C'est un quartier populaire au sud de l'agglomération nantaise. On y vit bien, avec parfois le sentiment d'être invisible aux yeux des politiques. Dans les trois bureaux de vote du Clos Toreau, Jean-Luc Mélenchon est arrivé en tête au 1er tour de la présidentielle. Ici, La crise sanitaire a fait exploser les inégalités sociales mais aussi créé un formidable élan de solidarité. Qu'en reste-il aujourd'hui?
Elles ont toutes un gros caractère et un cœur énorme. Elles, ce sont les habitantes du quartier populaire du quartier du Clos Toreau au sud de l'agglomération nantaise. En plein confinement, elles nous avaient ouvert les portes de cette cité qui se livre peu. A l'époque elles confectionnaient des paniers de légumes et organisaient une jolie chaîne de solidarité pour venir en aide aux plus isolés.
Aujourd'hui, elles sont toujours sur le terrain. Elles ont tenu les bureaux de vote pendant les deux tours de la présidentielle et vu "l'espoir, l'envie de changement, l'effervescence...et puis la déception", dans cette partie du territoire où Jean-Luc Mélenchon est arrivé largement en tête. Pour elles, le combat continue. Ces femmes-là ne lâchent jamais.
"Vas y essaye de jeter ton sac. Voilà c'est super lourd. Résultat, les poubelles s'amoncellent, surtout dans cette rue là parce que c'est ici qu'ils ont installé les premières poubelles enterrées. Avant, avec le système des vides ordures, le ramassage était régulé avec les agents de proximité".
"Si on n'est pas capable de s'occuper des poubelles, on ne s'occupe pas des gens !"
Aujourd'hui il n'y a plus d'humain, "ça coûte trop cher en charges". A la place, des déchets qui s'entassent sous les fenêtres et salissent le cadre de vie de certains habitants. "Ce problème-là nous l'avons soulevé il y a deux ans déjà et personne ne bouge ! si c'était en centre-ville on changerait les poubelles !", s'agace Anne Gruand. Elle est née ici et depuis elle se bat sur tout. C'est plus fort qu'elle.
Les élus, les techniciens de Nantes métropole on les croise. Ils nous écoutent mais rien ne se passe. Si ces gens-là vivaient dans le quartier il se rendraient compte que ce n'est pas possible de vivre avec des poubelles sous les fenêtres tous les jours
Anne GruandHabitante du Clos Toreau
Sans parler des encombrants. "Ils sont en abord de quartier, juste à l'entrée. Du coup, Ils sont surtout utilisés par les gens de l'extérieur. On a des tailles de haies, des tontes de pelouses, et des auto-entrepreneurs qui viennent vider là leur gravats et leur matériel de chantier. Ça leur évite de payer des taxes en déchetterie". Le problème est presque réglé, l'enlèvement est en cours. Certains points de déstockage ont déjà disparu, en février.
"Les jeunes vivent comme dans un film"
Au hasard d'une allée, Anne nous présente Stéphane, 25 ans . Il accepte de s'asseoir sur un banc pour nous parler de sa vie ici, de son enfance, de son adolescence tumultueuse. Il a grandi au Clos Toreau. "De base c'était un quartier plutôt paisible mais la situation s'est dégradée au fil des ans.", raconte le jeune homme qui n'a pas toujours filé droit.
La mentalité des jeunes a beaucoup changé. Nous on n'était pas comme ça. Ils ne réfléchissent plus, ils vivent comme dans un film. Quand tu leur parles en face tu as un mur.
Stéphane, 25 ansAncien habitant du Clos Toreau
Père d'une petite fille, Stéphane a quitté le Clos Toreau, mais il y revient régulièrement pour voir d'anciens potes et sa famille restée là.
Avant quand il y avait une embrouille on réglait ça avec les mains, pas avec des armes !
Stéphane, 25 ansAncien habitant du Clos Toreau
"En fait, chez cette nouvelle génération sortir des flingues, c'est devenu une mode, presqu'un jeu. Ce n'est pas la peine de leur faire la morale. Ils ont trop regardé la télé", poursuit Stéphane.
