Assises de la Mer à Nantes, Emmanuel Macron veut "faire de la France la première nation européenne sur l’éolien flottant d’ici 2050"

Très attendu dans les Pays de la Loire sur les thématiques de la pêche et de l'éolien marin, Emmanuel Macron a fait des annonces chiffrées et interpellé le patron des pêcheurs ligériens sur les premières retombées économiques de sa politique de décarbonation.

Le président de la République Emmanuel Macron était l'invité des assises de la mer qui se déroulent à Nantes à la cité des congrès jusqu'à mercredi 29 novembre. 

Pour les 18es assises de la mer, le chef de l'État était à nouveau au rendez-vous. Entre deux conférences sur les futures stratégies de décarbonation de la France, le président de la République, invité, a pris la parole sur la scène de l'auditorium de la cité des congrès de Nantes durant plus d'une heure.

Le thème des Assises cette année était la souveraineté énergétique et alimentaire de la France.

L'occasion de faire le point sur la filière pêche, en souffrance dans la région, et sur l'éolien marin. Et de faire réagir les acteurs du milieu et les élus des littoraux. 

"Faire de nos ports français des champions"

En septembre 2022, Emmanuel Macron était venu inaugurer le premier parc éolien offshore français au large de Saint-Nazaire dans la baie de Guérande. 80 éoliennes qui fournissent la consommation en électricité de 20 % de la Loire-Atlantique. Un projet d'envergure. L'arbre qui cachait la forêt.

Car le président avait alors annoncé sa volonté de créer 50 parcs éoliens marins au large de nos côtes françaises d'ici à 2050. Et l'État a annoncé son soutien au futur deuxième parc de la région, en Vendée, entre l'île d'Yeu et Noirmoutier. Un parc de 62 éoliennes qui devrait être mis en service en 2025.

Cet objectif ambitieux, le président de la République est donc venu le réaffirmer plus haut et fort ce mardi 28 novembre. Avec l'intention de miser et développer en force l'éolien flottant. 

"Je souhaite faire de nos ports français des champions. Faire de la France la première nation européenne sur l’éolien flottant d’ici 2050 avec des investissements massifs dans les infrastructures de l’éolien flottant et sur les infrastructures portuaires en consolidant les filières françaises et européennes" a commencé par déclarer le président de la République. 

"Plus de 200 millions d'euros seront investis pour l'éolien flottant et les infrastructures portuaires".

"Vous voyez Monsieur Jouneau, l'argent tombe !"

Puis Emmanuel Macron a ajouté : "Beaucoup de gens ne nous croyaient pas lorsque nous avons lancé les premiers projets, mais ils en sont revenus. L'éolien en mer nous a permis de créer de l'emploi, je pense notamment au parc de Saint-Nazaire. Mais cela nous a aussi permis d'augmenter les recettes. 700 millions d'euros de recettes redistribués à la pêche, financés grâce à l'éolien marin. Et je pense à Monsieur Jouneau, vous voyez Monsieur Jouneau, ce n'était pas des promesses, l'argent tombe ! Je dis cela parce qu'il a dû toucher récemment son 1,5 million d'euros."

Le président du comité régional des pêches était pourtant absent de la salle, puisque les représentants régionaux n'étaient pas conviés à l'événement, comme il nous l'avait lui-même confié la veille de l'événement.

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"Enfin une promesse tenue !"

Ce à quoi José Jouneau, que nous avons contacté, a répondu, sourire aux lèvres, "Ce n'est pas 1,5 million d'euros mais presqu'1,9 million d'euros de taxe éolienne qu'on a touché. On touche ce qui nous a été promis. Enfin une promesse tenue !".

