Coronavirus : pour survivre face à la crise sanitaire, le café nantais passe au vert

Les cafetiers attendent avec impatience le déconfinement, eux qui ont fermé à la mi-mars. Certains lieux ont réussi à maintenir le lien avec leur clientèle en modifiant leur activité première, comme cet établissement nantais qui s'est reconverti dans la vente de fruits et légumes.
 

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Après cinq longues semaines de fermeture, Chez Peste et Chipie, café situé dans le quartier sud de Nantes, accueille de nouveau ses clients. A première vue, rien n’a bougé.

Les deux patrons tiennent toujours la boutique et la déco foutraque et colorée imprègne toujours autant les lieux. Et pourtant, l'activité, elle, a changé. Plus de service au bar et aux tables du restau autorisé. Un étal de fruits et légumes a pris place dans la grande pièce.

"Dès nos débuts, on a voulu créer un lieu de vie comprenant le café, de la petite restauration à table et un coin boutique avec épicerie fine. Là, on passe à un autre concept… plus rigolo", explique Karoline Detolle, la première associée.

Là-voici donc en train d’installer ses cageots de primeurs et d’inscrire les prix sur des ardoises comme au marché. La réflexion a germé pendant la période de fermeture obligatoire.

"On a commencé par faire le tour de nos fournisseurs puis on a sondé les gens du quartier pour savoir s’ils étaient intéressés par ce nouveau service. Ils ont largement dit oui et ensuite on leur demandé quels produits pouvaient les intéresser."

Le résultat se voit sous les yeux : des épinards bien verts, des carottes en bottes encadrent les premières barquettes de fraises (bio) de la saison. Que du frais et en circuit court. A côté, le frigo est rempli de laitages et de fromages de pays.

Ici, les approvisionnements viennent de la Loire-Atlantique uniquement, les légumes ont été ramassés dans un potager associatif de Saint-Julien de Concelles par des personnes en insertion. Comme pour son espace vêtements, le café ne souhaite mettre en avant que des créateurs et des producteurs locaux.


Contents de renouer le contact

Prévenus par les réseaux sociaux, les clients font la queue sur le trottoir avant d’entrer un par un pour se faire servir.

Sophie aimait déjà l’esprit alternatif du café, "un vrai lieu de vie dans le quartier. Je ne suis pas étonnée par leur reconversion, l’épicerie est une super idée mais j’imagine que cela ne doit pas être facile de rebondir au niveau économique".

En fait, cette reconversion sert de test car faute de clientèle en période de confinement, l’établissement a du réduire la voilure. D’une ouverture auparavant 5 jours sur 7 avec des concerts en soirée, il est passé à 3 demi-journées par semaine.

Il n'empêche, la très petite entreprise reste fragile, elle avait à peine dépassé sa première année d'existence lorsque le Covid 19 a frappé. Bruno Grué est le deuxième associé. Entre deux passages à la caisse, le cuistot, qui cache désormais ses grandes moustaches derrière son masque de protection, nous dresse l’état des comptes de leur affaire.

Pas fameux, le fonds de solidarité de l'Etat calculé sur le chiffre d'affaires comparé de mars à mars n'a renfloué les caisses que de 460 euros. "Tout le monde retient le fameux montant de 1500 euros par entreprise mais… c’est un maximum. La somme est calculée en fonction de la différence du chiffre d’affaires entre les mois de mars 2019 et 2020. Vu que nous avons démarré il y a un an fin février et que l’on n’a fait que quinze jours d’activité le mois dernier, le service des impôts a calculé un différentiel en notre faveur de 460 euros. Le virement a été fait sur nos comptes ce matin…"

Il ne compte pas s’arrêter là au niveau des procédures. Il s’apprête maintenant à livrer bataille avec son assureur et à monter un dossier pour obtenir des dédommagements par rapport à la perte d’activité enregistrée.
 

30 à 40 % des cafés risquent la faillite

Car il faut être clair, actuellement en France, personne n’est en mesure d’annoncer une quelconque date de réouverture des cafés. L’aspect commercial étant soumis à l’évolution sanitaire du pays, les professionnels ne sont pas très optimistes sur leur avenir économique.

"On peut parler véritablement d’état de catastrophe naturelle, estime le Nantais Denis Talledec, directeur de la fédération nationale des cafés culture. 30 à 40 % des structures pourraient disparaître. De par leur taille, ces indépendants présentaient déjà des difficultés économiques avec des charges trop élevées, notamment au niveau des loyers".

En plus des aides publiques nationales et des fonds d’urgence débloqués par l’ensemble des collectivités locales dont les villes, le collectif Bar-bars en appelle aux soutiens privés.

"Il faut que les banques et les assurances assument leurs responsabilités et affichent leur solidarité par des engagements poursuit Denis Talledec. Sinon, ce sont leurs clients d’aujourd’hui qu’ils risquent de perdre demain".
 

Donner une date de réouverture est encore inimaginable

Faute de connaître le calendrier fixé par l’Etat, les cafetiers ont donc encore du temps pour organiser dans les meilleures conditions de sécurité le retour au travail de leurs salariés et l’accueil des consommateurs afin de retrouver la convivialité qui régnait dans les établissements jusqu’au 15 mars dernier.

Pas question pour autant de baisser les bras quand l'enseigne s'appelle Peste et chipie ! Karoline et Bruno ont de l’énergie à revendre.

"On n’a pas les mêmes problématiques qu’un restaurant gastronomique avec 150 places. Nos 10 tables, on peut les réduire à 5 s’il le faut. On le sait bien, rien ne saura comme avant. Comme avec notre mini-marché, il faudra faire autrement, intelligemment et que cela reste vivable pour tous"

La mise en place du marché a permis de matérialiser un sens de circulation avec entrée et sortie distinctes, sans croisement du public. Ce café boutique atypique se teste en avance pour le déconfinement.
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