" Le trafic, il part d'autres quartiers. Les gros ils ne sont pas là, ils font travailler les petits du Clos Toreau pour les faire charbonner et guetter. Et ça la police le sait très bien ! Le gros problème c'est l'argent. Avant on parlait avec les baqueux (les policiers de la Brigade anti criminalité, NDLR), aujourd'hui les forces de l'ordre contrôlent tout le monde même les darons. T'es du Clos, t'es coupable !"
Stéphane a été témoin d'une fusillade il y a quelques mois. Il était là "par hasard". "J'ai été auditionné parce que je suis connu dans le quartier. J'ai été déféré devant le juge. Je suis sous contrôle judiciaire alors que je n'y suis pour rien. Si j'ai évité la prison c'est parce que des témoins ont expliqué aux policiers que je n'avais absolument rien fait."
"Les tout petits microbes ont des armes"
Aujourd'hui Stéphane ne vient plus trop traîner dans ce quartier qu'il ne reconnait plus .
C'est plus comme avant, c'est plus violent. Une baston tu peux t'en relever une balle, ça peut blesser fort. Avant ok les gros trafiquants avaient des armes, maintenant les petits microbes ils en ont aussi
Stéphane, 25 ansAncien habitant du Clos Toreau
"Moi c'est clair, j'ai fait des conneries dans ma jeunesse, aujourd'hui j'ai un casier judiciaire. Mais un jour, je me suis dit que cette vie-là n'était pas faite pour moi. Aujourd'hui j'ai un boulot grâce à mon bac pro, une compagne et un enfant. Il faudrait faire plus de social. Parler aux tout petits. A 15 ans, c'est déjà trop tard pour eux".
Avant nous on allait en prison une seule fois et on avait compris. Eux, ils ne font qu'y retourner. Tout est lié à l'argent il est là le vrai problème, la thune ça les fascine ! Maintenant les peines sont un peu plus salées et c'est tant mieux
Stéphane, 25 ansAncien habitant du Clos Toreau
Stéphane, Marie Ange, âgée de 91 ans, installée dans son appartement depuis 46 ans, a du le croiser quelque fois dans une cage d'escalier. "Il y a eu des bons et des mauvais moments comme partout. Les jeunes squattaient beaucoup le hall d'entrée, le samedi soir surtout. Ils fumaient leur saleté dans les escaliers. Le dimanche c'était dans un état ! Moi, maniaque, je ne supportais pas, alors je prenais un seau d'eau chaude et je balayais, je nettoyais".
J'ai beaucoup gendarmé avec eux à l'époque ! Ils m'en voulaient d'ailleurs, ils me cherchaient un peu dans la rue
Marie-Ange Allaire, 91 ansHabitante du Clos Toreau
"Macron, c'est un banquier !"
Pas de quoi décourager la nonagénaire qui a un foutu caractère. "J'ai voté Mélenchon au 1er tour je voulais que ça change. Macron c'est un banquier ! Les politiques ils ne sont jamais sur le terrain ! Ils ne peuvent pas se rendre compte de ce que l'on peut endurer même s'il y a des endroits bien pire que chez nous."
Le vote Le Pen ? Hors de question jamais !
Marie-Ange, 91 ansHabitante du Clos Toreau
"J'ai perdu ma fille il y a deux mois, explique Marie-Ange, ma petite voisine Madina, soudanaise, m'a beaucoup accompagnée. J'ai traversé cet enfer avec elle à mes côtés. C'était sincère et chaud. Alors Le Pen vous imaginez ? Moi je vis depuis toujours avec des étrangers".
Ces voisins d'une autre culture, la vieille dame les a côtoyés aussi pendant le confinement : "le mari de Madina, réfugié, fabriquait des masques pour tout l'immeuble, il m'en a apporté".
