Nantes : pas d'accueil périscolaire pendant deux jours pour cause de mouvement social au sein des écoles

L’accueil périscolaire nantais est impacté par une grève des animateurs. Ils réclament des augmentations de salaires et aussi d’avantage de considération de la part de leur employeur, Léo Lagrange. Une grève pour sortir de l'invisibilité.

Une fois de plus cette année, Anne n’enverra pas ses deux enfants à l’école. Pas de cantine, pas de "péri". Comme dans une centaine d’écoles à Nantes.

Ce lundi et mardi, ses grands de CE1 resteront à la maison. Cette assistante maternelle, qui garde déjà chez elle quatre petits, n’a pas le choix.

"C’est dommage. Ce n’est pas satisfaisant mais comme il n’y a pas de cantine, ni d’accueil le soir et que je ne peux pas faire quatre allers-et retours dans la journée pour déposer mes enfants à l’école, et aller les chercher, je préfère les avoir à la maison".

Nicolas, lui, a de la "chance", son cadet est malade, contraint de rester à la maison, il accueille donc les enfants de ses voisins pour le repas du midi…4 marmots à faire manger.

"Ça complique la vie ! fulmine ce papa. Ma compagne travaille souvent en soirée, moi de mon côté, je finis tard, on est toujours prévenus au dernier moment, on a souvent recours à des nounous mais franchement c’est lourdingue…et il n’y a aucune communication pour nous expliquer les raisons de ces grèves ! En début d’année, on a même reçu des incitations à ne pas mettre les enfants au périscolaire à cause du covid mais nous, on ne peut pas ne pas y avoir recours !"

Ces parents d’élèves nantais ont pris l’habitude de se débrouiller. Depuis la rentrée de septembre, Anne estime "qu’en moyenne, il y a eu une journée de grève au périscolaire par semaine".

"À chaque fois qu’on nous annonce qu’il n’y aura pas de cantine, pas d’accueil du soir ou du matin, c’est le branle-bas de combat, en général on s’arrange entre voisins. Mais là ce n’était pas possible. Du coup je fais rater l’école aux enfants, ce n’est pas une solution".

Anne a envoyé un courriel à Léo Lagrange, la structure qui depuis trois ans gère le périscolaire nantais.  "J’ai râlé, parce qu’au bout d’un moment y’en a marre ! Mais ils m’ont répondu qu’ils n’y pouvaient rien, que le mot d’ordre de grève était national, qu’ils n’étaient pas responsables".

 

Mot d’ordre national mais malaise local

Cet appel à la grève a effectivement été lancé par le syndicat Sud Santé Sociaux "sur la base de revendications nationales qui dépassent le cadre de la mission Léo Lagrange. Les animateurs ne sont pas les seuls à se mobiliser, beaucoup d’agents du public et du privé sont en grève" nous confirme-t-on au siège de la délégation Ouest de la fédération Léo Lagrange.

Mais, même du côté du syndicat Sud, on se déclare surpris par l’ampleur du mouvement au sein des écoles nantaises. Pour Emmanuelle Lefèvre, syndiquée à Sud, elle-même animatrice "c’est le signe d’une grande lassitude et d’un fort mécontentement des équipes à Nantes, d’ailleurs on le remarque les animateurs des autres communes de la métropole ne sont pas aussi mobilisés, cela interroge sur les méthodes de « management » et la logique comptable de l’opérateur Léo Lagrange choisi par la mairie de Nantes".

Lassitude et mécontentement, car depuis des mois, les animateurs périscolaires demandent une revalorisation de leurs salaires.

La plupart ont des contrats de quelques heures, payés au SMIC, soit en moyenne 650 euros pour un "temps plein", avec des horaires découpés.

Si une prime "covid" a été attribuée aux personnels municipaux, eux n’y ont pas eu droit car ils sont, de fait, salariés de Léo Lagrange. En interne certains dénoncent le recours à l’intérim et aux cdds courts, le manque d’embauches pérennes.

Surtout, ce qui les désole,  "c’est le manque de reconnaissance de notre travail, de la nature même de notre mission".

"Avant que Léo Lagrange ne reprenne la gestion de l'accueil périscolaire je travaillais déjà en école , témoigne Jules* animateur périscolaire, je travaillais en lien avec les ATSEM et les enseignants. Aujourd’hui, nous ne sommes plus vraiment associés aux projets pédagogiques. Les remplacements se font au coup par coup, il y a des animateurs "volants" qu’on envoie d’une école à l’autre pour boucher les trous. On est très souvent au seuil minimal du taux d’encadrement".

Jules poursuit, "Léo Lagrange, qui est quand même une référence en matière d’Éducation Populaire, fonctionne à Nantes comme une entreprise. Moi ce que je souhaiterais c’est pouvoir monter des projets éducatifs, bosser correctement avec les enfants, pas seulement faire de la surveillance."

Ce mardi 16 mars, à 14h les animateurs en grève rejoindront les occupants du théâtre Graslin.

Pour les besoins de cet article nous avons contacté la mairie de Nantes qui n’a pas donné suite à notre demande d’interview et nous a renvoyé vers la délégation ouest de Léo Lagrange. Cette dernière n’a pas souhaité répondre à nos questions.

*prénom d’emprunt

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