Le mouvement est national. Les professionnels de l'aide sociale à l'enfance (ASE) de Loire-Atlantique sont en grève jeudi. Ils réclament plus de moyens humains pour réduire les délais d'attente et créer des places en foyer d'accueil pour les enfants maltraités ou délaissés.
Epuisement, burn-out, turn-over des équipes, crise des vocations, nombreux sont les professionnels de l'aide sociale à l'enfance qui jettent l'éponge. D'autres y croient encore et trouvent la force de s'accrocher. Mais aujourd'hui, ils réclament des conditions de travail acceptables pour accueillir au mieux des enfants en souffrance, malmenés et cabossés par la vie.
Un appel national
Pour la première fois, les fédérations CGT, FO et CFDT des services publics appellent à une mobilisation nationale ce jeudi avec des rassemblements prévus devant les conseils départementaux, les préfectures ou les permanences d'élus locaux pour réclamer "de meilleures conditions de travail". A Nantes, ils se rassembleront devant l'hôtel du département à 10 heures.
Dénonçant "des différences de traitement et de rémunération d'un département à l'autre", les syndicats demandent "une unification du statut" et l'intégration de tous les assistants familiaux dans la fonction publique.
En Loire-Atlantique, les professionnels alertent les responsables et les élus depuis dèjà plusieurs années "sans réponse à hauteur des enjeux".
227 enfants placés en Loire-Atlantique en février 2021
"La situation des enfants et des familles est de plus en plus dégradée, et ce encore davantage depuis le début de l'épidémie de Covid-19. Pour les syndicats : "les professionnels évaluant les situations préoccupantes ne sont pas en mesure de traiter l'ensemble des dossiers dans des délais raisonnables".
Ils dénoncent aussi des décisions prises par les juges des enfants qui "font elles aussi l'objet de délais d'attente inacceptables ou ne sont pas appliquées du tout. Les mesures de placement se mettent en place dans un laps de temps allant de trois mois à plus d'un an, plus d'un enfant sur dix faisant l'objet d'une mesure de placement(227 enfants en février 2021) n'a pas de lieu d'accueil".
Les enfants doivent donc rester dans leur famille ou à la rue. Certains étant accueillis dans des lieux inadaptés, maintien à l'hôpital, placement en gîte ou seul à l'hôtel.
Les enfants de tout âge sont concernés, parmi eux des bébés qui, peuvent rester des mois en néonatologie sans aucune visite, avec des conséquences lourdes pour leur développement
Des conditions qui entrainent selon les professionnels "une maltraitance institutionnelle".
"Alors que notre mission première est de protéger ces enfants, victimes de carences multiples et de maltraitances familiales, la manque de moyens nous amène à leur faire vivre de la maltraitance institutionelle : ruptures de soins, déscolarisations, éclatement des liens entre des fratries, impossibilité de répondre à l'ensemble de leurs besoins. la protection de l'enfance doit être un enjeu majeur de notre société permettant à chaque enfant d'être aidé".
Des salaires inférieurs au Smic
Le salaire mensuel de base des assistants familiaux est actuellement de 1 171 euros brut par mois pour l'accueil d'un premier enfant, soit moins que le Smic, 1 854 euros pour deux enfants et 2 537 euros pour trois, certains départements étant plus généreux que d'autres. S'ajoutent à cela des frais d'entretien et des majorations en fonction des difficultés.
Selon les derniers chiffres officiels, 5 503 enfants de 0 à 21 ans étaient confiés à l'Aide sociale à l'enfance fin 2018. Une évolution de plus 22% depuis 2006.
De 50 000 il y a une dizaine d'années, le nombre d'assistants familiaux dépasse à peine les 40 000 aujourd'hui. 453 agents du département de Loire-Atlantique et 446 assistants familiaux travaillent pour l'ASE.
En 2020, 253 455 378 euros ont été consacrés à l'engagement pour les familles et la protection de l'enfance. Cela représente 17,7% du budget total du Département de Loire-Atlantique.