On est bien ici j'ai tout à proximité, le supermarché, le busway, le laboratoire, la pharmacie. L'un dans l'autre, c'est pas mal. Bon il y a bien quelques pétarades certains jours avec des jeunes. A mon âge maintenant je prends et je laisse
Marie-Ange Allaire, 91 ansHabitante du Clos Toreau
Ces derniers temps, elle ne sort plus beaucoup. "Nos logements sont bien, très confortables. Aujourd'hui je regarde la vie depuis mes fenêtres. Je me plais bien malgré le fait de vivre seule". Son mari magasinier dans un magasin d'outillage est mort il y a 25 ans.
"Les gens qui parlent de notre quartier ne le connaissent pas !"
Des jeunes qui dérapent, qui sortent du cadre, qui sombrent, qui commencent leur vie derrière les barreaux, oui il y en a, mais il y a aussi ceux qui tracent leur route. Et ceux là sont rarement dans la lumière. Comme Moumina, 22 ans. D'origine somalienne, la jeune femme est en Master 2 marketing et commerce en Langues étrangères appliquées.
En attente de naturalisation, l'étudiante n'a pas voté. Elle le regrette. "Les gens qui parlent de notre quartier ne le connaissent pas. Ils n'y vivent pas. Ils ont une image biaisée par les faits divers. Moi j'y ai grandi. Quand je sors je me sens bien, quand je rentre même la nuit je n'ai pas peur. Je n'ai jamais éprouvé un sentiment d'insécurité. Les gens sont dans l'ignorance quand ils parlent de nous."
"Il faudrait travailler à l'insertion. On manque d'éducateurs. Les jeunes, lorsqu'ils sont représentés, le sont de façon caricaturale. On ne les définit pas comme des personnes normales", explique Moumina.
Un exemple tout bête, ma sœur a voulu donner un ticket resto à mon frère. Il a refusé en lui disant : avec ma tête personne ne voudra le prendre. Je n'ai pas le bon physique. C'est comme s'il était déjà préparé à la discrimination!
Moumina, 22 ansHabitante du Clos Toreau
La grande sœur de Moumina a 32 ans. Avec un bac plus 5 en poche, elle est assistante RH et souffre depuis toujours de l'image du quartier.
Moi ça fait 20 ans que je vis ici. je n'ai jamais eu aucun problème avec la police. J'ai fait des études comme tout le monde, la preuve que dans un quartier on peut avancer
Dogan, 32 ansHabitante du Clos Toreau
"Ceux qui s'orientent vers le deal ou l'argent facile c'est parce qu'il y aussi une souffrance, mais cette souffrance-là les politiques ne la voient pas, et surtout ils ne veulent pas la voir. C'est parce que les gens n'ont pas de boulot ni de perspectives."
On dit aux jeunes de travailler à l'école pour gagner le SMIC, il faut mieux les accompagner. Ils voient leurs potes gagner 1 500 euros en une journée de deal.
Dogan, 32 ansHabitante du Clos Toreau
"C'est aussi pour ça que j'ai voté pour Jean-Luc Mélenchon et que j'y crois encore un peu pour les législatives", confie Dogan.
"A mon âge on ne me la fait pas !"
Dans une des autres tours, Marie-Christine, à 72 ans l'ancienne syndicaliste, porte un regard sans appel sur la parenthèse électorale actuelle : "J'ai voté Macron au second tour, parce que le RN était très haut, trop haut dans les sondages". Ça a été dur mais dur !", souffle la retraitée.
Les programmes c'est beaucoup de blabla. Faut pas rêver. Je suis à gauche toute mais à mon âge j'en ai vu d'autres. On ne me la fait pas
Marie-Christine, 72 ansHabitante du Clos Toreau
"Il n'y a plus de parole commune"
"Moi ce que j'attends des politique à l'échelle du quartier c'est qu'ils luttent contre ce trafic qui nous pourrit la vie. On est envahi par la drogue. Il n'y a rien à y faire".
La légalisation du cannabis ? "Oui à condition que le deal ne se déporte pas sur la cocaïne et l'héroïne. Il faudrait surtout proposer des choses aux jeunes. Comment voulez-vous qu'on leur propose un avenir avec un salaire égal à ce qu'ils empochent avec la drogue? Il n'y a aucune solution pour arrêter ça.", se désole Marie-Christine.
