"Ils sont épuisés" : à l'IME, institut médico-éducatif de Vallet, le mal-être des éducateurs et l'inquiétude des familles

Les personnels de l'Institut médico-éducatif de Vallet en Loire-Atlantique étaient en grève ce jeudi 14 décembre contre la réorganisation des services et du planning. Rejoints par les familles, ils dénoncent des conditions de travail dégradées et un accompagnement des enfants moins qualitatif.

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Sur le stade de football grillagé attenant à l'institut, les enfants tapent dans la balle, comme si de rien n'était. Des rires et des cris de joie qui contrastent avec la colère des éducateurs et des parents réunis devant l'entrée. Ce jeudi 14 décembre, ils sont en grève pour exprimer un ras-le-bol venu de loin.

Une mutualisation des équipes de jour et d'internat

Réorganisation des services et des plannings, regroupement des équipes d'accueil de jour et de l'internat, la direction veut mutualiser les effectifs. "Au prix de notre vie privée", dénoncent les équipes. "Nous sommes clairement sur deux longueurs d'onde totalement opposées", explique Pierre Durault, moniteur éducateur à l'IME de Vallet.

"Les équipes de jour devaient fusionner avec celles de l'internat. Nous avons donc changé de planning. Cela implique des changements d'horaires pour certains", ajoute-t-il.

Pour exprimer leur mécontentement, des collègues ont démissionné

Pierre Durault

Moniteur, éducateur IME de Vallet

Une réunion extraordinaire s'est tenue avec la direction générale qui a décidé de faire machine arrière. Oubliés les nouveaux plannings. Alors que les salariés avaient commencé à s'organiser.

"Depuis plusieurs semaines, nous avions travaillé pour mettre en place ce nouveau système et faire au mieux la jonction entre les équipes de jour et d'internat. Beaucoup de professionnels ont changé leur mode de garde d'enfants, ils avaient tout prévu. Et à nouveau, il faut tout repenser, c'est très compliqué", fulmine Nathalie, conseillère en économie sociale des familles au pôle hébergement de Vallet.

Ce qu'elle craint surtout, c'est l'impact que la réorganisation pourrait avoir sur les jeunes accueillis.

"Nous sommes en train de les perdre"

"Nous gérons pas de mal de jeunes avec des troubles du comportement. Cette instabilité qui va être créée par ces plannings peut aggraver les troubles, on a très peur de ça en fait !", explique-t-elle.

Les personnels ont été rejoints par certaines familles inquiètes de constater que les conditions de travail des éducateurs se dégradent. 

"Je suis là aujourd'hui pour les soutenir. Ce sont des gens d'une qualité humaine exceptionnelle, extrêmement bien formés. Et nous sommes en train de les perdre. Ils savent parler à nos enfants, mais tous partent. Il y a un turnover très important", se désole Louis Baudry, père d'Arthur, un enfant trisomique de 13 ans en accueil de jour à l'IME.

Nos enfants perdent leurs repères. Il y a un changement de comportement chez eux, notamment quand ils rentrent à la maison

Louis Baudry

Père d'Arthur, 13 ans en accueil de jour à l'IME de Vallet

Les problèmes de plannings ? "Une nouvelle décision qui impacte les professionnels et donc les familles", constate le père de famille. "Il faut que les mesures soient prises de façon intelligente et concertée."

Les salariés sont en souffrance. Ils nous aident à construire nos enfants, ils sont nos alliés. On ne peut pas les perdre. Ils doivent être bien traités, ce n'est pas le cas !

Louis Baudry

Père d'Arthur 13 ans, en accueil de jour à l'IME de Vallet

Sonia Thépot, elle, fait partie du CVS, le conseil de vie sociale. "Moi, ça fait 13 ans que mon fils est là. Je suis extrêmement reconnaissante envers le personnel qui accomplit un travail éducatif fabuleux. Tout n'est pas parfait, il y a parfois un manque de formation, un manque de reconnaissance aussi, un manque de disponibilité parce que les absences répétées ne sont pas remplacées", explique-t-elle.

Sonia Thépot et Louis Baudry, des familles en soutien aux salariés en grève © Céline Dupeyrat/France3 Pays de la Loire

"Les enfants disent que ça ne va pas bien"

"Certains enfants expriment un mal-être", constate Sonia.

Ils disent que ça ne va pas bien, qu'ils ne veulent pas retourner à l'IME, qu'ils en ont marre. Je l'entends souvent dans la bouche de mon fils

Sonia Thépot

Maman de Damien 22 ans accueilli à l'IME

Des familles qui se plaignent de n'avoir aucune explication, aucun retour, de ne pas être entendues. "À quel moment on nous met dans la boucle pour être en soutien, pour être considérés ? À quel moment on nous informe ? À ce jour, nous ne savons rien des changements opérés pour la rentrée en début d'année prochaine", dénonce Sonia. "C'est un irrespect total des jeunes, des familles et du travail effectué par les salariés."

Les parents sont aussi dans l'angoisse face à des démissions en cascade. "Il faut mettre fin à cette hémorragie", alerte Sonia Thépot. "lls font des boulots passionnants. Ils ne sont pas là pour l'argent, mais par conviction, parce qu'ils y croient."

Ils tiennent parce qu'ils n'ont pas envie de laisser tomber les jeunes, mais ils sont épuisés, au bout du rouleau

Sonia Thépot

Maman de Damien 22 ans accueilli à l'IME

Sollicitée, la direction de l'établissement, a répondu par mail. Dans un communiqué, elle indique être "en dialogue constant avec les organisations syndicales dans l'objectif de trouver des solutions qui répondent aux besoins de toutes les parties impliquées". 

L'Institut médico éducatif de Vallet © Céline Dupeyrat

"Des mesures d'urgence ont été prises sans délai pour pallier les difficultés rencontrées. Un travail de fond sera engagé et un courrier envoyé aux familles", ajoute la direction qui espère "que ces actions contribueront à apporter une sérénité dans le travail des équipes et dans l'esprit des familles accompagnées."

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