C'était d'abord l'histoire d'un homme sans domicile puis ce fut l'histoire de sa camionnette. Mais elle a été retirée. "Dommage" dit Nathalie qui s'était beaucoup investie pour aider les occupants du petit camion sur le parking de la piscine.
Tout avait commencé l'été 2020. Yves, sans domicile et au chômage, s'était installé avec sa camionnette bleue sur le parking de la piscine des Dervallières, un quartier du nord-ouest de Nantes, un lieu calme et arboré.
Un jour, il voit arriver Nathalie, une habitante du quartier qui lui propose son aide. Très rapidement, cette femme aussi engagée que dynamique et solidaire, réussit à ameuter tout un réseau de personnes qui vont venir en aide à Yves et Ouistiti, son chat.
"L'homme à la camionnette bleue"
"C'est bien de faire des choses pour d'autres pays dans le monde mais c'est bien aussi de s'occuper de ceux qui sont à côté" nous avait alors confié Nathalie que nous avions rencontrée avec Yves et d'autres, mobilisés aussi pour lui fournir ce dont il avait besoin.
Grâce à ce petit réseau qui avait fini par prendre de l'ampleur et à la médiatisation de l'histoire de "l'homme à la camionnette bleue", Yves avait été contacté par les services sociaux et un organisme HLM de la métropole.
A la fin octobre, Yves a pu emménager dans un T1, dans le quartier Bellevue.
La solidarité a continué de faire son œuvre. Une jeune femme a proposé son aide pour équiper l'appartement. Et via le site Geev.com, Yves a pu trouver de l'électroménager.
"La première chose qu'il a achetée en arrivant dans son appartement se souvient en souriant Nathalie, c'est du bain moussant pour prendre un bain. Il en avait très envie."
Yves vit toujours dans son T1 avec Ouistiti. Sa camionnette ? Et bien justement, elle a poursuivi l'aventure aux Dervallières. Car Yves était parti en laissant les clés. "Elle pourra servir à quelqu'un d'autre" avait-il dit à l'époque.
Et effectivement, elle a servi rapidement à un jeune qui, lui aussi, était en galère.
Une rallonge électrique jusqu'au fourgon
Nathalie et son réseau de solidarité se sont occupés de nettoyer le véhicule pour le réaménager à peu de frais. Un jour, on a même vu une longue rallonge électrique qui traversait le parking jusqu'au fourgon pour y faire des travaux. Le jeune homme, qui se faisait appeler Dyson, a pu à son tour y habiter.
Mais avec l'hiver et les nuits froides, Dyson a, de temps en temps, fait des infidélités à la camionnette bleue pour privilégier des abris plus confortables.
Sur le parking de la piscine des Dervallières, la camionnette bleue était souvent vide en journée. On a craint qu'elle ne fasse les frais de quelque pyromane. Mais non, dans le quartier, tout le monde savait que le Citroën C25 servait de refuge.
"Ça a tranquillisé Dyson pendant un temps, raconte Nathalie. Il savait où dormir et a pu s'occuper d'autre chose." Et notamment de démarches administratives, des papiers, Pôle Emploi...
"Quand les gens sont rassurés, ils sont prêts à intervenir"
Ce que craignait Nathalie est arrivé. Après le départ de Dyson qui avait trouvé une autre solution, la camionnette, sans occupant, a fini par être emportée il y a 15 jours par la police municipale. "Dommage, le principe était vraiment sympathique" se désole Nathalie. Mais elle se réjouit de ce bel élan de solidarité qui s'était fait jour autour de la camionnette bleue.
"La plus grande leçon de cette histoire, c'est ça, dit-elle, quand les gens sont rassurés, ils sont prêts à intervenir et à aider."