Dans un post Facebook, René Martin soutient les musiciens russes et assure qu'il continuera à les inviter en France. "La plupart sont opposés à cette guerre et prennent des risques pour eux et pour leurs familles", estime le directeur artistique de la Folle Journée.
"Compte tenu du contexte actuel, nous avons décidé de ne pas inviter d’artistes qui se sont positionnés en faveur du régime imposé par Vladimir Poutine, ni dans le cadre de La Folle Journée et des Folles Journées à l'étranger, ni dans le cadre du Festival International de Piano de La Roque d'Anthéron, du festival de La Grange de Meslay et des autres manifestations que nous organisons." René Martin, chef d'orchestre de la Folle journée de Nantes a choisi les réseaux sociaux pour communiquer.
Mais il tempère vite son propos. "Il est important de souligner que la majorité des musiciens russes n’est en aucune façon responsable de cette horrible guerre, auxquels ils s'opposent souvent ouvertement en prenant beaucoup de risques pour leurs proches et leur famille".
Il est indispensable de continuer à les inviter à venir jouer en France comme vecteurs de paix
René Martin, créateur de la Folle Journée
"Essentiel de poursuivre cette riche collaboration"
René Martin rappelle que "la culture a toujours favorisé les échanges entre les peuples et les relations artistiques entre la Russie et la France existent depuis près de trois siècles. Dès le XVIIIe siècle, l'impératrice Catherine II de Russie acquiert la bibliothèque de Voltaire peu après sa mort ; plus près de nous, Berlioz entretient une relation très privilégiée avec la Russie et ses compositeurs, et au début du XXe siècle, les échanges culturels entre la France et la Russie se multiplient sous l'influence de Diaghilev et des Ballets russes".
"C'est pourquoi il est essentiel de poursuivre cette riche collaboration avec les artistes russes, aussi bien ceux qui vivent en Russie comme Boris Berezovsky, Nikolaï Lugansky, Alexander Kniazev, Andrei Korobeinikov, Alexander Malofeev ou Vladimir Kholodenko" explique René Martin "que ceux qui vivent à l'étranger" comme Arcadi Volodos, Grigory Sokolov ou encore Lukas Geniusas".
Tous ces artistes seront conviés en juin prochain à La Grange de Meslay et en août à La Roque d'Anthéron.
Quant à interdire les compositeurs russes dans les programmes des concerts :
il ne faut pas oublier que plusieurs d'entre eux ont passé leur vie en exil, avec beaucoup de nostalgie pour leur patrie - Rachmaninov, Prokofiev... - et que d'autres, comme Chostakovitch, ont passé leur vie à craindre d'être déportés.
René Martin, créateur de la Folle Journée
"Interdire ces compositeurs reviendrait de notre point de vue à retirer des bibliothèques la plupart des grands auteurs russes : Tolstoï, Pouchkine, Dostoïevski, Tchekhov, Pasternak. Par ailleurs l'école russe a toujours formé des pianistes extraordinaires, or les artistes de la jeune génération ont besoin, comme leurs aînés, de se confronter aux grands concours internationaux : leur fermer cette porte, c'est les priver de toute possibilité d'être découverts par le public et par les professionnels", conclut le créateur de la Folle Journée.