L'ouvrage est le trait d'union entre l'île de Nantes et le Quai de la Fosse, dans le centre-ville. Le pont Anne de Bretagne va fermer au printemps 2024 pour des travaux de réaménagement qui dureront un an et lui donneront un nouveau visage. Pendant ces travaux, seuls les piétons et les cyclistes pourront l'emprunter.
À l'horizon 2026/2027, le nouveau pont Anne de Bretagne n'aura plus rien à voir avec ce qu'il est actuellement.
Vieux de près de 50 ans, l'ouvrage ne sera néanmoins pas détruit, mais englobé dans le nouveau pont qui sera trois fois plus large en "garantissant la perception d'un ouvrage unique" précise le dossier de présentation du projet.
Les travaux de réaménagement du pont passent par sa fermeture pendant un an à compter du printemps 2024, ainsi que celle du boulevard Léon Bureau dans son prolongement. Pas du tout du goût des automobilistes qui l'empruntent au quotidien.
"Ça va être une vraie galère. Il n'y a pas beaucoup de ponts qui nous envoient de l’autre côté de la Loire. Ça m’inquiète. Il va falloir trouver des solutions, car ce pont, je le prends tous les jours".
Ça me saoule. Je travaille sur l’île de Nantes, je n'ai pas d’autres solutions que de passer par là
Un automobiliste nantais
"Je suis à bout rien que d’y penser. Il va falloir qu’on fasse tout le tour… Déjà que c’est quelque chose [au niveau circulation] avec le pont, alors sans le pont, ça va être terrible ! On est passés à 30 km/h partout, les parkings payants partout, c’est de pire en pire", s'insurge un autre automobiliste.
Quant à ce cycliste que nous avons rencontré, il est solidaire des automobilistes.
"Quand on voit le nombre de voitures qui passent, ça va être une vraie cata ! Et le futur pont, est-ce que ça va changer quelque chose ? Ce n'est pas hyper convaincant. Que la municipalité s’occupe des gens qui bossent, des gens qui perdent du temps dans Nantes impraticable, des gens qui ont des enfants à aller chercher en rentrant.
Ça bouffe le moral des gens. Tout ça pour faire un truc joli ! Est-ce qu’il n'y a pas autre chose à faire à Nantes ? »
Un cycliste
Marie Tissier, la patronne du bar le Balbakar, sur le Quai de la Fosse, ne va pas non plus ces travaux d'un bon oeil.
"Ça va être un sacré merdier ! Il y a beaucoup de commerçants qui vont être impactés. Les gens ne viendront plus en voiture, c’est sûr", estime-t-elle, "deux ans de travaux, c’est énorme. Est-ce qu’on sera dédommagés ? Ça m’étonnerait, je n'y crois pas du tout".
Une place et un jardin
"Un pont belvédère", "un pont place", ce sont les qualificatifs employés par la Ville en septembre 2022 pour présenter l'ouvrage aux dimensions ambitieuses. Jusqu'à 53 mètres de large selon les endroits, contre 18 mètres actuellement.
"C’est l’exact équivalent du cours Saint-André" selon la maire de Nantes, Johanna Rolland.
Une place, mais aussi un jardin. On annonce 1 270 m² d’espaces verts (près de 20 % de la surface totale) plantés d'espèces locales du massif armoricain et de variétés méditerranéennes plus résistantes au réchauffement climatique "ce qui participera à lutter contre les îlots de chaleur" assure la métropole.
La majeure partie du pont (75 %) sera dédiée aux piétons, aux voies cyclables et au tram, les futures lignes 6 et 7.
Pour ce projet, la Ville souhaite aussi afficher sa démarche écoconceptrice. "Grâce au réemploi du pont actuel, ce sont 4 800 tonnes de béton qui n’auront pas à être détruites et environ 2 600 m3 de béton et 1 300 tonnes d’acier qui ne seront pas produits pour le remplacer." souligne-t-on dans la présentation du nouveau pont.
On précise également qu'une partie des matériaux sera acheminée sur le chantier par barge sur la Loire : "Transporter les 2 000 tonnes de charpente va permettre d’éviter 200 allers-retours en camion."
"Je ne pense pas qu’il y a un pont comparable dans le monde"
"Ce projet marquera le paysage nantais, estime Johanna Rolland. C’est une véritable place qui sera créée sur la Loire... offrant un nouveau lieu de promenade, apaisé et festif, aux multiples points de vue et de contemplation, sur une ville et sa métropole qui se rouvrent pas à pas à leur fleuve."
Même enthousiasme chez les concepteurs.
"Je ne pense pas qu’il y a un pont comparable en France, ni dans le monde, par la largeur, son rapport circulation douce/tram aux voies pour voitures, son statut d’un véritable lieu public sur l’eau et ses ambitions écologiques." déclare l'architecte autrichien concepteur du projet Dietmar Feichtinger.
La Simulation du futur pont Anne de Bretagne par le cabinet Dietmar Feichtinger Architectes
Coût total : 50 millions d'euros HT, livraison prévue pour 2026/2027. Précision importante : la circulation des piétons et deux-roues sera maintenue pendant les travaux.