Nantes : Florence Bourrel, l'une des irradiés de Mururoa, sommée de reverser 54 000 euros à la CPAM

Entre 1982 et 1983, Florence Bourrel a travaillé comme agent civil du Commissariat à l'Energie Atomique (CEA) sur l'atoll de Mururoa en Polynésie. Des essais nucléaires y sont alors effectués mais, selon les autorités, les habitants ne craignent rien...

Florence Bourrel, vit aujourd’hui à Sainte-Luce-sur-Loire, près de Nantes. Elle est âgée de 58 ans.

Elle est toute jeune, 22 ans,  lorsqu’elle est envoyée en Polynésie par Centre de l’Energie Atomique de Villacoublay dans les Yvelines.

Elle y effectue deux missions de secrétariat en 1982 et 1983. A l’époque, la France est en pleine campagne d’essais nucléaires sous-marins, les essais atmosphériques étant stoppés.

Elle travaille dans les bureaux, mais son employeur met à disposition des salariés français tout un panel de loisirs. Planche à voile et ski nautique à gogo au cœur même du lagon.

Dans la mesure où on nous disait qu'on ne risquait rien, (...) j'y allais tous les jours, aussi bien midi que soir" - Florence Bourrel.

Dès son retour en France, sa santé se dégrade. Florence fait plusieurs fausses couches et subit une stérilité périodique.

En 2002, elle développe un cancer de la thyroïde. Une première expertise lui attribue un taux d’incapacité permanente partielle de 80%.

Reconnue en maladie professionnelle en 2003, le tribunal d’Angers lui octroie une première indemnité de 14 487 euros. Puis les versements sont trimestriels et mensuels, 306 euros par mois.

Une nouvelle expertise lui octroie un taux d’IPP de 15 à 20%. Il en faut 25 pour toucher une rente. Résultat, la CPAM lui réclame aujourd’hui plus de 54 362,22 euros "payable par chèque sous 15 jours"

Je me demande si les experts ne sont pas de connivence avec les tribunaux pour changer d'avis entre ce qu'ils disent et ce qu'ils écrivent - Florence Bourrel.

Prudente, Florence Bourrel n’a jamais touché à ses indemnités. Rembourser, elle le peut. Ce qu’elle vit avec une extrême violence c’est aujourd’hui le fait de n’être plus, ni elle, ni sa descendance, reconnue comme une victime.

Ne pas être reconnu, ça veut dire ne pas avoir le suivi médical spécifique aux victimes d'essais nucléaires - Florence Bourrel

Florence a deux filles, qu'elle estime avoir contaminées. Elle a aussi des petits-enfants, dont un petit garçon de cinq mois, qui vient d'être opéré pour soigner une maladie radio-induite.

A 58 ans, son cancer est en rémission, elle est toujours suivie par échographie par le CHU de Nantes. Florence Bourrel ne travaille plus. Elle est en invalidité pour une dizaine de maladies radio-induites dont une fibromyalgie.

Contactés par notre rédaction, ni le directeur de la CPAM de Nantes, ni ses services juridiques n'étaient "disponibles" pour nous répondre.
 
Ce que dit la loi du 5 janvier 2010 relative à la reconnaissance et à l'indemnisation des victimes des essais nucléaires français
Selon la loi promulguée le 5 janvier 2010, "toute personne souffrant d'une maladie radio-induite résultant d'une exposition à des rayonnements ionisants dus aux essais nucléaires français et inscrite sur une liste fixée par décret en Conseil d'Etat conformément aux travaux reconnus par la communauté scientifique internationale peut obtenir réparation intégrale de son préjudice dans les conditions prévues par la présente loi.
Si la personne est décédée, la demande de réparation peut être présentée par ses ayants droit".


Pour prétendre à une indemnisation, une personne souffrant d'une pathologie radio-induite doit, entre autres lieux, avoir résidé ou séjourné entre le 2 juillet 1966 et le 31 décembre 1998 dans les atolls de Mururoa et Fangataufa".

 
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