"Je ne peux pas travailler ni avoir de vie personnelle", la souffrance des familles face à la crise du transport sanitaire

Le coût du transport sanitaire ne cesse de grimper, il aura coûté 4,3 milliards d'euros à la sécurité sociale en 2020. Malgré cela, le manque de transports sanitaires, sur l'agglomération nantaise notamment, est un phénomène qui ne cesse de s'amplifier. Résultat : certains patients ne sont pas pris en charge faute de disponibilité de transports. Un problème particulièrement criant chez les enfants, qui ne sont pas pris en charge correctement, voire pas du tout.

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Un parcours de soin en panne. Á Nantes, trouver une ambulance disponible relève parfois du miracle. Et c'est d’autant plus vrai quand il s'agit de transports d' enfants.

Pas de transport sanitaire, pas de consultation

Dans le centre de consultation médico-psychologique de l'hôpital Georges Daumézon entre 800 et 900 jeunes sont suivis chaque année, certains victimes de maltraitance, d'autres qui présentent des retards de développement, ou encore des troubles autistiques. Mais pas de consultation possible sans transport sanitaire. Aujourd’hui, faute de solution, une quarantaine d'enfants seraient en rupture de soins.

"On se censure sur des soins en se disant cet enfant là, il serait bien sur ce groupe en motricité, mais je sais qu'il n'y aura pas de transport, donc je ne vais pas en parler à la famille parce que c'est la mettre devant une difficulté", déplore Soizick Legarec, pédopsychiatre chef de service à l'hôpital Georges Daumézon.

Ça vient bousculer notre éthique professionnelle ou nous faire râler. C'est beaucoup de temps que l'on consacre au problème. On peut parfois passer la moitié de la consultation à régler ce problème de transport avec la famille

Soizick Legarec

Chef de service de pédopsychiatrie de l' hôpital Georges Daumézon.

Des allers retours en pagaille 

Le fils aîné de Malika présente des troubles du spectre autistique. A 3 ans et demi, il est accueilli dans un crèche spécialisée qui se situe au nord de Nantes, à une bonne heure en bus.

Il est également suivi en hôpital de jour tout près de son domicile. Trois matinées par semaine. Résultat : des allers retours en pagaille, entre les différents lieux. Malgré cela, les multiples demandes de transport sanitaire de Malika ont toutes été refusées..

►Reportage Vincent Raynal, Marie Petitjean, William Sabas

durée de la vidéo : 00h03mn14s
Le coût du transport sanitaire ne cesse de grimper, il aura coûté 4,3 milliards d'euros à la sécurité sociale en 2020. Malgré cela, Le manque de transports sanitaires, sur l'agglomération nantaise notamment, est un phénomène qui ne cesse de s'amplifier. Résultat, certains patients ne sont pas pris en charge. Faute de disponibilité de transports, Un problème particulièrement criant chez les enfants, qui ne sont pas pris en charge correctement, voire, pas dut tout. ©Vincent Raynal, Marie Petitjean, William Sabas

"C'est un enfant que je pourrais laisser avec les autres enfants sans prendre soin de ses différences. J'ai décidé de prendre soin de lui et de l'aider à avancer à mon détriment", raconte Malika.

Je ne peux pas travailler. Je ne peux avoir de vie personnelle, de vie professionnelle. Je dois assurer les transports entre ses soins pour que lui aille bien. Si je veux souffler je dois à mes frais trouver et payer une personne pour le prendre en charge.

Malika

Maman d'un enfant atteint de troubles autistiques.

Embouteillage sur les plannings

Du côté des sociétés de transport, pas de déni sur ces carences, mais des circonstances atténuantes. Il y a souvent embouteillage de demandes sur certains créneaux horaires, les 482 véhicules contingentés pour la Loire-Atlantique doivent aussi répondre aux urgences. Par ailleurs, la profession, qui réclame une revalorisation de 10% de ses tarifs, peine à recruter.

"Nous n'avons pas assez de moyens humains. Nous avons des moyens matériels qui sont tous utilisés dans le même temps et dans la même heure. Et donc forcément, il y a un moment où les usagers vont être mécontents de notre service", reconnait Vincent Juteau, président délégué de Chambre nationale des services d'ambulances

Aujourd'hui on sait que le planning est complet et que l'on ne pourra pas vous accompagner. Ça c'est une vraie difficulté de le dire en tant que professionnel de santé, de dire : on ne pourra pas vous prendre.

Vincent Juteau

Président délégué de la Chambre Nationale des Services d'Ambulances

Un problème que L'ARS affirme prendre au sérieux. Des négociations sont en cours avec des transporteurs pour redéployer des véhicules et 70 places supplémentaires ont été créées cette année pour former des ambulanciers dans la région.

Avec le vieillissement de la population, la mode des soins en ambulatoire, et la multiplication des déserts médicaux, les besoins en transports sanitaires vont sans doute exploser dans les années à venir.

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