"C'est vrai, c'est récent, car j'ai été prévenu mardi dernier par notre comptable de l'arrivée de la somme. Je lui ai dit qu'il fallait le mettre aux îles Caïman sur mon compte personnel (rires). Trêve de plaisanterie, non c'est de l'argent public qui doit revenir au territoire. La pêche fait partie de ces retombées, la SNSM touche 5 %, et le restant est pour les communes littorales. C'est une nouveauté pour nous il va y voir tout un encadrement, dicté par un arrêté. Quelque part ça donne une certaine autonomie pour essayer de défendre au mieux les intérêts de la pêche en fonction de nos territoires. Ceux de la Bretagne par exemple sont différents de ceux des Pays de la Loire etc." 

"Après à quoi cela va servir ? Certainement pas à financer des bateaux. Vous connaissez le prix d'un bateau de pêche aujourd'hui ? 4 millions d'euros. Avec 1,9 million d'euros, on ne financerait qu'un demi-bateau de pêche. Donc pas d'intérêt à cela, mais ce qui est appréciable dans la démarche, c'est que cela nous responsabilise. Il faut que la pêche évolue."

Aide sur les carburants maintenue

Emmanuel Macron a également annoncé le maintien de l'aide pour les pêcheurs de 20 centimes par litre sur les carburants jusqu'en juin 2024. Une bouffée d'oxygène ? Pas pour tous, estime José Jouneau.

"Ce qui est rassurant c'est que ça remet tout le monde en place, avec une directive claire. Mais ça exclut tout un nombre d'entreprises de pêche, certains armements qui eux ont déjà atteint les plafonds des minimas. Or la pêche, ce n'est pas monolithique. Certains ont droit à des choses, d'autres non en fonction des différentes spécificités. Une grande partie de la flottille va être rassurée, mais les navires plus importants ou la grande pêche risquent de ne pas être totalement satisfaits", commente José Jouneau.

Quant aux annonces d'investissements sur les infrastructures portuaires grâce aux retombées économiques de l'éolien marin, le président du comité régional des pêches reste dubitatif. 

"Injecter de l'argent sur la filière pêche c'est très bien; on comprend que c'est une mesure de décarbonation, mais ce ne sont pas les pêcheurs malgré tout l'argent qu'on va leur donner qui vont inventer les moteurs décarbonés. Donc qu'on donne au pêcheur à un moment donné les possibilités de changer son outil, on peut le comprendre. Maintenant dire, on met 700 millions d'euros pour décarboner et d'un coup de baguette magique, on va tous être décarbonés,il faut un peu de réalisme dans tout ça".

Il faut un peu de réalisme dans tout ça.

José Jouneau

Président du comité régional des pêches

Exception française

Pour Yannick Moreau, le maire (LR) des Sables d'Olonne, présent aux assises, le bilan de ces annonces est plutôt positif. "Emmanuel Macron a utilisé le mot d'exception française de la filière pêche et je crois que c'était important qu'il l'utilise. On voit que la porte est ouverte pour construire à la filière pêche un avenir d'exception et cela c'est positif. Beaucoup de mots flatteurs ont été prononcés à l'égard du monde maritime, moins à l'égard des élus des littoraux qui sont quand même en première ligne face aux changements climatiques.

C'est une chance que le président de la République ait pris en main les sujets maritimes et littoraux car cela n'a longtemps pas été le cas en France. Mais on attend plus de concertation des élus locaux quant à la traduction dans les faits du plan pluriannuel de l'énergie annoncé pour janvier 2024

Yannick Moreau

Maire des Sables d'Olonne

Cette programmation pluriannuelle qui sera lancée en janvier 2024 prévoit notamment la baisse de la durée de traitement des dossiers de création de parcs éoliens à 5 ou 6 ans maximum, et le déploiement dès 2025 de 10 gigawatts supplémentaires produits par des énergies renouvelables d'ici à 2030.

Et Yannick Moreau de conclure : "Les annonces, c'est bien après, il faut des actes. Reste un petit regret, les questions de fragilité de l'océan, de la biodiversité et la lutte contre le fléau des plastiques en mer et sur le littoral qui à mon goût n'ont pas été assez évoqués".

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