Un homme, incarcéré au centre de détention de Nantes, qui avait mis le feu à sa cellule est décédé des suites de ses blessures. Un drame qui jette un éclairage cru sur les conditions de détention depuis l'instauration du confinement.
A-t-il mis le feu à sa cellule en écho aux mutineries qui se sont déclenchées depuis le début du confinement dans une trentaine de prisons.
Etait-ce, comme à Uzerche en Corrèze, un geste de colère pour dénoncer le durcissement des conditions d'incarcération ?
Impossible à dire.
Seule certitude, d'après le procureur de Nantes Pierre Sennes, le décès de ce détenu "serait dû à l'incendie de sa cellule. Une enquête sur les causes de la mort et une autopsie vont être réalisées".
Pour Franck Boëzec, avocat pénaliste, ce fait divers n'a rien d'étonnant."Vous n'imaginez pas le stress que les détenus et leurs familles subissent" explique t-il, j'ai pas mal de clients actuellement en détention et ce qu'ils vivent est tout simplement infernal".
L'avocat met en cause le manque d'informations relatives au Coronavirus. "Ce qui circule ce sont surtout des rumeurs. Quand une ambulance évacue un détenu, personne ne sait si c'est à cause de la maladie ou pas...les spéculations vont bon train. Dans ces lieux de privation de liberté, on gère les choses à la petite semaine." ajoute Me Boëzec.
Selon l'avocat, la confusion est entretenue par le manque de communication.
Les détenus ont ainsi vu à la mi-mars, l'ensemble des peronnels soignants des établissements porter des masques...mais pas les surveillants.
Comment dès lors comprendre l'enjeu des règles de protection vis-à-vis d'autrui ?
"Les personnes qui purgent leurs peines, se sont vues imposer la suppression des parloirs, des promenades, des relations avec leurs familles, avec leurs avocats. Cela ne peut que contribuer à transformer les centres de détention en cocottes-minute prêtes à exploser!", poursuit Franck Boëzec.
À ce contexte déjà tendu, s'ajoute le fait que les surveillants ne sont pas testés.
Les chiffres nationaux restent approximatifs. On estime que 900 gardiens pourraient avoir contracté le Covid 19, 50 d'entre eux seraient sévèrement touchés.
Face à cette opacité, et ce qu'il juge être des manquements à la gestion de la crise sanitaire, le syndicat CGT Pénitentiaire a décidé de porter plainte contre Edouard Philipe, le premier ministre et et Nicole Belloubet, la ministre de la justice, devant la cour de justice de la république.On a vraiment l'impression que toutes ces personnes, détenus comme surveillants, sont oubliées, abandonnées par l'institution - Franck Boëzec, avocat
La plainte de la CGT Pénitentiaire