Oui ou non à un aéroport à Notre-Dame-des-Landes? Les habitants de Loire-Atlantique se prononçaient dimanche sur l'avenir de ce projet controversé, lors d'une consultation inédite en France, voulue par l'exécutif pour sortir de l'impasse sur ce dossier vieux de 50 ans.
Les 967.500 électeurs du département sont invités à répondre par "oui" ou par "non" à la question: "Êtes-vous favorable au projet de transfert de l'aéroport de Nantes-Atlantique sur la commune de Notre-Dame-des-Landes?".
L'ancien Premier ministre socialiste Jean-Marc Ayrault, l'un des plus fervents défenseurs de ce transfert, et seul membre du gouvernement à prendre part au vote, a glissé son bulletin dans l'urne à 17h30 dans une école du centre de Nantes. Le ministre des Affaires étrangères s'est "félicité de cette consultation, décidée par le président de la République". "Je constate que, malgré les critiques, la meilleure réponse, c'est la participation. (...) Lorsqu'on demande l'avis des citoyens, ils le donnent", a-t-il brièvement déclaré.
► REPORTAGE. Ambiance dans les bureaux de vote (journaliste : Olivier Quentin et Dominique Le Mée) :
A 16 heures, la participation atteignait 31,88% pour la seule commune de Nantes, où les 200 bureaux fermeront à 20 heures.
A Notre-Dame-des-Landes, à une vingtaine de kilomètres au nord, elle s'élevait à 65 à 70% à la même heure, selon le maire (sans étiquette) de la commune de 2.000 habitants, Jean-Paul Naud. Et 41,36% des électeurs de Bouguenais, où est situé l'actuel aéroport nantais, au sud de la ville, avaient voté à 15 heures.
« En cas de victoire du "Non", le projet sera abandonné »
La majeure partie des 1.051 bureaux de vote répartis sur les 212 communes du département ont fermé à 18 heures. Ils sont restés ouverts jusqu'à 19 heures dans plusieurs communes de l'agglomération de Nantes.Le résultat, connu dans la soirée, doit décider des suites à donner à ce projet, décidé dans les années 1960 et déclaré d'utilité publique en 2008. Le Premier ministre Manuel Valls a réaffirmé qu'en cas de victoire du "non", le projet sera "abandonné", et qu'en cas de victoire du "oui", les travaux débuteront "dès l'automne prochain".
«Jamais trop tard»
A Nantes, les électeurs affluaient en fin d'après-midi, après la qualification de l'équipe de France en quart de finale de l'Euro de football, pour accomplir, comme ailleurs dans le département leur "devoir citoyen". "Pour nous, c'est important de savoir où sera le prochain aéroport. (...) On espère que cette consultation soit vraiment prise en compte", témoigne Catherine, 55 ans, à la sortie d'un bureau de vote nantais. "Ce n'est jamais facile. On se rend compte qu'on n'est pas au courant de tout. La consultation, ça aurait peut-être dû se faire plus tôt, mais il n'est jamaistrop tard de faire participer les citoyens", déclare Françoise, 51 ans.
Première du genre en France, cette consultation locale avait été annoncée le 11 février par François Hollande, dans l'optique de trancher sur ce dossier, qui empoisonne depuis le début de son quinquennat les relations entre socialistes et écologistes.
Pour organiser ce scrutin un peu "particulier", qui ne nécessite pas un seuil
minimum de 50% de participation pour être validé, l'exécutif a dû prendre une ordonnance
modifiant le Code de l'environnement. Taillée sur mesure pour Notre-Dame-des-Landes,
elle donne aussi la capacité au gouvernement de lancer, sur d'autres projets, des
scrutins similaires, et convoquer les électeurs par décret.
Dénonçant une consultation "biaisée" et "illégitime", notamment en raison de son
périmètre réduit à la seule Loire-Atlantique, réputée plus
favorable au "oui", des associations et des particuliers ont tenté de faire annuler
le scrutin par le Conseil d'État. Mais ce dernier l'a déclaré conforme, lors de
deux décisions, lundi et mercredi.
"L'aéroport du Grand Ouest", dont la concession a été attribuée en décembre 2010
au groupe de BTP Vinci pour une durée de 55 ans, devait initialement accueillir
ses premiers avions en 2017. Les travaux n'ont jamais démarré, notamment en raison
d'une forte contestation des opposants, devant les tribunaux et sur le terrain.