C'est l'un des sujets de préoccupation majeure face aux épisodes de sécheresses à répétition : l'approvisionnement en eau potable. À Nantes, la situation est devenue très tendue, la faute notamment au bouchon vaseux. Des sédiments qui remontent le lit de la Loire jusqu'au point de captage, situé juste en amont de la métropole.
Le bouchon vaseux est aussi vieux que la Loire... Il flotte là où l’eau salée et l’eau douce se rencontrent. Reconnaissable à sa couleur marron, cet amas naturel de sédiments décomposés au contact du sel, menace l’alimentation en eau potable en Loire-Atlantique.
Pris en étau entre la pression exercée par l’océan et celle du fleuve, le bouchon se déplace au gré des marées. Mais en cas de sécheresse, le faible débit de la Loire ne parvient plus à faire face à la puissance de la mer... Alors le bouchon s’enfonce jusqu’à approcher dangereusement le point de captage situé à Mauves-sur-Loire et perturber le traitement de l’eau.
On arrive aux limites du système
"Toutes ces matières en suspension, il faut les retirer, et du coup, ça forme beaucoup de boue qui décante dans les ouvrages et à un moment donné, on arrive aux limites du système", constate Pascal Roussiès, responsable technique production d'eau potable à Nantes métropole.
En 2019, l’usine d’eau a dû cesser sa production pendant plusieurs heures. Des châteaux d’eau ont pris le relais et maintenu l’approvisionnement, mais leur autonomie n’excède pas 24 heures. Un avertissement pour les autorités.
La moitié des foyers de Loire-Atlantique, et 90 % de l’agglomération nantaise, sont alimentés en eau potable grâce à l'usine de Mauves-sur-Loire
Pascal RoussièsResponsable technique production d'eau potable à Nantes métropole
"Demain, il peut y avoir plusieurs scénarios. On peut imaginer, c’est ce qu’on espère, qu’il y ait une crue de Loire suffisamment forte pour évacuer ce bouchon en mer ce qui permettrait de faire un reset, expose Pascal Roussiès. Mais si les étés prochains sont similaires aux étés qu’on est en train de subir, le scénario va devenir de pire en pire".
Sans attendre le pire, plusieurs options sont sur la table : faire reculer l’usine de captage ou adapter les traitements de l’eau.
Des projets coûteux, mais quasi inévitables, puisque le GIEC des Pays de la Loire prévoit une baisse du débit du fleuve de 50 à 70 % d'ici à la fin du siècle.
Un reportage de Carla Butting et Valérie Brut