Et puis merci Sarkozy d'avoir supprimé la police de proximité. Il ne voulait pas d'une police qui jouait au foot. Voilà le résultat ! Des jeunes en totale désespérance
Marie-Ange, 72 ansHabitante du Clos Toreau
"Il n'y plus de réunions où on est tous autour de la table, rebondit Anne. Il y a des professionnels de quartier qui se réunissent entre eux. Et on nous envoie les médiateurs pour écouter les problèmes. Mais tout se fait en individuel. Il n'y a plus de rencontres, de collectif. "
"Sur la question de l'avenir des jeunes il pourrait y avoir un engagement de tous. Mais il faut réfléchir ensemble. On ne peut pas subtiliser la parole des habitants et penser à leur place.
Ce n'est pas que les politiques ne font rien. Ils font plein de choses mais ils n'habitent pas ici. Les problèmes ils les traitent de loin
Anne GruandHabitante du Clos Toreau
"Avant, la mairie organisait des réunions avec les habitants, les éducateurs, les bailleurs sociaux, la police, tous les acteurs. Nous agissions ensemble en essayant d'avancer. Aujourd'hui ça n'existe plus, il n'y a plus de parole commune. Les institutions pensent qu'elles font. Mais elles font sans les habitants", déplore Anne.
Marie-Christine est remontée comme une horloge pour les législatives. Elle votera pour Julie Laernoes, candidate NUPES dans la 4e circonscription. Et ça tombe plutôt bien, la septuagénaire est une écolo convaincue. Son quartier ce n'est peut-être pas le paradis mais elle ne le quitterait pour rien au monde. "Le vivre ensemble il est là, c'est une réalité. Et puis j'adore mon appart. Si je déménage, j'aurais un petit logement. Ici en plus, on est bien desservi."
"Il a aussi de la solidarité ici. On l'a vu pendant le confinement. Tout le monde a mis la main à la pâte, pour fabriquer des masques, distribuer des légumes, faire les courses aux anciens, traduire des attestations en plusieurs langues", ajoute Marie-Christine.
"Ce n'est pas toujours évident de vivre là"
Marie-Christine et Anne ont tenu un bureau de vote ensemble lors du 1er tour de la présidentielle. Il y avait aussi Géraldine, mère célibataire qui élève 4 enfants. "Ce n'est pas toujours évident de vivre là surtout avec des filles de 17, 11 et 8 ans", avoue l'habitante.
L'ambiance est plutôt bonne, les gens sont bienveillants. Il y a une multitude de vies et de cultures différentes ici et ça c'est important dans l'éducation de mes filles
GéraldineHabitante du Clos Toreau
La mère de famille n'attend rien des politiques. "Ils ne sont pas dans la vraie vie. Ils n'ont aucune notion du réel. Il y a des efforts de faits à Nantes par rapport à certaines villes. La population est sollicitée, et il y a de la culture dans les quartiers".
Je ne crois plus du tout au système politique, à leur société en bout de course, et à leur démocratie. Moi je ne crois qu'aux actions citoyennes. Tout doit venir de la base. Quand je vais voter c'est juste pour limiter la casse.
GéraldineHabitante du Clos Toreau
Il faut bien l'avouer, dans le quartier ce sont surtout des femmes qui s'engagent. Émeline triait les légumes au pied des immeubles pendant le confinement. Elle était parmi les habitantes les plus actives, toujours la patate. "Aujourd'hui on sent la vie qui reprend. Ça va plutôt mieux que pendant le confinement. Nous sommes globalement contents de revoir les gens et de faire les choses normalement."
Émeline travaille pour l'association "Vacances et familles" qui œuvre pour offrir à ceux qui ont peu de moyens, des temps de pause, dans un quotidien souvent morose et étriqué.
Elle est mieux placée que tout le monde pour prendre la température du quartier. "On n'a jamais vu autant de monde. Les demandes affluent. Les gens ont vraiment envie d'ailleurs. On sent que la période covid a marqué, laissé des traces. Pour les plus précaires elle été très compliquée à encaisser."
