Ce dimanche 8 mai, les rues de Nantes ont vu défiler près de 2 000 personnes dans une ambiance festive et familiale, pour dénoncer le manque d'ambition de la loi Climat, votée en première lecture à l'Assemblée nationale ce mardi.
“On est là parce qu’on a peur du monde de demain. On veut avoir une vie normale. Alors on tente de faire bouger les choses avant qu’il ne soit trop tard”, témoigne Alix, 22 ans, membre de l’antenne nantaise de Youth for Climate. En ce premier week-end déconfiné, elle a fait le choix de marcher pour défendre la lutte contre le dérèglement climatique, plutôt que d’aller à la plage.
"Une loi faible et vidée de sa substance"
Elle n’était pas la seule. Ils étaient entre 1750 selon la préfecture et 2000 selon les organisateurs à défiler dans les rues de Nantes, comme partout en France, ce dimanche 8 mai après-midi. Plus de 500 organisations avaient appelé la société civile à exprimer son désaveu quant à la loi “Climat et Résilience”, “faible et vidée de sa substance”, après le vote en première lecture à l’Assemblée nationale de ce mardi.
“ Seulement 13% des propositions de la convention citoyenne reprises dans la loi Climat”
A Nantes, la mobilisation a débuté au pied du château, près du miroir d’eau, où Vita Evanat, l’une des 150 participantes de la Convention citoyenne, a pris la parole, furieuse : “Nous avons travaillé d'arrache-pied pendant 9 mois et nous avait fait 149 propositions qui devaient changer notre façon de travailler, de produire, de se déplacer, de consommer. Le président de la République s’est engagé à transmettre nos propositions sans filtre à l’Assemblée nationale et au Sénat.”
Elle affirme que “seulement 13% d’entre elles ont été mises en oeuvre, les autres ayant été appauvries, déformées, dénaturées”, quand la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili avait assuré sur Europe1 en décembre dernier qu'"à peu près 40%" des propositions de la Convention figureraient dans le projet de loi.
Comme un air de fête pour la planète
Révoltés certes, mais c'est dans une ambiance festive que les manifestants ont défilé en fanfare. “C’est important que ce soit joyeux, en cette période particulière. On se rassemble pour former une énergie collective”, constate Anne-Cécile Anthony, engagée chez Europe Ecologie les Verts, venue de Saint-Nazaire pour une action “plus conviviale que les visios”.
Au milieu de ce rassemblement intergénérationnel se trouvait Valérie Pourreau, qui aimerait que ses enfants, âgés de 28 et 30 ans, aient un avenir positif et puissent “garder les saisons, la biodiversité, les animaux, l'Arctique et l'Antarctique”.
Et si quelques familles étaient présentes, comme celle de Ketty et Frantz qui ont parcouru plus de 50 kilomètres pour venir marcher avec leurs trois enfants, “pour leur montrer qu’ils peuvent agir en tant que citoyen”, ce sont surtout les jeunes qui sont venus en nombre.
Les jeunes se mobilisent pour sauver leur avenir
Un grand drapeau noir “Youth for Climate” surplombe la foule. Tristan Lepetit, 19 ans, le brandit fièrement, en colère contre un gouvernement qui n’agit “pas suffisamment” pour son avenir. Il se bat au sein du mouvement citoyen, “bien que ce ne soit pourtant pas aux jeunes de changer les choses”.
"Il faut des mesures plus radicales"
“Il faut agir maintenant, après ce sera trop tard pour notre génération, qui veut vivre dans de bonnes conditions”, considèrent Laurine, 20 ans et Camille, 18 ans, toutes les deux étudiantes en BTS “économie sociale et familiale” à Talensac. La loi Climat ne leur convient pas : “il faut des mesures plus radicales”, à l'image de leurs panneaux, qui portent les inscriptions "il n'y a pas de vaccin contre le réchauffement climatique" et "arrête de niquer ta mer".
"GIGNV" : Groupement d'intervention des grenouilles non violentes
La jeune activiste Lesia Zahnd, membre du “Groupement d’intervention des grenouilles non violentes” (GIGNV) du mouvement Alternatiba, portait en tête de cortège un portrait d’Emmanuel Macron à l’envers. Ce geste qui s’inscrit dans une campagne d’Alternatiba, symbolisait ce dimanche“le gouvernement qui ne tient pas ses engagements”.
Loi Climat ou "greenwashing" du gouvernement ?
Pour le porte-parole de la branche nantaise, Benjamin Heinrich, “cette loi est une trahison sur le plan climatique, social et démocratique. À l’origine, ambitieuse et porteuse d’espoir de la construction d’un avenir soutenable et solidaire, elle a été détricotée pour ne servir qu’au verdissement de la politique du gouvernement".