Après les effondrements successifs de plusieurs immeubles à Lille et à Lyon, le responsable de la protection des populations de Nantes Métropole fait le point sur l'état des bâtiments dans la Cité des Ducs.
Un immeuble s'est effondré près de Lyon le 16 novembre 2022, quatre jours après l'écroulement de deux immeubles mitoyens à Lille le 12 novembre...
Ce jeu de domino à haut risque pose la question de la solidité des bâtiments à Nantes, ville connue pour ses immeubles penchés du quai de la Fosse et du Cours des 50 otages. Responsable de la sécurité des populations à Nantes Métropole, Gaëtan Tanguy se veut rassurant.
Ça fait dix ans que je suis ici, et je n'ai jamais vu d'effondrement.
Gaëtan TanguyResponsable du service de protection des populations à Nantes Métropole
Une action préventive
Le service de protection des populations est chargé de recevoir et de traiter les signalements de logements présentant un danger pour la santé et la sécurité physique des personnes.
On est connu sur la place publique. Certains locataires nous sollicitent pour débloquer une situation avec leur propriétaire.
Gaëtan TanguyResponsable du service de protection des populations à Nantes Métropole
Les signalements réalisés auprès du service portent surtout sur "des petits murs, des effondrements de façade ou des planchers qui menacent de céder à cause d'un dégât des eaux" selon Gaëtan Tanguy.
Plusieurs mesures peuvent être prise pour endiguer le risque, qu'il mette en danger les personnes à l'intérieur ou à l'extérieur, sur la voie publique ou une voie privée.
Obligation de réaliser des travaux, évacuation des habitants ou démolition du bâtiment font partie des dispositions qui peuvent être prises.
En juillet 2022, la chute d'éléments de façade au 28 rue Leroy a donné lieu à un arrêté et à la mise en place d'un périmètre de sécurité.
L'intervention d'un inspecteur de salubrité puis d'un expert peut aussi déboucher sur un arrêté de péril lorsque la structure du bâtiment est susceptible de s'effondrer (murs, plancher, escalier, toiture, balcon...). Les loyers sont suspendus jusqu'à ce que les réparations préconisées soient effectuées.
Aucune démolition en 2022
67 signalements ont été enregistrés en 2022 par le service de protection des populations de Nantes Métropole. 11 d'entre eux ont donné lieu à des arrêtés de péril, mais aucun de ces dossiers n'a impliqué la démolition d'un bâtiment. Ils concernent en majorité un appartement isolé, ou des parties communes.
"La démolition d'office reste assez rare, le patrimoine nantais n'est pas en trop mauvais état", précise Gaëtan Tanguy. La dernière en date est celle de l'Hôtel de la Duchesse Anne en février 2021.
Le lieu était à l'abandon et inhabité. Il s'était progressivement détérioré après un incendie survenu en 2004.
Sinistre, malfaçon ou mauvais entretien
Nantes a été en grande partie détruite sous les bombardements de la Seconde Guerre Mondiale. Plus d'un millier de maisons et d'appartements ont été détruits, dont 700 immeubles.
Un tiers des logements nantais ont été construits après le conflit, entre 1949 et 1974, selon les chiffres du Fichier des logements par commune, base de données conçue par la Direction générale des finances publiques. Ces bâtiments se trouvent principalement sur l'Ile de Nantes et dans les quartiers excentrés.
29,3% du parc immobilier date d'avant 1949. Ces logements plus anciens se situent en majorité dans le centre-ville.
Le niveau de risque présenté par un immeuble ne dépend pas forcément de l'ancienneté de sa construction. Gaëtan Tanguy confirme qu'il est généralement lié à un sinistre, une malfaçon ou au mauvais entretien du bien immobilier.