Quatre hommes ont été mis en examen pour tentative de meurtre en bande organisée et écroués dans l'enquête sur l'agression d'un blogueur azéri en mars 2021 à Nantes.
Nous l'avions rencontré l'année dernière. Mahammad Mirzali est un blogueur qui dénonce la corruption et l'autoritarisme en Azerbaïdjan. Il vivait reclus chez lui dans la peur après une violente agression en pleine journée quai de la Fosse dans le centre-ville de Nantes le 14 mars 2021. Une dizaine de coups de couteaux et des menaces : "On va te couper la langue". Il a survécu après une opération chirurgicale de six heures.
Début-avril, quatre agresseurs ont été arrêtés. Un soulagement pour le journaliste indépendant : "cela fait du bien au moral", lance-t-il en remerciant le travail des services de police.
Les quatre hommes arrêtés sont âgés de 26 à 35 ans, selon le procureur de la République de Rennes Philippe Astruc. Trois d'entre eux sont nés en Azerbaïdjan et un en Géorgie. Aucun ne présente "d'antécédents judiciaires significatifs".
A l'issue de cette garde à vue, "ils ont été présentés au juge d'instruction de la JIRS (Juridiction interrégionale spécialisée, spécialement de la lutte contre la criminalité organisée, ndlr) de Rennes en charge de l'enquête. Ils ont été mis en examen des chefs de tentative de meurtre en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un crime et ont tous été placés en détention provisoire".
Malgré les tentatives d'intimidation, Mahammad Mirzali continue de dénoncer les travers de la politique en Azerbaïdjan sur les réseaux sociaux. Le pays occupe la 167e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2021 établi par Reporters Sans Frontières, qui se salue cette arrestation.
"Nous aimerions que l’enquête se poursuive et qu’elle mène aux commanditaires. Nous avons de fortes raisons de penser que la tentative de meurtre de Mahammad Mirzali est liée au pouvoir azerbaidjanais", réagit Pauline Adès-Mével, rédactrice en cheffe et porte-parole de Reporters sans frontières.
L'homme de 28 ans ne se sent toujours pas en sécurité, il sort peu de chez lui et observe parfois un groupe d'individus postés devant son appartement en train de prendre des photos. Mahammad Mirzali vit encore sous protection policière.