Difficile de trouver un vaccin contre la grippe saisonnière en pharmacie, cette année les gens se sont précipités pour se faire vacciner, bilan plus de vaccin en stock. Pour l'ARS des Pays de la Loire, pas de pénurie, mais un recentrage sur les publics prioritaires.
"Bonjour, avez un vaccin contre la grippe ?" La réponse en pharmacie est souvent : "Non désolé, je n’ai plus de stock et je ne prends pas de commande".Difficile de trouver un vaccin contre la grippe saisonnière en ce moment, trop de demandes et pas assez de stock.
L’épidémie de grippe n’a pas encore démarré. Au 26 novembre, seulement 6 cas de grippe, selon l'ARS des Pays de la Loire.
Une situation inédite pour les pharmacies
"Il n’y a pas eu assez de doses de vaccin de produites pour vacciner l’ensemble de la population qui désirait le faire pour cet hiver, explique une pharmacienne du centre-ville de Nantes, il y a eu beaucoup plus de personnes qui voulaient se faire vacciner par rapport à d’habitude, vu le contexte.""C’est très long à faire un vaccin, poursuit-elle, cela ne peut pas se faire du jour au lendemain, c’est trois à cinq mois pour vraiment le produire, on ne peut pas produire des doses du jour au lendemain", poursuit-elle.
"Tous les stocks ont été finis rapidement et on ne peut pas donner accès au vaccin à une plus large population. L’État a réussi à racheter des vaccins dans des pays étrangers, c’est un stock d’État de 2,4 millions de doses et qui les distribue aux pharmacies via nos grossistes en fonction des besoins", poursuit la pharmacienne.On nous a demandé de prioriser la délivrance des vaccins, c’est-à-dire les donner que pour les personnes qui reçoivent un bon de la Sécurité sociale, c’est des personnes de plus de 65 ans, des personnes vulnérables ou qui ont des pathologies particulières
"Pour l’instant, ce sont les Ehpad, on doit déclarer avec quel Ehpad on travaille et combien de patients ou de personnel, on doit vacciner, en fonction de cela, mi-décembre, s’il reste des doses, on pourra de nouveau proposer des doses de vaccin contre la grippe saisonnière aux personnes qui ont des bons".
Pas assez d'offres pour la demande
Un autre pharmacien de Nantes confirme cet état de fait : "Aujourd’hui, je n’ai plus du tout de vaccin contre la grippe, plus rien en stock, vu les demandes importantes surtout très précoces (...) Quand la campagne de vaccination a commencé début octobre en une semaine au niveau national nous avons délivré l’équivalent d’un mois de vaccins par rapport aux autres années.""Les stocks sont très vite partis puisque nos commandes sont planifiées en début d’année. Cette année, j’avais augmenté de 15 % ma commande de vaccin contre la grippe saisonnière, mais nous sommes arrivés en rupture de stock. Il explique que "dans la population-cible, ceux qui reçoivent la prise en charge, on a noté une plus grande implication des gens et une augmentation de vaccination."
Dans le reste de la population, il y a certainement eu aussi une volonté de se faire vacciner pour ne pas être malade et pour ne pas risquer de contaminer des gens plus fragiles. La campagne pour se faire vacciner, organisée par le gouvernement a marché, très rapidement.On avait au niveau national 55 % des gens qui étaient vaccinés, là, on a eu plus de gens qui sont venus chercher leur vaccin, c’est très bien, mais ça a très vite créé un étranglement au niveau de notre stock.
Le pharmacien poursuit, "L’État a aussi un stock de vaccins et c’est la première fois. Il commence à distribuer via le réseau pharmacie, moi, j'ai vu passer 20 injections la semaine dernière, c’était pour les résidents d’Ehpad qui n’avaient pas encore été vaccinés. Cette semaine, on va recevoir la dotation pour le personnel des Ehpad qui n’est pas vacciné, soit 30 vaccins. À partir de la semaine prochaine, normalement, le surplus de vaccin au niveau national devrait être mis à disposition du grand public non vacciné et éventuellement qui ne fait pas partie de la population-cible avec la prise en charge particulière."
Pas de pénurie pour l'ARS
Pour l’ARS, l'Agence Régionale de Santé des Pays de la Loire, "il n’y a pas de pénurie de vaccins actuellement mais un recentrage sur les publics prioritaires" selon le calendrier suivant :- Pour la campagne 2020-2021, les commandes de vaccins contre la grippe sont supérieures de 21% à celles de la précédente campagne. 12 millions de doses pré-commandées par les pharmacies d’officine ont été livrées d’octobre à fin novembre 2020.
