Euro 2024. Il y a 40 ans, face à l'Espagne, l'équipe de France de football remportait la première coupe d'Europe de son histoire

En juin 1984, l’équipe de France de football remportait, chez elle, la première coupe de son histoire. Le premier trophée jamais glané par une équipe dans un sport collectif. Parmi les joueurs, ayant marqué cette épopée, Maxime Bossis. Aujourd'hui, il se raconte dans un livre (Le grand Max, éditions Nouvelles sources).

C’était hier pour ceux qui ont cinquante ou plus aujourd’hui, mais c’était important pour tout le monde dans la mesure où cette première victoire allait ouvrir la porte à de nombreuses autres. En football, encore. Mais aussi en handball, volley, basket.

L'équipe des "Michels" et du grand Max

Dans cette équipe emmenée par les "Michels" (Hidalgo et Platini), il y avait des joueurs de talents. Et parmi eux, un joueur du FC Nantes. Maxime Bossis est cet homme, venu de Vendée, qui a porté soixante-seize fois le maillot tricolore (même si on les appelle les Bleus) à l’occasion d’autant de matchs dont ceux de trois coupes du monde et de l’Euro 84.

Première victoire en championnat d’Europe

Après avoir traversé sans encombre la phase de poules, dont un 5-0 face à la Belgique au stade de La Beaujoire, l’équipe de France de football se retrouve en demi-finale face au Portugal. Le match a lieu dans l’antre des Marseillais, le stade Vélodrome. Les Bleus ont à cœur de briller dans ce championnat d’Europe. La France en est l’organisatrice et après deux coupes du monde, on y reviendra, cette équipe veut glaner un premier trophée. Pressé d’emmener les joueurs au stade, le chauffeur du car des Bleus roule vite. Très vite. Trop vite.

À tel point qu’un rétroviseur du car heurte celui du poids lourd qui arrive en face. Plus de peur que de mal mais de nombreux éclats de verre sur les genoux de Jean Tigana et Bruno Bellone. Le chauffeur a compris la leçon et le car arrive un peu plus tard que ce qu’il voulait mais, néanmoins, dans les temps pour le match. La France se fait peur face aux Lusitaniens mais finit par l’emporter. Et surtout elle tient sa finale.

Ce sera contre l’Espagne au Parc des Princes. Maxime vient de fêter (la veille) ses vingt-neuf ans. Il est content de disputer ce match qui pourra refermer la plaie de Séville ouverte il y a deux ans. Aucun but n’est inscrit en première mi-temps. À la reprise, Michel Platini doit tirer un coup franc. Un de ceux qu’il affectionne. Le ballon s’élève et retombe devant le gardien espagnol, Luis Arconada, qui se couche dessus.

On croit le ballon arrêté, mais le voici qui ressort derrière le gardien. Il a glissé sous son flanc et roule lentement vers la ligne de but, qu’il passe, permettant ainsi à la France de mener 1 à 0. Un but surréaliste, qui sera la tâche dans la carrière de ce grand gardien. Plus tard Bruno Bellone reprend un ballon lancé par Jean Tigana et, seul, échappé, se retrouve face au gardien espagnol qu’il trompe d’un ballon piqué.

La France remporte là son premier trophée international, tout du moins européen. En tout cas dans un premier sacre bleu dans une compétition. Si la joie est de mise, l’euphorie est douce. Pas de défilé sur les Champs-Elysées, d’autres s’en chargeront plus tard. Non, juste un dîner avec épouses et quelques sorties sur le trottoir devant le restaurant pour saluer et remercier quelques supporters avides de fêtes qui durent.

L'histoire de Maxime Bossis débute dans la cour de la ferme familiale

Maxime, né le 26 juin 1955 dans une ferme à Saint-André-Treize-Voies, commence à jouer au football dans la cour de la ferme familiale. Adolescent, il rejoint l'équipe de La Roche-sur-Yon et participe à des concours où il est repéré par le FC Nantes.

Le jour de la signature de son contrat, les dirigeants le trouvent dans l'étable en train d'aider son père à faire naître un veau. Maxime pose une condition pour signer : obtenir son bac. Il accepte le contrat à condition de s'entraîner à Nantes uniquement pendant les vacances scolaires. Une fois son bac en poche, il rejoint le FCN à temps plein.

Maxime Bossis : des titres en jaune et des bleus en bleu

Maxime Bossis entame une carrière prometteuse avec le club des Jaunes et verts, un pilier du championnat de première division. Les matchs contre Saint-Étienne sont mémorables, et Bossis remporte son premier titre en 1977, suivi de deux autres titres et une Coupe de France en 1979. Cette victoire permet au FC Nantes de participer à la Coupe d’Europe, où ils sont éliminés en demi-finale par le FC Valence, mené par Mario Kempes.

Maxime Bossis connaît bien Kempes, l'ayant affronté lors de la Coupe du monde en Argentine en 1978. Pendant ce tournoi, les Nantais de l'équipe de France ressentent la tension due au régime du général Videla.

La France démarre fort avec un but de Bernard Lacombe contre l'Italie, mais perd finalement 2-1. Contre l'Argentine, la France est éliminée après une défaite controversée. Pour leur dernier match, ils doivent improviser des maillots prêtés par un club local en raison d'une erreur logistique. La France gagne 3-1, portant des maillots vert et blanc de l’Atlético Kimberley.

La fameuse nuit de Séville

Quatre ans plus tard, Maxime Bossis est le seul Nantais rappelé en équipe de France pour le Mondial en Espagne. Le parcours des Bleus les amène en demi-finale face à l’Allemagne. La RFA à l’époque. Le match regorge de rebondissements.

