enfants qui vont à l'école, on est obligées de faire chauffer de l'eau dans la cuisine pour se laver" soupire Mariam, qui vit ici depuis cinq mois.

Et puis il y a les cafards...

Récemment, la maison des familles a du faire face à une invasion qui a même touchée le supermarché voisin. 

Elle a été endiguée grâce aux travaux payés par l'Autre Cantine, une association qui vient elle aussi en aide aux réfugiés. La misère coûte cher. Déjà près de 5000 euros de dons ont été engloutis en frais de réparation. 

Une situation épuisante, portée à bout de bras par des militants.

"On sait qu'on ne pourra pas rester là ad vitamNous ce qu'on souhaite maintenant c'est que la ville de Nantes nous propose un lieu du même type où l'on pourrait accueillir de façon inconditionnelle et décente des personnes, qui, sinon, dormiraient dans la rue. Un lieu où l'on pourrait accompagner dignement ces femmes et leurs enfants" indique Mathilde.

Besoin d'une autre structure

"La loi dit que l'État, la collectivité se doit  de mettre à l'abri et d'assurer le suivi des personnes qui en ont besoin, martèle Philippe Legrand de la LDH, et si la loi était appliquée on n'en serait pas là. Aujourd'hui à Nantes plusieurs centaines de personnes hommes femmes enfants ne savent pas où elles vont dormir ce soir dans deux jours ou une semaine" . 

Face à la situation fragile de la maison des Familles, les associations réunies dans l'inter- collectif "Personne à la rue" ont une proposition.

"La candidate Johanna Rolland a fait une promesse pendant sa campagne : que 1% du budget de Nantes Métropole (13 millions par an) soit investi pour des mises à l'abri. Cet engagement a été voté à l'unanimité. Nous demandons donc qu'une Maison des Familles pérenne, officielle, ouvre vite sur l'agglomération". 

Une rencontre est prévue dans une dizaine de jours avec des représentants de la mairie. Mariam, Odile, India, Rahmma qui, ici, ont trouvé un peu de répit dans leurs parcours d'exilées, espèrent qu'elle sera concluante. 

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