Avec le contexte de la guerre en Ukraine, l'urgence écologique, le dernier rapport du GIEC et le résultat de la présidentielle, il n'y a pas vraiment de quoi être serein pour l'avenir
Émeline DiarraHabitante du Clos Toreau
Son quotidien, elle fait avec, ce qui l'inquiète c'est l'avenir : "la planète qui brûle, Le Pen au second tour avec un tel score. Les gens ne retiennent pas les leçons de l'histoire, le monde va quand même mal".
Au Clos Toreau nous avons besoin de gouvernants qui pensent à nous les petites gens, et avec Macron ce ne sera pas le cas!
Émeline DiarraHabitante du Clos Toreau
"J'espère que les gens se mobiliseront pour les législatives, c'est l'occasion de ne pas laisser les pleins pouvoirs au président de la République. Tout n'a pas encore été joué", estime Émeline.
"Un petit côté village dans une métropole gigantesque"
"Tu croises tes voisins tous les jours. Tu vois des gens vieillir, eux qui t'ont vu grandir, ils t'ont connue enfant. Je me sens ancrée là. Je suis profondément d'ici. C'est une part de mes racines".
J'aime ce quartier. Il y un côté petit village dans une métropole qui se développe et qui n'est plus à taille humaine
Anne GruandHabitant du Clos Toreau
"Qui dit habiter un quartier prioritaire de la ville dit se battre. Les décisions prises sont souvent soit non concertées, soit inappropriées. Donc il faut monter au créneau. Alors oui je me suis toujours battue avec les gens du quartier pour que l'on puisse vivre ensemble", explique Anne Gruand.
"Je suis contre les barrières pour le stationnement parce que ça empêche les gens de venir te voir, contre les grilles installées au bas des immeubles en 2010 qui renforcent le sentiment d'insécurité".
Les confinements ont ramené Anne à une triste réalité. "J'ai pris, à ce moment-là, la mesure des inégalités sociales en pleine poire. Ici on n'a pas de balcon, pas de jardin, sauf des jardins partagés et ça c'est chouette mais ils étaient fermés."
Le plus pénible pour elle ? Ce regard toujours stigmatisant.
Je ne dis pas où j'habite je donne juste le nom de l'arrêt de bus Bonne Garde, autrement c'est trop lourd. On te colle tout de suite l'étiquette, 'pauvre, chômage, trafic, délinquance'
Anne GruandHabitante du Clos Toreau
"Oui il y des difficultés sociales. Mais il y a aussi des problèmes dans les beaux quartiers. Ils sont plus étouffés. La force de ce quartier c'est le fait qu'il soit cosmopolite. Moi, j'ai 13 nationalités dans mon immeuble. Ce n'est pas toujours simple, notamment pour communiquer, mais quelle richesse".
Le problème c'est de faire ensemble parce que l'on vit dans une société individualiste avec des institutions qui individualisent
Anne GruandHabitante du Clos Toreau
Un modèle un instant brisé par la crise sanitaire mais qui a vite repris sa place.
On est tous dans le même navire, on vit tous dans la même réalité. Donc comment on construit du commun ? C'est ça moi qui m'anime
Anne GruandHabitante du Clos Toreau
"Casser les codes, ceux qui te renvoient l'idée que si tu es pauvre, c'est que tu le mérites. On bosse ici, les gens travaillent. Les salaires sont modestes parce qu'il y a beaucoup de temps partiels, explique Anne , et comme tout le monde, nous avons besoin de culture de belles choses et de nature. Je ne remets pas en question la bonne volonté des gens qui œuvrent sur le quartier. Mais ils sont hors sol."
Ces dames du Clos Toreau seront fidèles au poste pour les deux tours des législatives le 12 et 19 juin prochain, comme elles l'ont toujours été pendant la crise sanitaire.
"Tous les liens qui ont été créés pendant les confinements sont là, mais ce temps suspendu qu'on avait on ne l'a plus. La reprise du travail, des activités, de l'école, fait que moi j'ai moins de disponibilités pour m'engager. Je le fais dès que je peux. Le vivre ensemble ne va pas trop mal mais la parenthèse inédite est terminée, chacun a repris le cours de sa vie", conclut Émeline.