Trois candidates sont qualifées au second tour des municipales 2020 à la mairie de Nantes. Sur le plateau de France 3, Johanna Rolland, Laurence Garnier et Valérie Oppelt ont débattus de leurs projets pour la ville, en compagnie de Christine Vilvoisin.
Pour ce second tour des municipales 2020, Nantes est le théâtre d'une triangulaire. Trois listes, avec chacune une femme à leur tête, sont qualifées pour le scrutin du 28 juin. La maire sortante, la socialiste Johanna Rolland brigue un second mandat.
Arrivée très largement en tête le 15 mars dernier, sa liste a fusionné avec celle de l’écologiste Julie Laernoes. Une fusion qui lui permet d’aborder sereinement ce second tour.
Mais c'est une alliance dans la douleur, pour laquelle Johanna Rolland a renoncé à certains projets de son programme initial comme les parkings de la Petite Hollande et de la cathédrale, l’extension de la Cité des congrès ou encore la suspension de la 5G. Elle a aussi acté des désaccords profonds avec les écologistes tel que le regroupement du CHU sur l’île de Nantes.
La candidate Les Républicains Laurence Garnier et celle de la République en marche Valérie Oppelt, n'ont pas réussi à s'entendre pour fusionner.
"La 5G c’est bien quand on parle de télémédecine. Si c’est pour que nos adolescents regardent leurs séries plus rapidement, on peut se dire que ce n’est pas essentiel," souligne Johanna Rolland sur le plateau de France 3 Pays de la Loire ce 25 juin, lorsque sont évoquées son alliance avec les écologistes et les concessions qui en découlent. La maire de Nantes avait fait d'un moratoire sur la 5G l'une des priorités de son possible futur mandat.
"La 5G c’est pas uniquement la télémédecine, c’est aussi le télétravail, on l’a vu pendant la crise. Le moratoire signifie pour moi l’arrêt total de ce projet," assène Valérie Oppelt.
La sécurité à Nantes
Alors qu'on lui demande son avis sur la 5G, Laurence Garnier préfère parler sécurité, "au vu de l'actualité des derniers jours à Nantes". La candidate de la droite énumère les faits divers (un homme poignardé, des fusillades) survenus dans la ville la semaine passée, fustigeant le bilan de la maire sortante. "Il faut des effectifs de police disponibles 24 h/24 et 7 jours/7, développer la formation et l'armement de la police municipale, et créer onze annexes," préconise Laurence Garnier.
"Plutôt que de faire des petites polémiques comme vous faites, je préfère travailler sérieusement, rétorque Johanna Rolland. Ce sont des guerres de territoires qui se jouent. C'est trop facile de balancer des choses comme ça. Oui, nous agissons. Les enquêtes sont difficiles, la police judiciaire est sur l’affaire." Plutôt qu'un renforcement important de la police, elle préfère miser sur davantage de médiateurs de quartier et de concierges d’immeubles pour la prévention de ces actes, alliés à plus de fermeté dans la répression.
Valérie Oppelt rappelle sa position politique en se plaçant entre les propositions de ses deux adversaires. "Laurence Garnier, vous avez joué sur les peurs avec le groupe Facebook "La sécurité Rose à Nantes". Vous, Mme Rolland, vous avez signé un accord avec Julie Laernoes qui montre que la sécurité va être effacée, je pense à la vidéo-protection." Valérie Oppelt souhaite plus de caméras, plus de policiers et notamment une équipe de nuit destinée à surveiller les lieux de sortie.
Le CHU sur l'île ou à Saint-Herblain ?
Les trois candidats ont aussi donné leur avis quant à l’emplacement du nouveau CHU sur l'île de Nantes et la suppression envisagée de 350 lits. "Ce projet est absurde, quel que soit le bout par lequel on le prend, lance Laurence Garnier. Le site est inondable et peu facile d’accès, il va générer 10 000 déplacements supplémentaires par jour dans le centre-ville, et surtout entraîner la perte de 350 lits. (...) Je suis favorable à un nouvel hôpital sur le campus nord, sur le site de l'hôpital Laënnec [à Saint-Herblain, NDLR], doublé d’un hôpital de proximité."
