Le clip montre beaucoup de choses, des armes, des rodéos, et des jeunes qui visiblement défient la police. On peut le voir comme une énième provocation contre les "bleus", les stups. Mais c'est aussi un mini doc sur la vie à Bellevue.
Le clip commence par un extrait d'un reportage TV datant du printemps dernier et évoquant une opération de police dans le quartier Bellevue à Nantes "Le seul quartier de la ville où la délinquance est en augmentation. Ici, le confinement n'a eu aucun effet" dit la voix off du journaliste.
Et puis on enchaîne avec une scène où l'on voit un jeune nettoyant un revolver de type 357 magnum et un autre avec, à la ceinture, une arme automatique qui pourrait être un modèle de Kalachnikov.
Un vrai travail de pros
La musique, quelques notes de synthé revenant de manière lancinante et une voix, celle du chanteur que l'on aperçoit de temps en temps dans le clip au milieu des jeunes du quartier.Le tout est, il faut le reconnaître, de bonne qualité. Le clip est signé "Les Frères Lumières", deux jeunes réalisateurs nantais. Mais, contacté, l'un d'eux nous a répondu ne pas connaître le contenu de ce clip. Etonnant.
Ce qui pose problème à la police, ce sont ces armes que l'on voit manipulées par le chanteur et d'autres jeunes. Mais aussi les paroles de la chanson :
"Il y a des keufs en armure armés jusqu'aux dents. Pas un flingue sur nous mais c'est eux qui ont peur... tous les jours, on emmerde les stups. A mort les bleus !"
On comprend aisément que la qualité artistique de ce clip ne suffise pas à faire passer ces paroles auprès des fonctionnaires de police.
Les récents évenements de Champigny-sur-Marne n'aideront pas non plus.
Dans ce clip, il est aussi question de trafic de drogue : "J'ai beaucoup de patients à soigner dans le quartier. A Bellevue, y'a beaucoup de docteurs" référence aux nombreux dealers.
Presque un reportage
"La rue nous a eus, on fait ça pour le flouze... Bellevue c'est dur, faut des couilles pour y vivre, les voisines ont peur." Au delà de la défiance vis à vis de la police, le clip peut aussi se lire et s'écouter comme un mini documentaire sur un certain quotidien de ce quartier à cheval sur Nantes et Saint-Herblain.Le deal, la violence, la difficulté d'échapper à la rue pour les jeunes, l'enfer pour certains habitants comme cette "vieille du 3ème qui renseigne les bleus" et dont on nous apprend à la fin qu'elle a déménagé.
Une enquête est en cours
Selon nos informations, la PJ de Nantes a commencé à enquêter sur ce clip qui a été mis en ligne le week-end dernier mais qui cumulait déjà ce jeudi plus de 7 800 vues. Le syndicat de policiers SGP a porté plainte et demandé que le clip soit retiré. De son côté, Arnaud Bernard, secrétaire régional Alliance Police, déclare être sur la même longueur d'onde que ses collègues de SGP. "On est un peu sur ce qui s'est passé à Grenoble (où un tel clip avait été réalisé cet été), c'est de l'incitation à la haine. Il va falloir aussi établir si ce sont des armes réelles ou factices type airsoft."