À l'hôpital psychiatrique Saint-Jacques de Nantes, les salariés en charge de la sécurité viennent travailler "la boule au ventre"

Ils sont en grève depuis 8 mois. Le personnel du service de sécurité, sureté et d'accueil de l'hôpital Saint- Jacques de Nantes dénonce des conditions de travail inacceptables. Dans le contexte du drame de Reims, où une infirmière est morte poignardée par un homme atteint de troubles mentaux, les professionnels espèrent une réaction de la direction, mais leurs revendications restent lettre morte.

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D'immenses banderoles drapent les grilles de l'entrée de l'hôpital Saint-Jacques à Nantes. Depuis 8 mois, ils alertent. Depuis 8 mois, ils dénoncent. Mais rien ne bouge. Leurs revendications restent lettre morte. Et les négociations sont toujours au point mort. Le drame de Reims qui a coûté la vie à une infirmière de 38 ans n'a rien changé. Alors chaque matin, ils viennent travailler "la boule au ventre". Comme Elise Le Bail, infirmière en psychiatrie et déléguée CGT du personnel.

"Nous alertons la direction presque tous les jours. Ici, sur l'hôpital Saint-Jacques, nous accueillons la rééducation, toute la psychiatrie. Il y a des situations à risque qui frôlent le drame chaque jour. Le mois dernier encore, il y a eu intrusion d'une patiente qui a menacé les collègues avec une arme blanche. Heureusement, ils se sont réfugiés dans un poste de soins. Ç'aurait pu tourner comme le drame de Reims. C'est inacceptable d'en arriver là ! ", déplore l'infirmière

Ce que réclament les salariés ?  Des effectifs de sécurité supplémentaires. "Pour assurer la sécurité et prévenir aussi les risques incendie. Nous avons aussi des patients psychiatriques non hospitalisés qui reviennent sur le site. Dans le local de sécurité, il n'existe pas de deuxième issue de secours. Si quelqu'un parvient à entrer, aucun moyen de s'échapper pour sauver leur vie", explique Elise Le Bail. 

"On a peur pour notre vie"

La direction le sait. Le gouvernement le sait. Tout le monde s'émeut quand il se produit le pire comme à Reims. Mais ils ne font rien ! Pourquoi ils ne mettent pas plus de personnel pour la sécurité et plus de soignants dans les services. Y'en a marre, on a peur pour nôtre vie

Elise Le Bail

Déléguée CGT du personnel, infirmière en psychiatrie

Maxence rivière, est employé depuis 4 ans. "Je suis agent de sécurité, mais sur nos fiches de poste, il est écrit agent hospitalier. Cela permet à la direction de nous demander des missions très différentes. En fait, on gère tout : l'accueil, la sécurité, les problèmes techniques".

Ce qui bloque, c'est que la direction refuse une revalorisation salariale, portée par les syndicats, la réévaluation en catégorie B. "On sait que dans certains hôpitaux ça se fait. Pourquoi le CHU de Nantes fermerait les portes ? Ils répondent au carcan budgétaire imposé par l'Agence régionale de santé et le ministère. Pour eux, un sou est un sou, il faut rester dans l'enveloppe. La situation est devenue intenable ", se désole Tony Gilbert, secrétaire national FO, du CHU de Nantes.

En cas d'agression, on maintient le patient au sol et on attend. La dernière fois, on était tout seul pendant 4 heures. On n'a pas eu d'aide des soignants. Ils ont expulsé le patient du service, après ce n'est plus de leur ressort. La police n'a pas voulu venir. Au final, les pompiers l'ont embarqué aux urgences. Il a été relâché dans la nature.

Maxence Rivière

Agent de sécurité incendie

Julien, lui aussi, est agent de sécurité incendie. "Nous sommes confrontés à des crachats, de la violence verbale ou physique. Nous gérons aussi les accès, donc on se fait régulièrement insulter à la barrière. Après ça peut être avec les patients, dans les services, sur le site", raconte le salarié.

"Certains prennent des rails de cocaïne à la cafétéria"

Ici, il y a beaucoup de deals, de drogues qui circulent. C'est très compliqué à gérer. Nous ne sommes pas formés pour ça. Et nous n'avons aucun droit d'intervenir. On ne peut rien faire !

Julien Cauneau

Agent de sécurité incendie

 Julien est formel, l'hôpital Saint-Jacques s'apparente presque à une plaque tournante.

Les dealers entrent. Ils fournissent les patients, les visiteurs. On a aussi des patients qui dealent et qui consomment sur le site. Certains prennent des rails de cocaïne à la cafétéria. Et la police ne peut rien faire

Julien Cauneau

Agent de sécurité incendie

Dans de telles conditions, Julien peine à être serein. "Psychologiquement, c'est dur de venir travailler. On ne peut être détendu, on peut se sentir en danger selon les situations. Ça peut basculer à chaque instant. Et on ne peut pas dire que salaire soit attractif, avec 15 ans d'ancienneté l'agent de sécurité gagne 80 euros de plus que le Smic en brut. Ce qui est peu de nos jours. La revalorisation que nous demandons nous ferait gagner 100 à 150 euros de plus par mois.  Mais aujourd'hui, pour la direction, même une petite prime de 30 euros, c'est trop. Le combat s'annonce très compliqué. D'autant qu'on cherche à nous sanctionner et à bafouer le droit de grève", conclut Julien.

Contactée, la direction de l'hôpital Saint-Jacques n'a pas souhaité s'exprimer pour l'instant.

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