La candidate Les Républicains appuie ses arguments sur une consultation réalisée par ses équipes auprès des Nantais. Méthode aussitôt dénoncée par Valérie Oppelt comme un sondage "faux" aux "questions orientées". La députée de La République en marche défend, comme Johanna Rolland, le projet débuté sur l'île de Nantes, mais rappelle que "ce sujet de la santé ne se réduit pas à l'hôpital public. La santé du quotidien, la prévention, la place des médecins dans les maisons de santé de quartier."
Pour la maire sortante, le projet du CHU sur l'île de Nantes fait l'objet d'un consensus entre l'État, les collectivités locales et les représentants des médecins. "Je suis convaincue qu'on pourra revenir sur ce nombre de lits. (...) La santé évolue tellement vite que c’est difficile de prévoir dix ans à l’avance. Un des premiers critères du projet, c’est son adaptabilité."
La controverse de l'arbre aux hérons
L'arbre aux hérons, projet monumental évalué à 35 millions d'euros, crée la même opposition. Partisanes du projet, Johanna Rolland et Valérie Oppelt évoquent l'attrait touristique et le dynamisme économique que pourrait engendrer la gigantesque sculpture qui devait initialement prendre place dans la carrière Miséry en 2022.
Laurence Garnier souhaite le report du projet, pour des "questions de décence". "On entre dans la crise économique la plus importante depuis 150 ans. (...) J’entends les hôteliers qui disent en avoir besoin maintenant. Mais il faut rappeler que l’arbre aux hérons, dont la faisabilité technique n'est pas encore confirmée, ne sera construit que d’ici 5 ou 6 ans. D'ici là, le secteur de l'hôtellerie et de la restauration aura dix fois le temps de sombrer."
Et Valérie Oppelt de bondir : "c’est l’inverse : il faut savoir, en période de crise, oser investir. C'est l'investissement qui va créer l’emploi !" La marcheuse veut lancer "un plan Marshall" de 100 millions d'euros à destination des entreprises et des associations pour les aider à surmonter la crise qui point.
Les transports et le vélo
Bien implanté à Nantes, le vélo doit être encore plus utilisé. "Avec le vélo, on peut allier la lutte contre le réchauffement climatique et se battre pour le pouvoir d’achat des Nantais," mis à mal pendant la crise du Covid-19. Côté transports en commun, la maire socialiste s'engage pour la baisse de 20% du prix de chaque abonnement aux transports en commun, leur gratuité le week-end et la création de trois lignes de tramways. Elle ferait de la première mesure sa priorité si elle est réélue.
Afin d'éviter un flux de véhicules trop important dans Nantes, Valérie Oppelt souhaite plutôt "développer des lieux de télétravail pour que les personnes de l’agglomération puissent travailler près de chez eux." La député envisage de même de développer "des villages dans la ville", soutenir l'implantation des commerces de proximité pour que les habitants consomment à côté de chez eux.
Laurence Garnier veut revoir le réseau de transports en commun, qu'elle juge bien trop centré autour de la place du Commerce. Nous souhaitons passer d’un réseau en étoile à un réseau en toile d’araignée qui permet de mieux circuler sans forcément passer par le centre-ville. J’entends la gratuité de Mme Rolland, mais elle a continuellement augmenté les prix des transports !"
Le débat en intégralité
Les candidates invitées en plateau
- Johanna Rolland, maire (PS) sortante (2014-)
- Laurence Garnier (LR), conseillère municipale (2008-) et conseillère régionale (2015-)
- Valérie Oppelt (LREM), députée de Loire-Atlantique (2017-)
Les résultats du premier tour