Si vous habitez dans le centre de Nantes, cette info va peut-être vous rassurer : à partir du 8 mars, les deux-roues à moteur auront interdiction d'accéder aux rues piétonnes du centre-ville. Un manque à gagner pour les livreurs, la promesse d’une tranquillité retrouvée pour les habitants.
Depuis quelques semaines, Corinne Rotach dénombre dans le centre-ville de Nantes, les allers et venues des scooters. Objectif : dénoncer les nuisances que constatent quotidiennement les riverains.
"Le niveau sonore est insupportable, franchement, même avec des double-vitrages, dénonce une riveraine, et dans une rue vide, ça résonne en plus. C'est franchement infernal".
En une demi-heure, Corinne Rotach, de l'association Ras Le Scoot Nantes aura compté 38 scooters, plus d'un par minute.
"Vous pensez être tranquille parce que vous habitez en zone piétonne et malgré tout vous êtes obligé de garder vos enfants à la main. La ville devient compliquée à vivre pour les enfants".
Avec la crise sanitaire, le nombre de livreurs a explosé. Aujourd'hui, ils sont environ 700, rien qu'à Nantes. 15 fois plus qu'il y a trois ans. Alors la ville a décidé de sévir. A partir du lundi 8 mars, les quartiers piétons seront interdits aux deux-roues à moteur.
"Il y a déjà des emplacements réservés autour des zones piétonnes pour leur permettre de se garer, d'aller chercher, auprès du restaurateur qui est un peu plus loin, leur marchandise et de retrouver leur scooter pour aller livrer leur client" explique Pascal Bolo, adjoint au maire de Nantes (PS), chargé de la tranquilité publique et la sécurité.
Une perte inacceptable pour les livreurs. Faire une partie du chemin à pied, c'est livrer moins de repas et risquer de se faire voler leur outil de travail.
"Le plus gros du travail pour les livreurs, c'est ici, dans le centre-ville. Déjà que ça ne paie pas bien, ça va être compliqué", dit un premier livreur.
"Pour avoir de l'argent, il faut travailler deux heures. Quand tu marches, deux heures, ça passe vite, donc tu n'as rien fait", explique un second.
Nantes est loin d'être un exemple isolé, à Saint-Ouen, en région parisienne, des cuisines ont été spécialement installées par les plateformes de livraison sur internet.
Face aux plaintes du voisinage, la mairie a imposé aux livreurs de garer leurs scooters à quelques dizaines de mètres et de continuer à pied. Pour les riverains, cette solution ne fait que déplacer les nuisances.
"Le problème, c'est que ces plateformes sont passées d'une économie où les livreurs étaient tous à vélào à, aujourd'hui, des livreurs qui sont tous en scooter pour des raisons de coût, tout simplement, explique Nicolas Jérome, membre d’un collectif de riverains, les commissions ont énormément baissé".
Depuis 2019, le prix au kilomètre payé au livreur a, en effet, chuté. A Nantes, ils manifestent depuis plusieurs mois pour obtenir une amélioration de leurs conditions de travail mais sans succès.
Ce que dit l'arrêté pris par la ville de Nantes
L'arrêté municipal pris par le municipalité nantaise entrera en vigueur ce lundi 8 mars.
Il interdira "la circulation des deux-roues motorisés à moteur thermique dans les zones piétonnes du centre-ville à partir de 11h30, chaque fin de matinée".
"Les deux-roues motorisés à moteur thermique pourront circuler uniquement de 7h30 à 11h30. Les VAE et électrique, de 6h du matin à 2h du matin (en fonction des horaires d'ouverture des bars et restaurants). Les stationnements sont déjà interdits dans les zones piétonnes", précise la ville de Nantes.