La maire de Rezé Agnès Bourgeais a publié ce mardi 10 octobre un communiqué en réaction aux menaces subies par des élus du conseil municipal, lors d'une réunion publique autour d'un projet d'accueil des familles Roms dans un quartier de la ville.
"Menaces de mort", "propos racistes", "injures", "violences physiques", la maire de Rezé ne décolère pas après la réunion publique qui s'est envenimée le vendredi 6 octobre dernier. Ce jour-là, la mairie présente son projet de création d'un terrain temporaire pour des familles roms, dans le quartier de la Classerie.
Douze emplacements doivent être installés pour le site. Ils doivent permettre un meilleur accueil et une meilleure prise en charge de ces familles suivies par les services sociaux de la mairie.
Chaque parcelle de 70 m² sera équipée d’un mobil-home dont la Ville sera propriétaire. Un accès individualisé à l’électricité et à l’eau sera mis en place pour responsabiliser chaque famille. Les élus ont donné leur feu vert au projet d’aménagement. Coût estimé : 538 800 euros, financé en grande majorité par des subventions, notamment par le fonds métropolitain de lutte contre le sans-abrisme à hauteur de 85 %.
"Propos racistes et stigmatisants"
"Il ne s’agissait pas simplement d’une contestation ou d’une opposition au projet, mais d’injures, de propos racistes et stigmatisants, et d’intimidation des soutiens présents. Le climat était à la ferveur collective, et au défouloir envers les élu.e.s", dénonce Agnés Bourgeais.
Nous avons été victimes de menaces de mort, de poursuites à nos domiciles, et de violences physiques. Deux personnes ont été poussées violemment, et nous avons évité de peu l’altercation physique.
Agnès BourgeaisMaire de Rezé
Pour l'élue, "cette situation profondément choquante est inadmissible ". Elle s’ajoute à la trop longue liste de situations similaires, où des élus sont agressés, intimidés, harcelés, personnellement."
"Seule à gérer"
Entre les lignes et à mots couverts, la maire évoque l'épisode particulièrement violent du suicide d'Hervé Neau. Son prédécesseur s'était donné la mort en février 2022 dans les locaux de la mairie après avoir reçu des courriers malveillants. L'enquête est toujours en cours.
"Hier encore, nombreux étaient les citoyennes et citoyens se réunissant dans les mairies françaises pour apporter leur soutien aux élus agressés. La démission du Maire de Saint-Brévin, de même que l’attaque au domicile du maire de l’Hay-les-Roses ont notamment marqué les esprits.
Le gouvernement avait en réaction lancé un grand plan de protection des élus. Mais la maire de Rezé se dit aujourd'hui "seule à gérer."
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Nous sommes confrontés de façon abjecte à devoir choisir : renoncer à mener les actions pour lesquelles nous avons été élus et à destination des personnes subissant la précarité, ou mettre en danger nos services, les bénéficiaires de nos actions, et même, nos familles
Agnés BourgeaisMaire de Rezé
D'autres projets d'insertion
La Ville a ouvert depuis plusieurs années des espaces pour permettre l’accueil, l’hébergement et l’accompagnement de familles originaires d’Europe de l’Est.
"Dans la métropole nantaise, 3 000 personnes vivent aujourd’hui dans des bidonvilles, alerte Loïc Chusseau, premier adjoint en charge du pôle solidarités et inclusion. "Rezé s’engage à nouveau avec l’aménagement d’un terrain qui doit permettre de consolider l’accompagnement des familles pour une insertion durable sur le territoire et les faire sortir de la grande précarité", ajoute l'élu.
En 2017, deux terrains d’insertion temporaires ont été ouverts par la ville pour accueillir des familles roms.
En 2020, six logements "sas" ont également été mis à disposition pour servir de transition vers un logement classique.
L’été dernier, la municipalité a ouvert en urgence un terrain provisoire, à proximité du Marché d’intérêt national (Min), pour accueillir 35 familles expulsées d’un bidonville nantais.
Des négociations sont en cours avec la Métropole pour que ces populations puissent s’installer de façon plus durable sur d’autres terrains métropolitains. Quant au terrain illicite situé à côté, "le sous-préfet a été sollicité pour expulser et trouver une autre solution pour les occupants", précise la ville.
Contactée, la maire de Rezé n'a pas donné suite à nos sollicitations, elle tiendra une conférence de presse ce jeudi 12 octobre à 9 heures.