L'utilisation du 49.3 par le gouvernement pour adopter la réforme des retraites ne passe pas, y compris chez les jeunes. Une centaine de lycéens des Bourdonnières, au sud de Nantes, ont manifesté au matin du vendredi 17 mars pour exprimer leur mécontentement et afficher leur solidarité avec le mouvement national. Pour d'autre, l'action a été l'occasion de manquer les cours.
Poubelles en flamme, fumée noirâtre, effervescence...La routine d'un vendredi classique a été perturbée ce matin au lycée public Les Bourdonnières à Nantes.
Dès 6h, plusieurs lycéens se sont mobilisés pour filtrer l'entrée dans l'établissement et bloquer la ligne 4 du busway. Objectif : se joindre aux contestations contre le passage de la réforme des retraites par 49.3.
Gabriel, 16 ans, est arrimé au drapeau de la CGT.
Élève en première STMG, il est aussi membre du syndicat Voix lycéenne Loire-Atlantique. "On veut exprimer notre fort mécontentement", clame-t-il.
On n'est pas là par pure flemme ni pour sécher des cours. On veut montrer notre solidarité.
GabrielÉlève de première STMG, membre du syndicat Voix lycéenne
"On n'a pas l'impression d'être dans une démocratie, renchérit Lilou, 17 ans, "surtout qu'il y a des métiers qu'on ne peut pas faire jusqu'à 64 ans."
En première générale, la lycéenne s'indigne que le gouvernement ne semble pas prendre en compte les grèves et manifestations successives contre cette réforme.
Peu d'élèves de terminale
Sur place, ils étaient une centaine d'élèves à déambuler dans un climat d'exaltation. Les lycéens en terminale étaient peu nombreux, "en révision" selon Jade*, en classe de première.
Si l'action est née de l'annonce du 49.3 par le gouvernement pour adopter la réforme des retraites, tous les participants n'ont pas fait preuve de la même motivation politique et sociale.
"Le lycée était bloqué quand je suis arrivée", explique Mia*, en première professionnelle. Elle acquiesce avec timidité son soutien à la manifestation.
"On est là pour soutenir le mouvement", déclare son amie Astrid*, à peine plus assurée.
Nolan, lui, ne passe pas par quatre chemins. "Moi je suis là pour ne pas aller en cours, on ne va pas se mentir, reconnaît-il, j'ai ouvert mon Snapchat ce matin, j'ai vu qu'il y avait blocus et je me suis dit que la journée allait être vite terminée !"
Les cours n'ont pas été perturbés
Les enseignements ont pourtant été maintenus. Le lycée a tenu à dialoguer avec les jeunes manifestants pour veiller à la sécurité et à la libre circulation des personnes.
Les lycéens ont d'abord filtré l'entrée dans l'établissement, avant de finalement laisser entrer tous ceux qui souhaitaient aller en cours. "On savait que certains avaient des épreuves", confie Gabriel.
Les jeunes ont principalement bloqué la voie publique en mettant le feu à des poubelles toutes trouvées : celles accumulées sur les trottoirs en l'absence de ramassage par les éboueurs depuis 10 jours.
Ils ont ensuite migré du lycée pour aller bloquer le carrefour proche de l'arrêt Joliverie. Là, plusieurs riverains les ont accueillis avec bienveillance, leur fournissant sodas et eaux, ainsi que des cartons pour alimenter le feu.
La police nationale et municipale s'est stationnée à quelques centaines de mètres du groupe de jeunes manifestants, sans qu'aucune tension n'éclate. Tant mieux, selon Gabriel, qui assure que le but était "de faire entendre notre voix, pas de chercher l'affrontement".
Aux alentours de 12h, les élèves ont progressivement regagné le lycée pour s'organiser afin de se rendre au de 14h au Miroir d'eau.
*les noms de ces personnes ont été modifiées pour préserver leur anonymat