- Fin novembre ont commencé à arriver sur le marché plus de 2 millions de doses complémentaires commandées pour la première fois par l’État. Ce stock est prioritairement mobilisé pour vacciner les plus fragiles et les professionnels qui les soignent et les accompagnent.
- Les premières doses de vaccins disponibles depuis fin novembre, sont destinées aux Ehpads ayant des besoins complémentaires en vaccins pour terminer la vaccination de leurs résidents, et pour augmenter la couverture vaccinale de leurs professionnels.
"C’est compliqué cette année, affirme-t-elle, nous avons fait nos précommandes en janvier dernier, nous on avait mis 20% de plus que l’année précédente, il y a deux laboratoires qui les fabriquent et on le reçoit en fin septembre, début octobre. Il y a beaucoup de pharmacies qui n’ont pas reçu entièrement leurs commandes entièrement ou très tardivement, je ne sais pas ce qui s’est passé. Nous n’avons pas toutes les informations."
"C’est important de se faire vacciner, plus on se fait vacciner, moins la grippe circule. Surtout cette année avec la Covid-19, on n'en parle pas assez de la grippe, des grippes, c’est des gens qui peuvent aller en réanimation, c’est des gens qui ont des symptômes qui ressemblent à la Covid-19, donc c’est plus dur pour le personnel hospitalier ou pour les médecins généralistes. C’est pour cela que l’État a appelé à une vaccination contre la grippe encore plus importante."C’est problématique pour nous d’avoir dû refuser des gens qui n’ont pas de bons et qui avaient envie de se faire vacciner, car ils vivent par exemple avec des personnes à risque, c’est très dur de refuser.
Les médecins, les infirmiers peuvent vacciner avec ou sans bons et les pharmaciens peuvent vacciner depuis trois ans les personnes qui ont des bons.
Pénurie... pour les personnes non prioritaires
"Ce qui s'est passé, c'est qu'en 2009, les laboratoires comme Sanofi, Mylan etc., avaient fabriqué autant de vaccins qu'il y avait de bons", explique Isabelle Nicolleau, présidente du conseil régional de l'ordre des pharmaciens des Pays de la Loire."Et comme, dans les années qui ont suivi, il y avait plein de vaccins qui étaient bons à la destruction, du fait que les porteurs de bons ne les achetaient pas, alors l'industrie pharmaceutique en a fabriqué moins, poursuit-elle, maintenant comme tous les porteurs de bons veulent leur vaccin et même ceux qui n'ont pas de bons... alors ceux-là ils n'en auront pas, ça c'est sûr."
Deux laboratoires produisent le vaccin contre la grippe
Le laboratoire Sanofi a répondu à nos questions, pour eux la production de vaccin est supérieure à l'année dernière et la recherche sur un éventuel vaccin contre la Covid-19 n'a pas ralenti la production.
Il précise que pour le vaccin contre la grippe "Au total, Sanofi aura pu contribuer au stock d’État à hauteur de 1,7 million de doses de vaccins grippe."
Concernant la grippe saisonnière, Sanofi affirme que le laboratoire a anticipé très tôt, dès février 2020 une demande plus importante, et "a fourni un effort exceptionnel de production, à la limite de ses capacités, de l’ordre de +20 à +25 % pour l’ensemble du monde, y compris la France par rapport à l’année précédente."
Toujours selon Sanofi, "le laboratoire a répondu à l’ensemble des précommandes que lui ont passé les pharmacies et a constitué la plus grande partie des allocations aux grossistes et aux collectivités et a livré en temps prévu, et même avec anticipation pour certaines livraisons de novembre, et en quantité, l’ensemble de ses clients."
Des dates pour la suite des livraisons de vaccin
Pour la suite des livraisons des vaccins contre la grippe l'ARS confirme que "la seconde séquence de livraison début décembre permet de répondre à la demande de vaccination renforcée des professionnels des établissements de santé. L’objectif est de protéger les soignants et notre système de soins dans le contexte de cette crise sanitaire".La dernière séquence de livraison à partir du 28 décembre permettra de mettre à disposition des vaccins dans le circuit de ville pour couvrir les besoins :
- des professionnels et usagers des établissements et services pour des personnes en situation de handicap (ESMS PH).
- des publics fragiles à domicile notamment les adultes et les enfants présentant des pathologies chroniques
- des personnes âgées vivant à domicile
- des professionnels du domicile SAD.
Reste à souhaiter que les mesures barrières contre la propagation de la Covid-19 freinent également la propagation du virus de la grippe saisonnière et que la population qui le souhaite, arrive à trouver les vaccins rapidement, visiblement ce n'est pas certain.