Après le temps réglementaire les deux équipes sont à un but partout. Mais ce qu’on retient surtout avant les prolongations c’est l’attentat dont a été victime Patrick Battiston. Sur une passe de Maxime Bossis, Michel Platini lance Battiston qui se présente seul à l’entrée de la surface de réparation allemande.

Le gardien teuton sort et se sachant battu se propulse dans les airs faisant en sorte, pour stopper le Français, que sa hanche percute son visage. Les deux hommes sont à terre tandis que le ballon sort du terrain. L’Allemand se relève et continue de mâcher son chewing-gum tandis que le Français reste à terre. Inconscient, saisi spasmes, plusieurs dents en moins, Battiston sort sur une civière qu’il a fallu réclamer à plusieurs reprises. Les Français sont abattus, en colère d’autant plus que l’arbitre n’a pas sorti de carton rouge à l’encontre d’Harald Schumacher et ne siffle qu’une sortie de but.

La rage au ventre et au cœur, les Bleus repartent de plus belle et inscrivent deux buts coup sur coup par Marius Trésor et Alain Giresse. Puis, un malheur n’arrivant jamais seul, les Allemands égalisent. Il faut en terminer par une séance de tirs au but. Cinq tireurs ont tiré pour chaque équipe. Il faut entamer une nouvelle série. Jean Tigana est à bout de nerfs, Marius Trésor a retiré ses chaussures, Christian Lopez veut bien y aller… mais plus tard.

Alors prenant ses responsabilités, le grand Max sort du rond central et se diriger vers le point de pénalty. Moult pensées traversent son esprit : mettre le ballon à gauche, que pense sa femme, le mettre à droite, ses filles regardent-elles le match ? Finalement il choisit, tire et Schumacher n’a aucun mal à arrêter son tir. Bossis est seul à présent, accroupi dans la surface. Seul au monde à porter la responsabilité de l’échec collectif.

À moins que le tireur allemand qui se présente ne manque lui aussi son tir au but. Mais non, l’Allemand marque et la France sort de la coupe du monde. Avec les honneurs mais qu’importent les honneurs quand on a perdu ? Perdants magnifiques ? Non seule la victoire est belle. Cette défaite est amère, tout ce qu’il s’est passé dans ce match reflète une vie et tous ces sentiments qu’on peut tous être amenés à vivre : l’envie, la joie, l’euphorie, le bonheur, la crainte, la peur, l’espoir, l’échec.

Un échec dur à avaler qui se prolonge, jusque tard dans la nuit, à l’aéroport quand les Français croisent les Allemands dans le hall, en pleine discussion et rigolade avec l’arbitre du match. Une chose est sûre Bossis ne tirera plus jamais de pénalty.

21 juin, jour de fête au Mexique

Qualifiée pour la Coupe du monde de 1986 au Mexique, la France affronte le Brésil en quart de finale, un Brésil légendaire avec Socrates, Zico, Careca et Julio César. Le match se déroule le jour de la fête de la musique en France, avec des tribunes remplies de supporters brésiliens. À la mi-temps, le score est de 1-1, et il reste inchangé après les prolongations.

Lors des tirs au but, Socrates et Julio César ratent leurs tirs pour le Brésil, tandis que Platini manque également le sien pour la France. Luis Fernandez marque finalement le tir décisif, propulsant la France en demi-finale. La France bat le Brésil, un exploit difficile à croire même trente-huit ans plus tard, provoquant une immense joie chez les Français et la déception chez les Brésiliens qui quittent le stade en silence.

Quelques jours plus tard la France retrouve l’Allemagne de l’Ouest en demi-finale mais si le cœur y est, le corps lui n’a plus de force. Rien à voir avec le match d’il y a quatre ans. Les joueurs ont tout donné face au Brésil et les Allemands n’ont pas trop de mal à s’imposer 2 à 0.

Mais ça y est, la France est une grande nation du football mondial. Elle le prouvera d’une façon magistrale… douze ans plus tard.

Le foot vu d’un peu plus loin

Maxime Bossis stoppe là sa carrière internationale après soixante-seize matchs avec les Bleus. Un record à l’époque.

Il poursuivra sa carrière au Matra Racing (où il est arrivé à l’été 1985) de Jean-Luc Lagardère jusqu’en 1989 avant de raccrocher ses crampons pour un an avant de les renfiler pour une dernière saison dans son club de cœur, le FC Nantes. Au printemps 1991, il termine pour de bon sa carrière de footballeur. Il aurait pu jouer en Angleterre ou en Italie, mais ça ne s’est pas fait. Seul gros regret, ne pas avoir disputé une finale de coupe du monde.

Ne voulant pas devenir entraîneur tout en restant proche du milieu du football, le grand Max a commenté de nombreux matchs de championnat pour diverses chaînes de télévision, puis a pris une retraite définitive en 2019. Aujourd’hui, Maxime Bossis vit toujours dans les environs de Nantes et donne de son temps pour aider des associations servant la cause des enfants malades ou en difficulté.

Pas une semaine ne passe sans que, parmi les gens qu’il rencontre, certains lui parlent de la soirée du 8 juillet 1982.

Le livre "Le grand Max" coécrit par Maxime Bossis et Emmanuel Faure (journaliste à France 3 Pays de la Loire) regorge d'anecdotes méconnues, sur la carrière du joueur au FC Nantes et en équipe de France. (éditions Nouvelles sources)

 

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